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Débat relancé sur la colonisation française

Publie le jeudi 8 décembre 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

L’annulation du voyage de Nicolas Sarkozy aux Antilles a relancé le débat sur la loi évoquant les aspects "positifs" de la colonisation française, qui suscite de vives critiques.

"Je constate que des polémiques qui tiennent pour l’essentiel à des malentendus liés à la loi du 4 février 2005, mais qui sont bien réels, suscitent une émotion particulière", déclare le ministre de l’Intérieur dans une interview au quotidien France-Antilles.

Les députés ont rejeté fin novembre une proposition socialiste visant à abroger cette loi sur les rapatriés, qui invite les enseignants à faire état du "rôle positif" de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord.

Le ministre de l’Intérieur met l’annulation de son voyage qui était prévu jeudi et vendredi en Martinique et en Guadeloupe sur le compte du "respect vis-à-vis de ceux qui attendent de vraies réponses aux vrais problèmes quotidiens".

Des actions de protestation étaient prévues aux Antilles contre sa venue, à l’appel notamment d’un collectif d’élus indépendantistes et de syndicats de gauche.

Les organisateurs entendaient dénoncer la loi du 4 février dernier mais aussi certains propos tenus par le ministre de l’Intérieur lors de la crise dans les banlieues.

Interrogé mercredi soir sur France 3, Nicolas Sarkozy a reconnu que "la polémique récente a créé une tension". Il a mise cette polémique sur le compte "d’un certain nombre d’élus de gauche qui se moquent bien de l’avenir de la Martinique".

Soulignant que cela fait 23 ans qu’un ministre de l’Intérieur n’est pas allé en Martinique, il a assuré qu’il s’y rendrait "dans quelques semaines" ainsi qu’en Guadeloupe mais qu’il voulait "y aller pour des raisons utiles".

"Il y a des malentendus, il y en a en Martinique, il faut prendre du temps pour les lever", a-t-il dit.

"AUX CONFINS DU RIDICULE"

Le ministre de l’Outre-Mer, François Baroin, a jugé que Nicolas Sarkozy avait fait preuve de sagesse en reportant ce voyage et qu’il fallait expliquer le contenu de la loi sur les rapatriés.

"Dès qu’on touche politiquement à quelque chose qui peut rappeler une part d’identité sur laquelle les uns et les autres, génération après génération, s’interrogent, on touche à quelque chose de très sensible", a-t-il déclaré sur France 2.

La loi "n’a pas de valeur normative", a-t-il précisé.

Le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, lui a fait écho, insistant sur le caractère "déclaratif" et non pas "normatif" de la loi.

"Il n’y a évidemment pas d’Histoire officielle et rien dans ce dispositif, tel qu’il existe dans la loi, ne saurait porter atteinte à la liberté des historiens d’une part et des professeurs d’autre part", a-t-il déclaré lors du compte rendu du conseil des ministres. "Il faut se tourner vers l’avenir."

Nicolas Sarkozy, sur France 3, a eu des mots plus forts. Il a estimé que "cette repentance permanente qui fait qu’il faudrait s’excuser de l’Histoire de France (...) parfois touche aux confins du ridicule".

Le ministre du Tourisme, Léon Bertrand, a dit comprendre la réaction des Antillais.

"C’est une affaire qui est très sensible", a déclaré l’élu de Guyane à la sortie du conseil des ministres.

"Je comprends que sur le terrain quelques associations, quelques partis politiques puissent effectivement réagir. Ceci dit, je ne comprends pas non plus que les hautes personnalités politiques ne puissent pas recevoir le ministre de l’Intérieur."

L’Histoire "ne doit pas être déguisée", a-t-il insisté, mais reconstruite "telle quelle est, de façon objective".

Le Parti socialiste a salué pour sa part la mobilisation des Antillais contre la venue de Nicolas Sarkozy.

"Le ministre de l’Intérieur, par cette décision, démontre les limites de son courage quand avec le groupe UMP il insulte les populations d’outre-mer à l’Assemblée et n’ose pas s’en expliquer face à elle", écrit le PS dans un communiqué.

L’opposition socialiste demande à nouveau au président de la République d’inscrire l’abrogation de la loi "sur les bienfaits de la colonisation" à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. (Reuters)

Messages

  • En effet il ya de quoi être terrorisé d’angoisse lorsqu’un oxymoron du genre de cette ignomie est présenté sous forme de texte législatif : "les bienfaits de la colonisation"...j’imagine que les victimes du massacre de Sétif en 1945 ont dû prendre toute la mesure des "bienfaits" qu’on leur administrait à coups de matraques...N’oublions pas" que les politiciens ne font pas grand chose et sont payés énormément pour cela", comme disait un grand Monsieur, mais ne riez pas trop vite vous autres petites gens car c’est souvent vous à qui ils doivent leurs émoluments. En d’autres termes, ils tendent à imposer ce qu’ils pensent, ce que leur classe pense, en faisant croire, à grand renfort de dossiers bien épais, qu’il s’agit là d’une besogne tout aussi laborieuse que huit heures de travail "scientifiquement organisé" devant une presse qui vous brise la santé pour quelques sous...Mettons donc à l’abri les institutions publiques ( tant qu’elles le sont encore...) et notamment l’école qui doit être vecteur d’égalité et d’ouverture d’esprit et non pas l’outils servant à la propagation des moribondes idées d’une minorité de pédants incapables d’humanité . A quand le créationnisme à l’école ?

    Vive les martiniquais !!!

    Psa

  • Petite précision : il s’agit bien "d’idées moribondes" car dans la lutte qui se poursuit, ces idées sont , par définition, sur le point de mourir ...il faut y croire, il faut partir gagnant !!!