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Des primaires à gauche en France ? L’exemple italien.

Publie le mercredi 26 août 2009 par Open-Publishing
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Les primaires italiennes, ou comment préparer le retour de Silvio Berlusconi
Ni l’ouverture au centre droit ni les primaires n’ont empêché la déroute du centre gauche et de la gauche en avril 2008.

L a victoire de Romano Prodi aux législatives de 2006, un cocktail miracle ? En 2005, celui qui deviendra président du Conseil l’année suivante est investi au cours de primaires, auxquelles ont participé des figures de différents partis, départagées par plus de quatre millions d’électeurs. Ce processus lui a permis de fonder une coalition gouvernementale allant du Parti de la refondation communiste (PRC) au centre droit de Clemente Mastella. « D’Olivier Besancenot à Bayrou », traduisait-on en France. Cette construction politique a assuré une victoire fondée sur l’antiberlusconisme dans un système électoral qui favorise les coalitions attrape-tout. Deux ans plus tard, Romano Prodi démissionnait.

Car ni primaires, ni large coalition, ni même programme commun ne règlent la question du projet de société. Si les communistes en 2005 s’étaient pliés à l’exercice des primaires, c’est qu’ils avaient obtenu des forces de centre gauche un programme exigeant de quelques centaines de pages, qui n’a jamais été respecté. Romano Prodi avait choisi une stratégie en deux temps : d’abord assainir les comptes publics (c’est une priorité du Modem en France) ; ensuite redistribuer. Et c’est précisément en 2008, quand la fiscalité sur les travailleurs devait baisser grâce à la lutte contre la fraude fiscale que les plus centristes, ceux de Clemente Mastella, ont choisi de quitter le navire. Avec son option néolibérale, le gouvernement Prodi s’est montré incapable d’ouvrir une saison de conquête de nouveaux droits et de redistribution sociale. Il a ainsi offert un boulevard à Berlusconi.

Les deuxièmes primaires, en octobre 2007, ne concernaient que le Parti démocrate (PD) et visaient à favoriser le bipartisme. Walter Veltroni a reçu 3,5 millions de suffrages dans des primaires chargées de désigner le leader du PD : une légitimité dont il a usé pour asseoir une dérive centriste du PD en excluant de la coalition les communistes et les écologistes. Ni les primaires ni le cavalier seul de Walter Veltroni ne l’ont empêché de sombrer, en n’obtenant en avril 2008 que 37 %. Au jeu de la personnalisation, Silvio Berlusconi a gagné. En 2009, Walter Veltroni, dont le leadership n’a jamais cessé d’être contesté malgré des primaires réussies, démissionne suite à des élections locales ratées. Des « primaires démocrates » sont organisées pour lui désigner un successeur en octobre. Et l’un des prétendants les plus sérieux, Pierluigi Bersani, insiste sur la souveraineté des adhérents…

Gaël De Santis

Messages

  • On est dans un régime présidentiel, en effet. Mais au lieu de faire constamment des supputations sur les méthodes, les moyens pour renverser l’autocrate en place ne serait-il pas aussi intéressant d’envisager, de concevoir un autre système que celui là, c’est là probablement qu’est la vraie vérité et l’avenir. Car il est évident que pour le bien des peuples les autocraties républicaines telles qu’on les connait ne sont pas la solution...

  • Pas trop mal, toutefois l’explication sur la politique gouvernementale menée est un peu courte.

    Ce fut une politique de droite dirigée par un chaud partisan de l’ultra-libéralisme et du TCE. Elle ne se réduisit pas à la question qui la fit exploser, ils étaient, si je puis dire, déjà dans la bouse jusqu’au cou...

    La question des primaires a été l’outil et le bélier pour circonvenir l’extreme gauche, l’amener à appuyer une politique contraire aux interets des travailleurs.

    La question au fond fut d’une politique de droite menée par cette coalition de centre gauche faisant penser aux travailleurs que cette gauche là ne valait pas mieux que la droite.

    La gestion de droite a durement frappé la gauche qui y était mouillée.

    L’inexistence de forces du mouvement ouvrier au sens large, en dehors de cette coalition a tué une partie de l’espérance de gauche et la capacité à résister globalement.

    Il y eut quelques succès ces derniers temps dont celle des travailleurs de l’INNSE , cf "a vincere si prende gusto" , des luttes à Turin, mais un peu comme chez nous des difficultés d’organisation de la résistance, à sa centralisation et de mettre des moyens à hauteur pour faire plier le patronat et l’état (bourgeois).

    A noter que la lutte de l’INNSE a permis quand même une chose surréaliste, les excuses d’un des syndicats de policiers (de droite) pour le rôle que l’état a dévolu à la police en lui faisant attaquer les travailleurs en lutte (à méditer ici).

    La question de l’indépendance des partis se réclamant du mouvement ouvrier est donc centrale , son absence d’indépendance et son intégration aux combinaisons politiciennes est mortel (surtout quand le contre-poids dominant du mouvement de masse n’existe pas).

    Mais la question connexe est bien également les difficultés d’organisation et de centralisation de la résistance sur le terrain qui seule permet à une politique d’avoir du "coffre" en profondeur.

    L’inorganisation de couches croissantes de travailleurs est un péril et un cancer qui ronge les capacités de créer un camp en profondeur.

    Des difficultés comme en France, finalement.