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Diriez-Vous Que Les Journalistes Et Les Sondeurs Sont De Laids Propagandistes, Ou Qu’Ils Ont Raison (D’Essayer) De Nous Manipuler ?

Publie le dimanche 2 décembre 2007 par Open-Publishing

de Sébastien Fontenelle

"Le Journal du Dimanche" publie ce matin, pour notre édification, un sondage d’où ressort que Sarkozy est petit, mais qu’il est gentil (et joli évidemment, et relativement sexy).

("Le Journal du Dimanche" appartient comme on sait à Nostradamus Lagardère, qui se présente volontiers comme le "frère" de Sarkozy, et du coup ont est content(e)s pour lui que nulle fâcherie dominicale ne vienne déranger sa fratrie.)

Une question en particulier, posée par Ifop à un traditionnel "échantillon de 950 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus", nous renseigne, utilement, sur l’état d’esprit des sondeurs, et de leurs commanditaires du Parti de la presse et de l’argent (qu’une sain(t)e colère populaire emportera bientôt) : ces gens ne savent pas s’ils doivent énergiquement lécher le chef de l’Etat, ou si au contraire ils doivent lécher vigoureusement le chef de l’Etat.

(Cruel dilemne.)

Cette question est, tenez-vous bien : "Diriez-vous que Nicolas Sarkozy est trop présent dans les médias, ou qu’il a raison de vouloir expliquer en permanence sa politique ?"

(Moscou 1949 : "Camarrrade, est-ce que tu penses que le grrrand Staline est trrrop prrrésent dans nos vies, ou si tu trrrouves qu’il a rrraison de vouloirrr nous tenirrr au courrrant ?")

Naturellement, t’as une majorité de pauvres aliéné(e)s gavé(e)s de jités qui répondent que oui, neffet, Sarkozy a raison de vouloir expliquer sa politique.

Naturellement, t’as pas grand monde, quand tu poses une question aussi truquée, pour te répondre, ah ben non, moi, tu vois, je suis juste un(e) pauvre con(ne), je préfère qu’on ne m’explique rien.

Non moins naturellement, l’omniprésence de Sarkozy dans les médias n’a aucune espèce de rapport, dans la vraie vie, avec ce prétendu souci explicatif - mais elle trahit, par contre, que les journalistes sont avec lui comme des camé(e)s de compétition prêts à n’importe quoi pour s’enfiler une dose.

Pour le dire autrement : le problème ne vient pas de ce que le chef de l’Etat s’imposerait aux médias, mais de ce que les médias nous imposent le chef de l’Etat, matin, midi et soir.

Ce matin, par exemple, Sarkozy n’intervient nulle part dans "Le Journal du Dimanche" pour expliquer sa politique - et pourtant Sarkozy est (omni)présent aux pages un à trois du "Journal du Dimanche".

Dans son éditorial (évidemment loufoque), l’inénarrable Jacques Espérandieu pose par exemple, à la une, que François Bayrou est "le grincheux de service".

Pourquoi ?

Pourquoi François Bayrou est-il grincheux ?

Parce qu’il estime que "la politique Sarkozy" est un "projet d’inégalités croissantes", que le "paquet fiscal" est une "erreur", et que "la réforme de la carte judiciaire" est "trop chère".

Je n’ai comme tu sais aucune sympathie particulière pour François Bayrou, mais je trouve quand même intéressant d’observer que le seul fait de n’être pas d’accord en tout point avec Sarkozy lui vaut désormais d’être indexé dans la grincherie par le boss d’un hebdomadaire qui appartient au "frère" du chef de l’Etat : ça en dit long, n’est-ce pas, sur la décomplexion de nos journaleux dominants.

Et quant aux pages deux et trois de ce burlesque hebdomadaire, elles énoncent posément (c’est le (très) gros titre qui les barre) que : "La méthode Sarkozy fonctionne encore".

(Julien Dray, "socialiste", le confirme dans une (courageuse) interview : "Moi, je ne vais pas critiquer Nicolas Sarkozy".)

Projet de question pour un prochain sondage Ifop : "Diriez-vous que Nicolas Sarkozy est trop présent dans les médias, ou que les médias qui mentent et lèchent ont raison de vouloir justifier en permanence sa politique ?"

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