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Des Amériques à Genève : Obama entre le chaud et le froid
Publie le lundi 20 avril 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Des Amériques à Genève : Obama entre le chaud et le froid
Malgré son pouvoir de séduction et le crédit que lui font les chefs d’Etat, même les plus hostiles à la politique étasunienne, Obama aura été confronté à une réalité qu’il aurait voulu différente lors du sommet des Amériques qui s’est déroulé ce week-end à Trinité-et-Tobago, aux Antilles.
Pas d’accord signé avec les chefs d’Etats d’Amérique latine dont la très grande majorité, désormais, n’accepte pas le blocus contre Cuba imposé par les Etats-Unis depuis 1962 !
Obama avait cru s’en sortir en annonçant un geste d’assouplissement sur les voyages et les transferts de devises, assorti de conditions sur les droits de l’homme…
Incorrigibles américains continuant de dicter leurs conditions à un peuple souverain –et qui entend le rester- et lui donner des leçons de droits de l’homme alors qu’il s’est octroyé sur son territoire, une base militaire, Guantanamo, qui était devenue, sous le prétexte de la lutte anti-terroriste, un centre de tortures et de rétention, au mépris du droit international. Et qu’à partir de cette base, les Etats-Unis se sont livrés à de perpétuelles provocations et immixtions dans la vie de Cuba ! Comme dans toute l’Amérique du Sud durant des décennies.
Obama a promis de faire cesser les pratiques militaires qui ont scandalisé le monde entier mais n’a pas encore parlé de quitter l’Île : d’où vient une telle arrogance ? D’autant plus insoutenable que Cuba ne menace d’aucune façon la sécurité des Etats-Unis.
Le « crime » de Cuba, aux yeux des maîtres du monde (Obama insiste beaucoup sur la puissance américaine, son rôle de leader mondial qu’il entend conforter), c’est d’avoir servi d’exemple à toute l’Amérique latine qui s’est affranchie largement de la tutelle politique directe des USA qui avaient la haute main sur l’économie –et les gouvernements- de l’ensemble du continent américain.
Aujourd’hui, ceux des Etats d’Amérique du Sud et Centrale, devenus indépendants, entendent parler d’égal à égal avec les Etats-Unis qui n’ont guère d’autre choix que de garder le contact et de protéger leurs intérêts économiques qui battent un peu de l’aile en ce moment. Ce qui a des répercussions sur toute l’économie mondiale et des conséquences sociales encore plus dramatiques pour les pays les plus fragiles.
« Je désire lui rappeler un principe éthique de base, en ce qui concerne Cuba », avait écrit Fidel Castro, à la veille du sommet, « toute injustice, tout crime, peu importe l’époque, n’a aucune excuse ; le blocus cruel contre Cuba a pour prix des vies et des souffrances. »
Il demeure que ce sommet a marqué un changement d’attitude, d’écoute réciproque, de style dans les relations très détériorées des années précédentes. Il se murmurait que le prochain pourrait avoir lieu à Cuba !
Obama était aussi attendu à Genève, pas en personne, il venait à peine de quitter l’Europe (Londres, Strasbourg, Prague…Ankara) et les Caraïbes, mais représenté à la conférence Durban II, ce qu’avait laissé entendre le Département d’Etat à quelques jours de ce sommet consacré au suivi de la précédente conférence sur le racisme, les discriminations, la xénophobie et pour la tolérance, qui s’ouvre aujourd’hui.
L’examen du texte final avait fait l’objet d’un consensus du comité préparatoire et les Etats-Unis avaient fait savoir que la dernière mouture du texte « pouvait leur permettre de réengager le processus de leur participation ». Robert Badinter l’avait même confirmé dans une interview à la « tribune des Droits humains », ainsi que la participation de Rama Yade pour la France.
Mais une très forte pression internationale pour le boycott des pays occidentaux afin de ne pas isoler Israël –qui n’avait pas l’intention de s’y rendre- et récuser des participants jugés peu crédibles en matière de racisme et de discriminations, aura fait faire marche arrière aux Etats-Unis.
Avant son départ des Caraïbes, Obama a justifié le boycott tout en s’engageant…à collaborer avec les Nations unies dans la lutte contre le racisme. Un peu alambiqué tout de même. D’autant qu’il reprend les mauvais prétextes donnés par le Département d’Etat « sur les passages du projet de déclaration finale relatifs aux discriminations religieuses, à Israël et au Proche Orient qu’ils ne peuvent accepter. » Ce sont justement ces passages qui ont été supprimés si l’on en croit Robert Badinter et la Haut Commissaire, madame Pillay. Ce qui avait semblé convaincre dans un premier temps, les émissaires américains présents à Genève !
Leur dilemme : participer alors qu’Israël refuse, serait interprété comme une prise de distance, un geste politique symbolique qu’ils n’ont pas voulu faire. Surtout à un moment où une commission d’enquête, désignée par la commission des Droits de l’Homme de l’ONU, vient d’être ouverte sur les crimes de guerre et les violations du droit humanitaire commis par Israël à Gaza.
Si Obama a bien voulu admettre « que des pays avaient déployé de gros efforts pour prendre en compte certaines de nos inquiétudes », cela n’avait pas été suffisant. Il se garde bien de citer les extraits de la déclaration finale qui avait justement aplani les questions les plus controversées, ne comportant plus de stigmatisation d’Israël et d’allusion à la « diffamation religieuse », une version très « soft « selon Badinter.
Il a fait savoir à Baï ki-moon, le secrétaire général de l’ONU que « son gouvernement aiderait à appliquer toute avancée concrète qui ressortirait de la réunion de Genève pour réduire la discrimination dans le monde et qu’il cherchait à nouveau à siéger à la Commission des Droits de l’Homme des Nations unies ».
Ils veulent un siège mais en attendant, ils choisissent de ne pas siéger ! C’est une position inconfortable. Elle satisfera les inconditionnels de la politique d’Israël, les droits-de- l’hommistes sélectifs et les islamophobes prêts à aller jusqu’au boycott de l’ONU et de ses institutions au nom du choc des civilisations.
Justement le piège dans lequel la conférence veut éviter de tomber.
René Fredon
Messages
1. Des Amériques à Genève : Obama entre le chaud et le froid, 20 avril 2009, 16:28, par jaky
parler egal a egal ? il faut pas rever en couleurs..u s a vais etre jamais capable de fair ca , meme avec la vieille europe