Accueil > Difficile de comprendre la Chine

Difficile de comprendre la Chine

Publie le samedi 5 août 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

http://crisedanslesmedias.hautetfort.com

Ce matin, j’ai vu une belle expo au Musée Guimet : Les Très Riches Heures de la Cour de Chine (1662 - 1796).

Etaient présenté un ensemble de rouleaux peints. Des rouleaux de 10 mètres de longs, posés à l’horizontale, qu’on « lit » de droite à gauche. Ils mettent en scène les souverains de cette époque dans leurs voyages, leurs batailles et leurs scène de chasse.

J’ai été très intéressé par le peintre Giuseppe Castiglione, un jésuite rebaptisé Lang Shining. Lui, formé à la perspective italienne, a adopté les techniques de la peinture chinoise. Tout en conservant une touche européenne...

C’est ce qui se passe, semble-t-il, quand l’Ouest et l’Est se rencontrent. Echange fructueux ou dialogue de sourd ? Depuis Marco Polo, le problème se pose sans cesse : comment l’Est et l’Ouest peuvent-ils se comprendre, sinon se rejoindre ?

Messages

  • Le problème, c’est que face à la Chine, les occidentaux projètent leurs propres modèles de pensée. Donc la rencontre n’a jamais vraiment lieu...

  • Il serait temps en effet à propos de la Chine de ne pas dire n’importe quoi, selon la bonne habitude médiatique. J’interviens rarement sur le sujet, parce qu’à l’inverse d’Alexandre Adler je ne suis pas spécialiste de tout, mais pour notre livre les Etats-Unis DE MAL EMPIRE, où nous tentons d’étudier la montée des résistances en Amérique latine, il était obligatoire d’esquisser le rôle joué par la montée en puissance de la Chine, le rôle qu’elle jouait dans la mise en place de nouvelles relations commerciales Sud-Sud, le desserrement de l’étau de la dépendance. J’ai donc été amenée à travailler la question de la Chine. J’ai découvert là encore la superficialité et l’ignorance des médias... Ce que je découvrais à partir d’un travail pourtant de surface allait a contrario de ce que ceux-ci racontaient, une situation d’une très grande complexité. Toutes mes certitudes s’effondraient et encore, aujourd’hui où pour un nouveau livre, je poursuis les recherches en particulier sur le "groupe de Shangaï", sur les alliances qui se nouent entre la Chine et la Russie, le retournement des Républiques d’Asie Centrale, un temps tentées par l’alliance avec les USA, du monde musulman lui-même, de l’Inde, du Pakistan, la relation avec l’Iran et même l’Afghanistan, tout cela nous est totalement inconnu.

    Comme nous sont inconnues ces civilisations millénaires, leurs oeuvres, leur manière de comprendre le monde... Il faut tant de temps pour ne serait-ce que comprendre les différences entre deux langues, les biais que cela introduit dans la discussion, et pourtant cette rencontre est un tel enrichissement... C’est passionnant, une part d’humanité que l’on découvre et qui démultiplie votre propre perception. Je ne cesse de répéter ce que m’a appris Cuba où est pratiqué le syncrétisme, l’adoption de ce qui est bon chez l’autre, le creuset dans lequel se construit une humanité, qu’il faut changer de perspective, apprendre à gérer la planète ensemble, ouvrir le dialogue, refuser les stéréotypes, la haine, l’humanité est en devenir...
    Cela paraît une utopie, mais c’est la seule raison.Connaître avant de juger, tout en s’opposant à l’injustice, la guerre, la misère, là ne pas chercher la conciliation, parce que comme le dit le Prométhée d’Eschyle : "sagesse avant le temps est folie"...

    danielle bleitrach

    • Daniele Bleitrach,

      "C’est passionnant, une part d’humanité que l’on découvre et qui démultiplie votre propre perception."

      Mais on insiste souvent sur les différence, alors qu’il y a tellement de points communs. Et pas seulement, entre l’Italie et la Chine, les pâtes...

      Boris Stephanski