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Des millions d’enfants vont se faire prendre leurs empreintes digitales

Publie le lundi 31 juillet 2006 par Open-Publishing
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Jamie Doward, rédacteur pour les affaires intérieures

Dimanche 30 juillet 2006
The Observer : http://observer.guardian.co.uk/uk_n...

Les enfants britanniques, probablement à partir de six ans, seront soumis à la prise obligatoire d’empreintes digitales, selon des règles de l’Union européennes qui ont été élaborées en secret. Les empreintes seront stockées sur une base de données qui pourrait être partagée avec les pays tout autour du monde.

La perspective a alarmé les groupes de libertés civiles qui craignent qu’elle représente un « changement important » dans le rapport que l’état entretient avec les enfants et qui peut mener les jeunes à être accusés, à tort, de crimes. En vertu de lois ayant été élaborées derrière des portes fermées par le comité de la Commission européenne dit de « l’Article Six », qui se compose de représentants des 25 Etats Membres de l’union européenne, tous les enfants devront se rendre à un centre de prise d’empreintes digitales afin d’obtenir un passeport de l’UE d’ici le mois de juin 2009 au plus tard.

L’utilisation des empreintes digitales et d’autres données biométriques est conçue afin d’empêcher la contrefaçon des passeports et pour permettre aux Etats Membres européens de répondre aux exigences des visas d’entrée des USA, mais la décision de prendre les empreintes digitales des enfants a dérangé les groupes des droits de l’homme.

Le groupe de libertés civiles Statewatch a accusé la nuit passée les gouvernements de l’Union européenne de prendre des décisions dans lesquelles les « gens et les parlements n’ont rien à dire ». Il a indiqué que les décisions du comité étaient simplement basées sur « des possibilités technologiques - pas sur les questions morales et politiques de savoir si c’est bien ou souhaitable. »

« C’est un changement important, » a dit Ben Hayes, porte-parole de Statewatch. « Nous allons depuis la prise d’empreinte digitale pour les criminels vers l’empreinte digitale universelle sans aucun débat véritable. À long terme, les empreintes digitales de chacun seront stockées sur une base de données centrale. Vous devez demander quels en seront les coûts pour la vie privée de l’individu. »

Selon des documents secrets obtenus par Statewatch, le comité rendra obligatoire pour tous les enfants à partir de 12 ans le fait de se faire prendre ses empreintes digitales. Cependant, plusieurs des Etats Membres du comité font pression pour réduire la limite d’âge obligatoire. La Suède dit au comité qu’elle « pourrait accepter un âge minimum de six ans pour les passeports ».

Le Royaume-Uni, en attendant, fait remarquer qu’il a rassemblé les empreintes digitales de demandeurs d’asile de cinq ans sans rencontrer « de problèmes significatifs ». Depuis février, le ministère de l’Intérieur a pris les empreintes digitales de jeunes enfants de cinq ans dans les centres de réfugiés de Croydon et de Liverpool. Il a pris la décision suite au fait que plusieurs familles déclaraient le même enfant dans le but d’en tirer plus d’avantages.

Les groupes de soutien aux réfugiés, qui comprennent le Joint Council for the Welfare of Immigrants (Conseil pour le bien-être des immigrés ou JCWI), ont décrit cette action comme « intrusive ». Le JCWI a également exprimé des inquiétudes par rapport au fait que les empreintes digitales gardées sur le dossier pourraient être retenues contre des enfants s’ils tentaient de retourner au Royaume-Uni plus tard au cours de leur vie.

Prendre les empreintes digitales de jeunes enfants est considéré comme une chose difficile, parce que leurs doigts doivent encore se développer entièrement. La Commission européenne fait remarquer : « Des tests scientifiques ont confirmé que les marques sur les doigts ne sont pas suffisamment développées que pour permettre la capture et l’analyse biométriques, et ce jusqu’à l’âge de six ans. »

Un porte-parole de la commission a dit qu’au commencement, seuls les Etats Membres auraient accès aux données des empreintes digitales de leurs citoyens. Cependant, après les bombardements de Madrid, la commission a signalé son intention de stocker toutes les empreintes digitales sur une base de données à laquelle chaque état de l’Union européenne pourrait avoir accès. « Le fait de savoir si l’on permettra à des pays tiers d’y avoir accès doit être décidé ultérieurement par la Commission européenne, » a dit le porte-parole. « Néanmoins, la pleine interopérabilité est assurée, si l’UE décidait d’ouvrir l’accès à des pays tiers. »

Un tel mouvement ouvre la possibilité que les empreintes digitales des enfants britanniques puissent être un jour consultées par des services secrets étrangers. « Les passeports sécurisés semblent beaucoup plus raisonnables que les cartes d’identité, » a dit Shami Chakrabarti, directeur du groupe de droits de l’homme « Liberty ». « Mais seulement tant que l’information qui est gardée n’est pas plus que nécessaire et n’est pas partagée avec d’autres pays. »

Note : Les documents secrets obtenus par StateWatch

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