Accueil > Directive PY.AW 218-JMK.CR
Les hôtesses de l’air et les stewards franco-algériens travaillant pour Air France devront être soumis à un interrogatoire spécifique dès leur entrée aux Etats-Unis. C’est ce qu’a décidé la compagnie française après avoir reçu des directives américaines dans ce sens.
Si vous êtes Français de nationalité et avait « l’inconvénient » d’être né en Algérie, que vous êtes salarié d’Air France et que vous voyagez aux Etats-Unis dans le cadre de votre travail, ne vous étonnez pas d’être traité comme un dangereux suspect. C’est en substance la note adressée par la direction de la compagnie Air France (référence : PY.AW 218-JMK.CR) à son personnel navigant commercial (PNC : hôtesses et stewards) dans une lettre leur expliquant « la procédure spécifique d’entrée sur le territoire américain réservée aux personnes nées dans 10 pays listés par les services de sûreté américains ». Selon des sources à Air France, 300 PNC sont concernés par cette mesure.
Air France a informé son PNC que les Américains font subir aux natifs de ces pays, en l’occurrence : l’Algérie, l’Egypte, l’Indonésie, l’Irak, l’Iran, la Libye, le Liban, le Maroc la Syrie et la Tunisie, une procédure identifiée sous l’appellation de NSEERS (National Security Entry-Exit Registration system) qui s’applique déjà aux clients d’Air France originaires de ces pays et qui va être élargie au PNC.
Ce système de contrôle, appliqué dès l’arrivée et parfois même au départ de ces hôtesses et stewards des Etats-Unis, est effectué sous la forme d’un « circuit spécifique avec un entretien individuel avec un agent du TSA » américain, soit l’agence de sécurité des transports qui veille au contrôle d ’identité et au filtrage des passagers suspects dans les aéroports américains. La décision d’Air France a été de ne plus programmer de personnel sur les vols vers cette destination et préconise même à son personnel « indigène » un « transport séparé le cas échéant » et d’informer le commandant de bord à chaque départ, de leur lieu de naissance. Cette décision américaine mais surtout la réaction française qui s’y conforme, ont fait réagir les syndicats d’Air France qui ont protesté contre ces mesures et ont demandé à la direction d’autoriser le personnel concerné à ne pas effectuer des missions vers les Etats-Unis.
Selon l’UNAC (Union nationale de l’aviation civile), cette mesure est « inacceptable ». « Si depuis les tragiques événements du 11 septembre 2001, à chaque entrée sur le territoire, il nous faut nous résoudre à surveiller nos propos, nous plier à toutes formes de fouilles, remplir toutes sortes de documents administratifs et autres demandes pas toujours compréhensibles d’ ailleurs.
Maintenant, il s’agira d’être bien né pour ne pas prendre le circuit de contrôle renforcé, réservé au PNC né en Afrique du Nord ou autre région suspectée par les USA », indique un communiqué de ce syndicat qui a envoyé une lettre de protestation à la direction d’Air France dans laquelle il souligne que : « les nouvelles mesures auxquelles devront se soumettre à l’ avenir les PNC concernés par la procédure « NSEERS », à l’entrée comme éventuellement à la sortie du territoire, revêtent un caractère humiliant, voire discriminatoire ».
Ces mesures américaines sont intervenues après un coup de semonce en fin d’ année 2003 lorsque six vols d’Air France entre Paris et Los Angeles ont été annulés à la suite d’informations précises faisant redouter une répétition du scénario du 11 septembre 2001. Mais cette discrimination à l’égard du PNC arabe d’Air France intervient aussi après que des médias américains ont indiqué que les inquiétudes des services secrets américains concernaient « les équipages de compagnies aériennes étrangères ». Selon le « Washington Post », des fonctionnaires américains ont interrogé « un petit nombre de membres d’équipage » dont les noms ressemblaient à ceux de personnes soupçonnées d’appartenir à des organisations terroristes et seraient des homonymes de terroristes fichés par le Bureau fédéral d’investigation (FBI). Le journal américain a d’ailleurs révélé une possible « infiltration » d’Air France par des éléments terroristes. Reste que si les Américains mettent un zèle considérable concernant la sécurité de leur territoire, l’attitude de la compagnie française concernant son propre personnel est jugée « consternante » par les professionnels de l’aviation civile.