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Dimanche, attentat au Baghdad Hôtel - nid de la CIA...
Publie le dimanche 12 octobre 2003 par Open-PublishingLes Etats-Unis - on le sait - ne retiennent aucune leçon. Ils adorent ouvrir des boîtes de Pandore et ne savent jamais les refermer. Lorsqu’il leur arrive de quitter le sol d’une nation avec laquelle ils avaient un différend, ils laissent derrière eux une immense rancune.
L’armée des Etats-Unis n’est pas à la hauteur. Les batailles ne sont gagnées que par le matériel - nombre - et la technologie - satellites, guidage - sur des pays adverses choisis pour leur faiblesse. Dès que les troupes sont au sol, les ennuis commencent. En cause, la « culture » des soldats américains, de leur commandement et la peur.
L’enfant américain est soumis depuis son plus jeune âge au bombardement de la propagande. Un véritable lavage de cerveau lui inculque qu’un dieu a donné à l’Amérique la mission de sauver le monde et de propager le bonheur aux peuples de la terre - même malgré eux - et, dans ce but, l’a fait supérieur en tout aux autres habitants de ce monde : liberté, puissance, moralité, bonté, désintéressement, etc.…
Il lui est également asséné que les autres pays envient tellement les Etats-Unis qu’ils en deviennent jaloux et n’ont qu’un rêve : détruire ces américains si heureux.
Sur son propre sol, l’américain a peur : surarmé, il doit défendre sa famille.
A l’étranger, l’américain a peur. Peur d’une civilisation, d’une culture, de traditions qu’il ne soupçonnait même pas car, hors des USA se dressent les barbares inférieurs tous confondus sur des terres inconnues et hostiles. Aucun effort - ni à l’école, ni dans les médias, TV, cinéma - n’est tenté pour l’encourager à découvrir « l’extérieur », bien au contraire.
On ne peut donc attendre que les soldats de l’armée des Etats-Unis se mélangent aux foules des pays envahis. On ne quitte la base - peu souvent - que pour monter dans des véhicules plus ou moins blindés, lesté d’un équipement personnel de 40 kilos (gilet pare-balles, armement, munitions…) Pas de sortie en ville puisque tout y est dangereux et que tout ce que l’on pourra voir est incomparable aux superbes réalisations américaines : rien, par exemple, n’est supérieur au hamburger/coca ou à la tarte aux pommes surgelée de la cafétéria.
Sans communication pas de compréhension. Même s’il y a rencontres, l’écoute n’existe pas. Les autochtones ne peuvent rien apprendre aux Américains puisque eux seuls détiennent la Vérité.
Ainsi vont les choses en Iraq : l’une des multiples raisons plus ou moins fallacieuses avancées par les Etats-Unis était l’exportation de la démocratie pour en faire un modèle régional.Après avoir cassé puis renvoyé l’armée iraquienne, nos « chers amis » s’attendent à être aidés. Ils persistent à accumuler les erreurs pour s’étonner ensuite que les peuples les rejettent.
Après le triangle sunnite où ils ne contrôlent rien - nombre d’Iraquiens jugent le présent moins « confortable » que le passé - ils viennent de se mettre à dos les chiites du centre-sud en tiraillant à tout va comme d’habitude. Les manifestations de Sadr City (ex Saddam City) ont été une entrée en matière fracassante.
Non contents de ce second « succès », ils encouragent l’ennemi séculaire - les Turcs - à venir mettre de l’ordre dans cette pétaudière qu’est devenu l’Iraq. Une telle bévue est soit totalement incompréhensible, soit l’aveu que les Etats-Unis sont au bout de leurs possibilités en hommes, en budget et en solutions.
D’un point de vue géostratégique, c’est toujours une erreur monumentale d’appeler un voisin du pays envahi à la rescousse. Inévitablement, des contentieux plus ou moins sérieux entre pays frontaliers existent. Ici, chacun les connaît de longue date : pétrole et gaz du Nord, minorité turkmène dominée par les kurdes soutenant les partis d’opposition kurdes en Turquie.
Il y a quelques mois déjà l’armée américaine a arrêté des agents turcs dans le centre de l’Iraq et les a renvoyés dans leurs foyers sans faire trop de vagues. Il serait étonnant que d’autres agents de renseignement ne reviennent pas dans les bagages des militaires turcs, histoire de renforcer les réseaux turkmènes.
Après les sunnites, les chiites, les kurdes, il reste éventuellement quelques druzes, des zoroastriens et les chrétiens pour faire le tour des ennuis.
Dans le même temps,
– l’Iran engagé dans la controverse nucléaire a renforcé ses actions en Iraq, se tenant informé au plus près de tout ce qui s’y passe, créant au besoin lui-même l’événement, trop heureux d’obliger les Etats-Unis à adopter la position du hérisson en Iraq,
– la Syrie attaquée par Israël, a pour l’instant fait semblant - même compte tenu de sa faiblesse réelle - de ne rien pouvoir entreprendre,
– Par cette attaque, Israël lui-même a été chargé par les Etats-Unis de tester les possibilités de réactions des uns et des autres (Liban, Syrie, Egypte…)
Le jeu dangereux que l’on pressentait se transforme en piège qui lentement se referme. Les « boys » ne sont pas encore sur le chemin du retour… même si depuis le 1er mai, plus de deux cents sont déjà revenus pour toujours.
CP.