Accueil > Déclaration politique de "Libérez-les !", le 5 septembre à Houdain (…)
Déclaration politique de "Libérez-les !", le 5 septembre à Houdain (62)
Publie le dimanche 6 septembre 2009 par Open-PublishingIntervention de Libérez-les ! lors de la conférence débat du 5 septembre sur la Gauche Prolétarienne dans la région Nord, avec Jean-Paul CRUSE et HOCINE, anciens dirigeants de la GP.
Le comité Libérez-les de soutien aux prisonniers et réfugiés politiques intervient ici à la demande des camarades des « Amis de Joseph Tournel », avec qui nous faisons des bouts de chemin, pour garder en mémoire ce qui s’est passé dans la région et éviter le révisionnisme et le négationnisme, armes idéologiques employées couramment par les forces réactionnaires.
Les MAOS ont dans les années 70, joué un rôle politique dans la région, comme ils ont joué un rôle dans les forteresses ouvrières : rôles politiques justes, injustes, ce n’est pas à nous de juger les camarades, on peut confronter nos idées tout en conservant celle, que notre ennemi commun, c’est la réaction sous toutes ses formes passant par la démocratie et le parlementarisme jusqu’au fascisme le plus barbare. Donc….
A partir des années 1978, c’est-à-dire au moment même où les effets du plan de restructuration de la sidérurgie du sinistre Baron Davignon, à la solde des maîtres de forges et du capitalisme européen, il va se produire quelque chose qui ne s’était pas produite en 1968. C’est-à-dire que du milieu à la fin des années 70, une collaboration ouverte entre les syndicats et le patronat s’est instaurée, je dis ouverte car en 68, des tractations secrètes ont eu lieu entre la CGT, le PC et le pouvoir, pour éviter une insurrection et une guerre civile.
Malgré les immenses luttes des travailleurs des usines sidérurgiques de l’Est et du Nord de 78 et 79, et malgré l’hostilité des syndicats de base, deux dirigeants syndicaux (Sainjon et Chérèque) ont fait un pacte avec le diable. Ils ont ainsi sacrifié plus de 300 000 travailleurs de cette branche, comme avaient été livrée en pâture des centaines de milliers de mineurs quelques années précédentes, des mineurs qui ont pourtant travaillé pendant des siècles dans des conditions inhumaines, d’où le tribunal populaire.
Il est indéniable que mai 1968 a été un moment fort avec des victoires syndicales, les travailleurs ont vécu pendant six mois une période d’euphorie et puis boum : ils sont retombés à la réalité, et cela a été assez dur.
C’est ainsi que se produisit une ligne de clivage qui sépara assez fortement les militants politiques qui estimaient que le mouvement de 1968 n’a pas réussi à gagner complètement parce qu’il n’était pas assez organisé pendant que d’autres pensaient au contraire qu’il était trop organisé.
Et en fait, quand je dis que c’est un clivage à l’intérieur c’était y compris un clivage à l’intérieur de l’Autonomie. Et ça va se traduire par le fait que le critère sur lequel les gens vont discuter, qui va leur servir d’approuver cette décision-là, c’est les questions militaires, les questions de violence, le passage de l’autonomie politique à la lutte armée.
Les autonomes inorganisés, ou partisans du spontanéisme dirons-nous, les « fous », sont comme le mouvement de 1968 : c’est-à-dire ils pensent que le mouvement a ses échéances, qu’il s’organise de lui-même et sans appareil de lutte, ce n’est donc pas la peine de le forcer, il peut être souple ou radical, violent ou pas violent…
Donc ce sont des militants qui sont à la fois beaucoup plus violents spontanément, et le sont beaucoup moins quant à l’organisation pratique et politique des masses… jusqu’à parfois les trahir en passant dans l’autre camp !
De l’autre côté, il y a toute une partie du mouvement qui plonge carrément dans la dépression, la déprime, dans le sentiment d’impuissance des masses, sentiment injuste mais qui peut être compréhensible dans des moments où les collaborations de classes apparaissent au grand jour. C’est-à-dire des militants qui ont cultivés justement ou injustement l’impuissance des masses au point de perdre complètement la confiance dans un mouvement de masse.
Mais il y a un trait d’union entre autonomie et lutte militaire prolétarienne, un trait qui fait déprimer du point de vue du mouvement, c’est cette terrible collaboration entre organisations de masse politiques et syndicales avec le pouvoir et le patronat, une forme d’union sacrée pour sauver la démocratie et le parlementarisme bourgeois. Ainsi, on peut comprendre qu’à un moment, des militants exaspérés prennent la voie de la lutte armée contre le capital et ses valets. Et c’est à des moments phare de l’histoire ouvrière que les formes de luttes violentes prennent naissance, car nombre de militants, les plus radicaux disons, considèrent que justement ou injustement, il faut répondre à la violence du capital par la violence prolétarienne, pour une dent toute la gueule, qui suppose la création d’un déclic pour les masses.
Voilà pourquoi il est intéressant, comme aujourd’hui, de se pencher sur ces mouvements, ces groupes, qui du milieu des années 60 au milieu des années 80, firent peur au capital occidental, un capital qui allait mettre des moyens et des forces énormes pour endiguer ce mouvement révolutionnaire qualifié de gauchiste par les droitiers, mais qui recueillait une certaine et recueille encore une certaine sympathie chez les travailleurs notamment dans cette période de dépression et de retour à Germinal.
Des années 60 où on sortait des guerres d’indépendance comme en Algérie avec des trahisons, quand d’autres naissaient comme au Vietnam, où des révolutions que certains croyaient déjà perdues ou éphémères, étaient victorieuses et s’installaient dans la durée, telle à Cuba, des années qui allaient générées une puissante vague progressiste de par le monde, et quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, malgré des erreurs, les maoïstes ont joué un rôle majeur, notamment avec la GP.
Des années 70, où des multitudes de luttes politiques sont apparues à la suite de 1968, mais aussi des mouvements pour la paix contre la violente guerre au Vietnam, contre la construction des centrales nucléaires, et toujours les mouvements de décolonisation comme en Palestine, Fatha, FPLP ou en Irlande avec l’IRA… mais aussi la naissance des BR, des GARI, de la RAF, mouvements de lutte armée contre la paupérisation des masses, contre le franquisme, et contre la militarisation notamment le renforcement de la présence de l’Otan et des armées étasuniennes en Europe.
Le mitraillage de la façade du CNPF, le 1er 1979 par Action Directe, quelques heures avant la grande manifestation fût caché toute la journée par les média, par crainte que ce coup sommes toute banal, attire les masses ouvrières en proie avec les effets du plan Davignon, à affronter violement les forces de l’ordre. D’ailleurs quand le 2 mai, on apprend cette action, des voix se levèrent pour faire fleurir l’idée, mais elles ont rapidement été étouffées par les états majors politiques et syndicaux…
De là on aurait pu s’imaginer qu’une pléthore de groupes armés allaient naître comme en Italie, mais la divergence idéologique entre autonomes et mouvements armées, c’est-à-dire entre ceux qui pensaient qu’il y a un besoin d’une violence extraordinairement forte dans le mouvement se sont heurtés à ceux de la mouvance autonome qui étaient incapables et qui sont toujours aujourd’hui en incapacité d’assumer cette possibilité parce que cela suppose des niveaux organisationnels hallucinants…
Aujourd’hui cette mouvance autonome ou plutôt pseudo autonome est incarnée par des collectifs, des milliers de collectifs existent mais aucun n’est en capacité d’organiser politiquement les masses, parce qu’il n’y a aucune unité idéologique, c’est-à-dire que rien ne les relie directement ou indirectement aux masses, et que chacun y prône pour sa chapelle..
Alors qu’ils ont la flèche, ils cherchent encore leur cible…
Il y a ceux qui pensent, justement ou injustement, qu’il faut un bras armé au parti.
Ce bras armé est nécessairement clandestin, mais cela ne veut pas dire que personne ne sait et qu’il n’y a pas de contrôle politique. Le seul souci, et il est de taille vous en conviendrez, c’est qu’il n’y a plus de parti de masse et de classe, outre les petits mouvements d’ici et là, oasis dans un désert politique, il n’y a rien de communiste pour s’affronter réellement et frontalement à la bourgeoisie et au capital, et par pour les aménager ou les moraliser, l’antagonisme de classe supprime mécaniquement cette possibilité, mais pour les éliminer.
Et puis il y a ceux qui vont dire qu’avant le parti, il faut d’abord un groupe, lié à un contrôle populaire ou directement liés à des collectifs, solution de facilité pour ne rien faire et éluder toutes notions d’organisations donc d’affrontement idéologique mais aussi de mise en pratique des décisions dans l’intérêt des masses.
Et la période actuelle est assez compliqué pour cela, car le niveau de répression monte progressivement partout, nous l’avons dernièrement avec l’affaire de Tarnac, quand les « militaires » ont gagné la partie, simplement parce que les organisations qui ne sont pas strictement clandestins et organisées comme telles sont les plus exposés à la répression.
Et c’est coup double pour le pouvoir, car il est évidemment que cela a des conséquences qui sont très ennuyeuses : ce sont les policiers qui sont apparus comme les plus efficaces.
Les actions militaires menées par Action Directe dans les années 80 ont semé le trouble dans les milieux bourgeois, le pouvoir a eu beaucoup de mal à mettre l’organisation par terre, elle était clandestine et organisée au sens strict des termes. AD a été démantelée mais face aux moyens mis en place, la défaite militaire est minime même si depuis 22 ans des camarades restent enfermés par vengeance de l’Etat et de la bourgeoisie qui n’ont jamais admis qu’ils ont subi des défaites politiques.
D’ailleurs cet été 2009, l’Etat espagnol et son pouvoir ont été battus militairement et mis en difficulté politiquement par les membres de l’organisation indépendantiste basque ETA ; 7 bombes dont 4 dans des lieux sensibles hyper protégés, et 3 morts dont le responsable de la lutte contre ETA, lui-même hyper protégé.
Certes ce mouvement indépendantiste clandestin subit des revers, des arrestations et des centaines de ses militants croupissent dans les géôles espagnoles et françaises, mais cette organisation indépendantiste clandestine demeure organisée militairement et politiquement, même avec 50 années de luttes et de répressions violentes.
Nous ne reviendrons pas sur l’histoire italienne, mais l’armée clandestine communiste italienne, étaient liée aux masses, même si elle a été provisoirement vaincue militairement par l’alliance de toutes les forces politiques, de renseignements et policières occidentales, qui n’avaient jamais mis autant de moyens depuis la guerre blanche contre les armées bolchéviques… certains parlent du PIB de l’Italie…ou sur l’histoire de la RAF
Mais idéologiquement, il reste des traces de ces années de plomb et les braises sont loin d’être éteintes, d’où l’extrême répression dans ces pays berceau du fascisme, comme il reste des traces des révolutions progressistes qu’elles soient bolchéviques, maoïstes, castristes...
Car de Gênes à Strasbourg, on a vu des militants politiques organisés militairement, s’opposer violement au capitalisme et au militarisme… l’Amérique centrale et du sud nous montre des exemples, Venezuela, Bolivie, Equateur, Nicaragua, Honduras… et le sud est asiatique est porteur d’espoir avec le Népal…
La France, est toujours en retard, mais la période actuelle est génératrice d’un mouvement de fond capable de tout, du pire comme du meilleur. Les politiques au pouvoir l’ont compris en votant des lois liberticides ou les autres de l’opposition, en critiquant les actions, les syndicats l’ont compris en hachant les luttes et les journées de luttes, les esprits sont bouillonnants et la colère des masses est si grande qu’elle est minimisée… volontairement… et les actions moins conventionnelles sont sévèrement réprimées
Ainsi et pour terminer, il nous faut toujours apprendre pour comprendre, et toujours être en lien avec les masses, un pas devant mais toujours un pas.
Nous avons chacun des expériences personnelles ou collectives à faire connaître, à faire comprendre, cette conférence débat est en soi l’exemple de ce qu’il faut faire pour forger les consciences et gommer les contradictions idéologiques, car chaque débat intelligent renforce l’intelligence à court ou à moyen terme.
Des camarades ont choisi la voie de la lutte militaire, nous n’avons pas à les juger mais nous avons à les défendre, car ces camarades ont donné leur vie pour que ce monde change dans le sens du meilleur pour l’homme, pour que la peur change de côté, pour que les travailleurs ne subissent plus les assauts incessants du capital, du colonialisme, du sionisme, du racisme.
A cet instant nous pensons à Jean-Marc Rouillan, à Georges Cipriani, 22,5 ans, à Georges Abdallah qui avec 25 ans dedans est aujourd’hui le plus ancien détenu politique en France, à Yvan Colonna, à Mumia Abu Jamal dans son couloir de la mort, à Gonzalo dans sa cage, à Ocalan sur un caillou en pleine mer, à Gloria et aux 300 prisonniers politiques en Italie, à Léonard Peltier enfermé depuis 33 ans, il est aujourd’hui le plus ancien prisonnier politique du monde, à Amhad Saadat qui a survécu dans une cellule de 2,40 par 1,20 pendant 3 ans et aux 11OOO palestiniens enfermés dans les pires conditions, à Idoïa qui a pris 800 ans de prison et aux 74O prisonniers basques dont 170 en France, aux 18 irlandais encore enfermés, aux 5 cubains enfermés aux USA depuis 11 ans…. Et la liste est longue malheureusement…
tous ont un point commun, ils sont progressistes !
Sans oublier les victimes, Bobby, Nathalie, Salvador, Ulriché, Andréas, Mara, Pierre… entres des milliers d’autres !
Voilà pourquoi Libérez-les a été créé non pas en collectif mais en comité structuré avec des règles idéologiques et pratiques,a- sans dogmatisme mais avec des bases et des valeurs, parce que nos camarades avec un grand C, qui de par le monde, subissent la vengeance de la haine de classe, la torture et la mort blanche, le colonialisme, le sionisme, le fascisme… toutes ses méandres créations diaboliques du capital…des camarades qui méritent une solidarité perpétuelle, qui méritent que leurs voix ne soient jamais éteintes et que leur dignité de combattants-tes révolutionnaires soit respectée… des camarades qui méritent qu’on se batte pour eux pour leur libération…