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Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker"
Publie le samedi 30 septembre 2006 par Open-Publishing22 commentaires
de Pierre Tevanian
Les articles et dépêches sur les "menaces de mort" qu’aurait reçues le "prof de philo Robert Redeker" suite à une "tribune sur l’Islam" publiée dans Le Figaro, [1] inspirent, au "prof de philo" que je suis moi aussi, les réflexions suivantes :
1. Il va de soi que de telles menaces sont injustifiables. Rien ne justifie ni la mise à mort, ni même le recours à des simples menaces, contre qui que ce soit, quels que soient les griefs qu’on peut concevoir. Y compris si ces griefs sont fondés.
2. Les propos racistes, pas plus que n’importe quel crime ou délit, ne justifient ni la mise à mort ni les menaces de mort. Ils se combattent judiciairement (en portant plainte), idéologiquement (en produisant et en diffusant un contre-discours argumenté) et politiquement (en organisant des actions collectives de protestation, de sensiblisation ou de boycott).
Je parle à dessein de propos racistes : comme certaines des caricatures danoises, comme le pamphlet d’Oriana Fallacci intitulé La rage et l’orgueil, l’article de Robert Redeker qui semble avoir provoqué les menaces de mort va bien au-delà du droit à mes yeux inaliénable à la « critique des religions » ou au « blasphème ». Cet article relève du pur et simple racisme. Il ne cesse d’essentialiser deux « blocs » homogènes qui ne correspondent à aucune réalité, « l’Occident » et « l’Islam », au mépris de la diversité des courants, des évolutions, des tensions, des conflits et contradictions internes qui traversent depuis toujours ces deux « entités ». Il hiérarchise ces deux « essences », l’Occident incarnant ce que l’humanité a produit de meilleur, et l’Islam incarnant le pire. « Jésus est un maître d’amour, Mahomet un maître de haine » [sic !] D’un côté, une « ouverture à autrui, propre à l’Occident » [sic !] qui « se résume ainsi : l’autre doit toujours passer avant moi » [sic !] De l’autre, « l’islam tient la générosité, l’ouverture d’esprit, la tolérance, la douceur, la liberté de la femme et des mœurs, les valeurs démocratiques, pour des marques de décadence. » ! [2] Robert Redeker conclut enfin en soulignant bien, pour les lecteurs qui n’auraient pas compris ses sous-entendus, le lien qui s’impose entre phobie de « l’Islam » et phobie des musulmans : « Haine et violence habitent le livre dans lequel tout musulman est éduqué, le Coran ». On ne saurait être plus clair : c’est bien tout musulman qui est sous-éduqué et donc sous-humanisé, ou pire : éduqué et humanisé sur un mode pervers, dans un système de normes régi par la haine et la violence.
3. Robert Redeker n’est pas, en matière de racisme anti-musulmans, à son coup d’essai. En novembre 2001, déjà dans Le Figaro, il essentialisait déjà « l’Islam », présentait cette « essence » comme fondamentalement mauvaise (« l’idéologie la plus rétrograde », « une régression barbarisante ») et soulignait déjà aussi le lien entre phobie de l’Islam et phobie des musulmans, en affirmant que « l’Islam installe au plus intime de chaque musulman la paralysie de l’intelligence ».
– 4. Au regard de la violence raciste de ses écrits, on peut à bon droit s’étonner que M. Redeker n’ait pas été jusqu’à présent convoqué devant les tribunaux. On peut à tout le moins s’étonner que les autorités académiques n’aient pas suspendu, pour d’évidentes raisons d’ordre public autant que d’éthique pédagogique, ce provocateur irresponsable. Les écrits de ce monsieur sont en effet en tous points contraires avec les principes de liberté, d’égalité et de fraternité censés animer l’école de la république. Des propos équivalents à ceux de Robert Redeker sur les Juifs (« Le judaïsme installe la paralysie de l’intelligence au plus intime de chaque juif » ; « Jésus est un maître d’amour, Moïse est un maître de haine », « Haine et violence habitent le livre dans lequel tout juif est éduqué, la Torah ») vaudraient sans doute, et à juste titre, à leur auteur une suspension immédiate. On est en droit d’exiger de l’institution la même intransigeance avec le racisme anti-musulman.
– 5. Si Robert Redeker n’a pas sa place à l’école publique, il déshonore aussi, plus spécifiquement, la corporation des professeurs de philosophie. Notre discipline est en effet censée former nos élèves à la réflexion, à la rigueur conceptuelle, au refus des généralités, des amalgames et des préjugés. Loin, très loin du « doute hyperbolique » de Descartes, de la passion nietzschéenne pour les « nuances », du questionnement et du « Je sais que je ne sais pas » de Socrate, Robert Redeker se dispense de toute interrogation, de tout doute et de toute nuance, et véhicule sans le moindre complexe les pires stéréotypes. Doublement ignorant, ignorant sur « l’Islam » et ses innombrables déclinaisons, et ignorant de sa propre ignorance, il nous gratifie du « Je les connais, moi » qui est le cri de ralliement de tous les racistes. Il les connaît, lui, les musulmans. Incapable de cet élémentaire bon sens qui comprend que « l’Islam » n’est pas un bloc homogène, pas plus que « l’Occident », Robert Redeker n’est pas non plus capable de faire la différence entre un leader religieux et un simple fidèle, entre un pratiquant ordinaire et un fanatique, entre une autorité politique et une population civile. Il ne connaît qu’un seul personnage : un personnage spectral, aux contours étonnement fluctuants, qui se nomme « l’Islam », et dans lequel viennent se fondre tous les musulmans, quelle que soit leur obédience, leur école, leur statut social, leurs options idéologiques, leurs actes. Le « philosophe » ne recule pas même devant des sophismes aussi grossiers que celui-ci : l’interdiction du string sur les rives de Paris-Plage cet été découlerait d’une « islamisation des esprits » !
– 6. Faut-il en rire ? Faut-il en pleurer ? On serait tenté de rire de la bêtise de tels propos, s’ils ne venaient mettre de l’huile sur le feu en se surajoutant à un avalanche quasi-quotidienne de sarcasmes ou d’injures à l’égard de « l’Islam » et des musulmans, sur fond de précarité sociale et de discriminations en Europe, de misère, de dictatures et d’« Ordre Mondial » oppressif au Maghreb et au Moyen-Orient. Ne pas rire, ne pas déplorer, ne pas haïr, mais comprendre, disait un authentique philosophe, nommé Baruch Spinoza. Posons nous donc quelques questions : quel intérêt un Robert Redeker trouve-t-il à publier de telles invectives ?
– 7. Une première piste, psychologique et sociologique, figure dans l’astucieux et souvent désopilant roman publié par « Y.B. » en 2002 et intitulé Allah Superstar. Dans ce roman, qui s’avère chaque jour un peu plus visionnaire, le narrateur est un jeune banlieusard qui se dit lui-même « d’origine difficile » et « musulman pratiquement ». Nourri de culture télévisuelle, il découvre que le chemin le plus court vers les « 15 minutes de célébrité » dont parlait Andy Warhol n’est pas la Star Academy mais une espèce d’Islamophobic Academy : une provocation antimusulmane, qui provoquera immanquablement un tollé médiatique, suivi d’une fatwa ou de menaces de mort, à leur tour surmédiatisées, et voilà comment, du jour au lendemain, n’importe quel galérien se retrouve sous le feu des projecteurs, élevé au rang de héros de la liberté d’expression. Tel n’est-il pas le plan de carrière qui a assuré le succès d’Oriana Fallacci aussi bien que celui de Jack-Alain Léger, Michel Houellebecq, Chahdorrt Djavann et maintenant Robert Redeker : des tâcherons sans talent, écrivains médiocres et (à l’exception de Michel Houellebecq) médiocrement connus et appréciés du public comme de la critique, qui finissent par s’offrir une petite heure de gloire à peu de frais en publiant un brulôt islamophobe ?
– 8. Une autre piste est politique, et je laisse la question ouverte : quel intérêt a-t-on à souffler sur les braises et à provoquer ainsi à la haine antimusulmane ?
– 9. À l’heure qu’il est, la police se charge d’assurer la sécurité de Robert Redeker. Des enquêteurs tentent de retrouver la trace, pour le sanctionner, de l’auteur du mail de menaces. Cette mobilisation policière est nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. L’éducation nationale doit prendre ses responsabilités [3] Les associations antiracistes doivent prendre les leurs [4]. Chaque acteur du système médiatique doit s’interroger sur la complaisance dont ce système a fait preuve jusqu’à présent à l’égard de l’islamophobie, qu’elle soit militante ou histrionique [5] Enfin, chacun d’entre nous, musulman, chrétien, juif, athée, agnostique, doit s’astreindre à la vigilance, à l’effort de comprendre et au courage de parler, afin de débusquer le racisme partout où il s’insinue, et de le combattre par les seuls moyens éthiquement défendables et politiquement efficaces : le droit, la pensée et l’action politique.
– 10. Tous, enfin, méditons cette question que posait le jeune Marx : « Qui éduquera les éducateurs ? »
Pierre Tevanian
Notes :
1] Cette tribune libre, intitulée "Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?", est parue dans Le Figaro le 19 septembre 2006.
2] Ces citations, comme les suivantes, proviennent de l’article de Robert Redeker paru dans Le Figaro.
3] Il faut, comme le soutient la FSU dans un communiqué, "que tout soit fait pour que l’Ecole reste un lieu de formation de l’esprit critique, de respect des autres et de tolérance". On aurait simplement aimé que la FSU dise clairement que l’article de Robert Redeker entre en totale contradiction avec de tels objectifs.
4] Le MRAP a condamné les propos de Redeker en même temps que les menaces de mort, mais sans prononcer le mot racisme. La réaction de la LDH a été plus claire, dénonçant sans ambiguité la "haine des musulmans" qui anime Robert Redeker. Sur le plan judiciaire, à ce jour, aucune plainte n’a été déposée.
5] Songeons, par exemple, à la manière dont la télévision accueille, comme si de rien n’était, des personnages comme Brigitte Bardot ou Maurice Dantec, qui ont à plusieurs reprises tenu des propos d’un racisme anti-musulman extrêmement violent, alors que, par exemple, elle a su faire preuve d’intransigence et boycotter à juste titre Alain Soral lorsqu’il s’est laissé aller à des propos anti-juifs, en compagnie de Dieudonné, dans l’émision "Complément d’enquête" en septembre 2004.
site "Les mots sont importants"
Messages
1. > Dix remarques sur un « collègue », par Pierre Tevanian Réflexions sur « l’affaire Redeker », 30 septembre 2006, 21:50
A-t-on le droit de critiquer l’Islam ? C’est interdit au sein même de cette religion, mais est-ce la même chose pour ceux qui lui sont à la fois extérieurs et proches car vivant à côté sur le même territoire ? Evidemment critique ne veut pas dire dénigrement, mais la critique implique un discours qui, par définition, ne plaît pas à celui qui en est l’objet.
Tout dépend alors de la capacité de dialogue des gens concernés. Après les caricatures de Mahomet, le discours du Pape et maintenant les propos du prof de philo, faut-il instaurer un dialogue entre les religions ? A mon avis seul le dialogue peut éviter la violence, à condition de ne pas être un dialogue de sourd.
2. > Dix remarques sur un « collègue », par Pierre Tevanian Réflexions sur « l’affaire Redeker », 30 septembre 2006, 22:24
SOLIDAIRE...
De Pierre TEVANIAN et Antonio !!!
En tant qu’ancien de la Maison Ed.Nat je pense que le comportement de RXR est difficilement acceptable en regard de la déontologie et des valeurs que nous avons à porter.
NOSE DE CHAMPAGNE
3. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 30 septembre 2006, 23:35
je cite un extrait de dépêche Ce sont les fonctionnaires de la DST qui lui ont donné les clés de ces forums qui "ne sont pas accessibles à tout le monde" : les Pieds Nickelés, spécialistes en coups tordus, lui ont donné les "clefs" ?
et dans sa lettre à André Glucksmann j’ai été condamné à mort par des organisations de la mouvance al-qaïda. L’UCLAT et la DST s’en occupent, mais...je n’ai plus le droit de loger chez moi (sur les sites me condamnant à mort il y a un plan indiquant comment venir à ma maison pour me tuer, il y a ma photo, celle des lieux où je travaille, des numéros de téléphone, et l’acte de condamnation)
Et il change de domicile tous les deux jours ?
Cela devient une "affaire d’Etat", une de plus ! Mais une qui ressemble de plus en plus à la manipulation du RER D.
Très curieux pour un homme "qui se cache" de le trouver pendu au micro de toutes les radios
Curieux de trouver ses écrits (y compris son dernier "article") sur tous les "bons sites" d’extrême droite, sionistes ou non et un comble, antisémites (!)
Curieux de trouver le juge "antiterroriste" Bruguière, proche de Sarkozy et du CRIF, juge d’exception
Et de bénéficier d’un tel appui, je cite Soutenez Robert Redeker en participant à une opération SITA sur Saint Orens de Gameville.
Une opération SITA sur une ville consiste à, tout bêtement, envoyer par la poste, dans une bête enveloppe timbrée avec un bête timbre, un tract de présentation de l’islam à un habitant tiré au hasard dans l’annuaire de cette ville.
Cette "opération" soutenue par plusieurs sites d’extrème droite donne la "recette" pour trouver les noms, adresse, tel, etc... de chaque habitant !
On apprend incidemment, bien sûr, que Redeker est une victime du terrorisme intellectuel du Mrap ;
pour enfoncer le "clou" , Les riverains et parents d’élèves s’insurgent et ont le sentiment d’avoir été pris en otage. La peur d’Al Qaïda envahit les rues de cette bourgade de Haute Garonne. Ils étaient si tranquilles. ; plus loin La veulerie du corps enseignant et des habitants rappelle malheureusement qu’en des jours sombres, la résistance n’était composée que de 2 % de la population française. C’est peu…
ou encore celle-ci Tout comme ces Suédois qui portaient l’étoile jaune en solidarité avec les Juifs sous la botte nazi, tout comme ces lycéens parisiens chantant la Marseillaise un 11 novembre alors que la Gestapo et la milice patrouillaient
Monsieur Redeker, philosophe, intellectuel, met son savoir et son influence au service du Racisme hérigé au rang de Résistance ? à vomir !
Avec de tels soutiens, il est "classé" !
Il saisit là l’occasion de faire la promotion du livre qu’il va bientôt sortir ?
Il est temps de (re)lire le traité d’athéologie de Michel Onfray
Patrice Bardet, patrice_bardet@yahoo.fr
remarque : on ne peut tolérer par ailleurs les menaces de mort dont Redeker aurait été l’objet. Mais force est de remarquer que le "Semeur de Haine" récolte... les graines qu’il a semées
1. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 14:57
Bonjour Patrice,
tu a parfaitement raison sur le fond.Et quoi qu’en disent certains médias cette "affaire" apparait,y compris chez des gens peu politisés,comme une manipulation beaucoup s’attendant à voir surgir certains services dits secrets ou parralélles.
Les "menaces"dont serait soi-disant victime Redeker me parraissent un bidonnage pour donner du crédit aux propos de certains candidats.
Jean claude des landes
4. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 30 septembre 2006, 23:57
C’est bien vrai notre époque permet de donner un quart d’heure de pseudo-gloire
à tout les pitoyables plumitifs se pretextant défenseur de liberté d’expression en s’acharnant sur l’Islam..... lamentable.
1. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 05:08
Tout à fait d’accord avec ce texte et s’il sagissait d’une pétition je la signerais volontiers.
Danielle Bleitrach
2. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 10:52
LE DERAPAGE RACISTE
Le dérapage opère une "sortie de route" : on quitte lechamp de l’expression - "scientifique" ou idéologique - d’une opinion à la dévalorisation raciste des individus.
1 - Il est évident que l’on peut critiquer les religions toutes les religions.
Il est d’ailleurs aisé de trouver de quoi le faire.
Mais la critique de la religion doit rester la critique de la religion.
Ce qui ne signifie d’ailleurs pas s’en tenir à la critique des seuls textes sacrés.
Les pratiques issues de la religion peuvent aussi être critiquées. Pourtant les pratiques sont bien au plus près des individus qui les appliquent. Ce qui peut conduire au dérapage raciste.
2- le racisme n’est reste pas à la critique de la religion.
Le texte de telle religion contient des éléments de violence. Soit.
Ou même "le texte de telle ou telle religion contient beaucoup plus d’éléments négatifs que positifs"
Là encore pas de problème. On a le droit d’opinion.
3 - La pensée raciste va plus loin que de dire son opinion sur une religion.
Elle passe au réel en globalisant. Elle affecte le négatif à des personnes mais sans distinction.
Ce n’est plus la religion qui est concernée.
Ce n’est plus une opinion.
4 - Voici ce que dit la pensée raciste :
Les gens de tel continent sont adeptes de telle religion dont j’ai dit tout le mal.
Là ce sont bien les croyants eux même qui sont qualifiés négativement.
Cet essentialisation d’une religion combinée à l’essentialisation d’un peuple suffit pour dire ce n’est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste.
5 - Mais bien souvent le racisme va plus loin.
La critique de la religion n’est qu’un point de départ.
Ils disent :
Tel peuple croit en une mauvaise religion
mais aussi tel autre peuple croit en une bonne religion.
Nous sommes dans le cas d’une comparaison hiérarchisante classique du racisme.
Et après il faudrait s’étonner qu’il n’y ait pas réaction.
Le progrès de la réaction est d’éviter la réaction violente compréhensible
et de passer par un procès juridique
mais si le procès n’est plus concevable
alors il reste la réparation violente.
Christian Delarue MRAP
3. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 11:57
LE DERAPAGE RACISTE...
La figure est récurrente : l’action se déroule d’abord sur le terrain de la critique de la religion mais la mauvaise manoeuvre opère une sortie de route qui mène droit sur le terrain du racisme. Il n’y a pas deux champs superposés : l’opinion et le racisme. Certes, il n’est pas toujours aisé de voir le bord de route...
1 - Il est évident que l’on peut critiquer les religions toutes les religions.
Il est aisé de trouver de quoi le faire.
Mais la critique de la religion doit rester la critique de la religion.
Cette critique n’implique d’ailleurs pas de s’en tenir aux textes sacrés, elle peut aussi porter sur les pratiques qui sont portés par des individus réels. L’exercice devient alors dangereux mais toujours possible dans le cadre de la libre expression.
2 - Mais le racisme n’est reste pas à la critique de la religion.
Le texte de telle religion contient des éléments de violence. Soit.
Ou même "le texte de telle ou telle religion contient beaucoup plus d’éléments négatifs que positifs". Là encore pas de problème. On a le droit d’opinion.
3 - La pensée raciste va plus loin que de dire son opinion sur une religion.
Elle passe au réel, aux "gens" en globalisant. Elle affecte le négatif à des personnes mais sans distinction. Attribution implicite ou explicite et amalgame permette le dérapage racisant.
Ce n’est plus donc la religion qui est concernée. La critique de la religion n’est que l’outil.
Ce n’est plus une opinion.
4 - Voici en substance ce que dit la pensée raciste :
Les gens de tel continent sont adeptes de telle religion dont j’ai dit tout le mal.
Là ce sont bien les croyants eux m^me qui sont qualifiés négativement.
Cet essentialisation d’une religion combinée à l’essentialisation d’un peuple suffit pour dire ce n’est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste.
5 - Mais bien souvent le racisme va plus loin.
La critique de la religion n’est qu’un point de départ.
Ils disent :
Tel peuple croit en une mauvaise religion
mais aussi tel autre peuple croit en une bonne religion.
Nous sommes dans le cas d’une comparaison hiérarchisante classique du racisme.
...ET SES TÔLES FROISSEES.
Et après il faudrait s’étonner qu’il n’y ait pas réaction.
Le progrès de la réaction est d’éviter la réaction violente compréhensible
et de passer par un procès juridique
mais si le procès n’est plus concevable
alors il reste la réparation violente.
Ceci dit, je pense que la réaction des mollah ne porte pas sur le racisme mais sur le blasphème du prophète. Ce qui n’est pas acceptable.
De nos jours, dans la société occidentale, les prophètes religieux sont défétichisés, rabaissés. J’y vois la montée de l’esprit laïc et critique. Cette esprit se heurte évidemment à un "retour du religieux" qui prends souvent des formes frustes et archaïques. Mais au sein de ce retour du religieux des formes progressistes, laïc et critiques, assimilable à une sorte de théologie de libération" se font entendre . L’amalgame n’est donc pas permis.
Christian Delarue
MRAP
4. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 6 octobre 2006, 17:03
La montée de l’esprit critique et laïque semble etre une tare pour le mrap, cette montée me semble plutot saine quand on connait les dérives qu’entraine toutes formes d’extremismes.
Verdan Guillaume.
5. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 10:50
Hier soir à la nouvelle émission de Ruquier il y avait Pierre lellouch et eric zemmour qui ont fait leur numéro ignoble sur l’Islam aussi. La violence criminelle et l’humiliation de l’occupation et de l’oppression en Irak et Palestine ? c’est normal les forts ont toujours fait subir leur loi aux plus faibles ; le vrai problème ? le terrorisme islamique, l’archaïsme et la non-modernité des pays musulmans, etc... A vomir.
6. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 12:06
...ce qu’il y a de plus sidérant dans cette "affaire", c’est que des pensées aussi primaires soient étayées par des arguments de parti pris injustifiés.
C’est évidemment pour cette raison que cela soulève autant de réactions violentes...pourquoi tenter de sortir du primaire qui mène inéluctablement ( ou presque) à l’affrontement physique, ce serait trop facile...
Et bien, c’est justement l’inverse. C’est parceque c’est extrêmement difficile sur ces sujets de sortir du primaire qu’il y faut davantage qu’une capacité de réflexion et d’écriture, fut elle éventuellement reconnue. Aussi bien RXR que PT en écho, en donnent un exemple d’étude en alimentant "pensée baissée" des conflits à tous les niveaux, idées, convictions, faits ( etc...) qui ont besoin de tant de précautions préalables pour que la parole reste un moyen d’entente, mais le seul possible !
Que ce soit le texte de RXR ou cette "réponse" qui est du même niveau d’"analyse" effroyablement bas appuyé sur des postulats érigés en constat aussi imbéciles l’un que l’autre ( l’islam le diable, les propos racistes...), ils alimentent sans réserves des pensées frustres dans leur parti pris de violence par le manichéisme inadmissible qui les dessine.
Le fait que ces ressorts sauvages ne soient même pas couverts par le style "réflexif intellectuel" qu’ils empruntent démontre s’il en était besoin après les réactions pulsionnelles enregistrées partout, de la puissance de l’échec terrible de l’intellect de(s) l’auteur(s).( voir par exemple ci-dessous pour illustration la "réaction" toute aussi primaire et de parti pris véhément de "Nose" au texte de PT...)
Soit RXR voulait mettre en avant les "impasses" de la religion islamique dans ses interprétations radicales, et il s’est gravement planté en poussant une accusation généralisée de cette religion et des modes de vie induits par les radicalités visées, soit il était effectivement animé par ce rejet de l’islam porté au rang de "civilisation" et c’est encore pire, car il a heurté de front ceux qui y pensent effectivement, et qui, évidemment , enfourchent cette magnifique occasion de porter un peu plus avant leur "djihad".
Dans un cas pareil, les modérés sont pris en étau et réduits à des protestations inaudibles dans le vacarme déclenché. Quant à la "réponse" de PT elle est comme un écho à cette absence de hauteur et de précautions dans la réflexion.
Inacceptable, à tout point de vue, s’il reste des intellectuels, qu’ils se manifestent enfin !
Calixte EUROPE
1. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 16:40
Dites donc quand Mr P. Declerck dans "le sang nouveau est arrivé" en 2005 écrit : " le christianisme, lèpre de l’Occident, corrompt de son souffle fétide, de ses doigts pourris, tout ce qu’il touche. La maladie, toute maladie est sienne" , c’est autant à gerber que les déclarations de ce pseudo-philosophe, seulement il n’y a pas grand monde pour s’en indigner ni mème pour lancer des menaces de mort, obligé de constater. La haine est malheureusement bien ancrée pou qui est croyant en Occident, mélé au racisme anti-musulman, ça fait pitié.
2. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 21:01
Ce commentaire est sidérant ! Il faut être doté d’une sacrée mauvaise foi ou avoir des problèmes de lecture pour renvoyer dos à dos Redeker et Pierre Tevanian.
Mais le caractère excessif et définitif des termes employés pour qualifier les "analyses" de RR et PT montre le niveau de la pensée de Calixte prompt qu’il est à trouver celle des autres "frustre" (sic !) -j’imagine qu’il a voulu écrire "fruste"- et à blâmer le "manichéisme inadmissible" de ceux qui ne pensent pas comme lui.
Mais où sont ses arguments ?
S’il veut assimiler les textes de RR et de PT, je lui propose de changer de pseudo : ce n’est "Calixte" qu’il aurait dû choisir mais "Célestine" !
Antonio
7. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 18:51
Grâce à Calixte, tout est, enfin, bien plus clair ! :(
1. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 20:35
Bien plus clair ????pour moi bien plus obscure !J’aime bien les intellos mais quand ils se mettent à la portée de ceux qui les lisent.
Pour ce qui me concerne les choses sont simples:le texte publié par Rédeker est une absurdité sans nom,d’un individu qui n’a pas compris et même pas lu le coran,qui pratique l’amalgame "musulman=terroriste"dans la droite lignée de la "guerre des civilisations".
Que je soit d’accord ou pas il est libre d’exprimer ses opinions comme je suis libre de les combattre.
Les pseudos menaces m’apparraissent comme un bidonnage,comme par hasard lancé par des sites d’extréme droite et parce que des menaces lancés sur des sites lus par personne,donné à l’auteur par la DST, laissent quand même des doute quant à leur autenticité.
Jean Claude des Landes
2. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 2 octobre 2006, 02:43
@ JC les Landes
quand j’ai dit : "Grâce à Calixte, tout est, enfin, bien plus clair !", je me voulais ironique.
Désolée de n’avoir pas moi-même été suffisamment explicite, mais j’ai écrit sur l’impulsion du moment après avoir lu le post bien embrouillé de la personne citée, qui se permet de distribuer bons et mauvais points et de renvoyer dos à dos RXR et PT sans autre forme de procès.
Quant à l’islamophobie, qui revient systématiquement, juste après une période d’accalmie, elle sert de toute évidence, à jeter à nouveau de l’huile sur le feu pour diviser le pays et désigner des "coupables".
Instiller la peur, développer le "syndrome Devoise", qui a si bien payé en 2002 : à qui profite le crime ?
Il nous faut coûte que coûte sortir de cette spirale de haine qui vise les musulmans mais aussi toutes les autres catégories de la société (voir le Point et les Rmistes, une honte !).
Valens
8. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 1er octobre 2006, 19:10
Cet article vient après les déclarations du pape, dans le même style on a eu les caricatures, les déclarations de Bush aussi, on a ressorti une fois de plus lellouch, qui était sur tous les médias pour soutenir la guerre en Irak, et qui est toujours en service, maintenant pour accuser les pays musulmans et l’islam en général de terrorisme et archaîsme, etc...
On dirait de la provocation ORCHESTREE, pour provoquer des réactions violentes de la part des musulmans et ainsi conforter les accusations causes de ces réactions, etc...
C’est la même méthode que dans le management de certaines DRH actuelles pour se débarasser d’un salarié peu docile mais à qui on a pas de faute grave à reprocher.
D’abord on lance accusations et rumeurs injustes à son encontre (faignant, tête brûlée, etc...),
et on provoque une réaction dont la violence est proportionelle aux attaques et à l’injustice ressentie. Puis l’accusation porte sur la réaction, sur l’effet produit et on l’accuse d’être violent, de se faire remarquer, de provoquer du désordre etc...
Dans cette situation plus la victime se débat plus elle s’enfonce. Les fausses accusations de départ, les nouvelles et la victime se retrouve à la merci des entités puissantes qui ont mis en oeuvre leur plan prémédité, isolée, dévalorisée, sentant le soufre, pestiférée, elle est ruinée psychologiquement. On a plus qu’à en faire ce qu’on veut ses protestations, seules défenses à sa disposition étant déligitimées, assimilées à de la violence (terrorisme là).
Le tour de passe-passe a fait passer la victime au rang d’agresseur de ses bourreaux.
9. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 2 octobre 2006, 00:43
Je suis entièrement d’accord avec cet article
10. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 3 octobre 2006, 02:47
Tout à fait d’accord avec l’anlyse de P. Tévanian
Ce Mr Redeker, selon moi , s’est comporté au choix ? :
Soit en agissant de son propre chef comme : un stupide raciste ignare impulsif et haineux (ceci en restant poli car d’autres qualificatifs plus forts et surtout plus courts conviendraient mieux à son cas), soit comme un raciste agissant comme membre et selon les incitations d’une organisation quelconque, d’extrême droite par exemple et dans ce cas ce serait dans le cadre d’une action concertée pour un but dont on devine les motivations.et qui s’inscrit en effet dans la série des affaires : telles que celles des caricatures, ou " la sortie effarante " de Benoit 16 Etc..
Dans les 2 hypothèses concernant Mr Redeker la gravité des propos tenus justifierait en effet le dépôt d’une plainte par des organisations antiracistes
Dans les deux cas la place de ce monsieur n’est pas dans l’Education Nationale, à mon avis.
Quand au post de" calixte " la lecture en était pénible et moi non plus je n’y ai rien compris !
En guise de conclusion personnelle et m’adressant à la fois
- aux Musulmans pouvant à juste titre se sentir offensés
- à nous tous dans le brouhaha médiatique
- à nos penseurs cathodiques attitrés avec leurs commentaires déjà exprimés ou encore à venir que je devine hélas
- à Mr Redeker lui même si il a agit par obssesion anti Islam donc en fin de compte par peur
Je dirais en reprenant le mot de Kipling "Si tu peux garder ta tête quand tous les autres autour de toi la perdrons, Alors tu seras un Homme mon fils
En ces temps de manipulation mondiale donnant l’impression que l’on cherche à - agiter les peuples avant de s’en servir, il convient de garder en effet la tête froide et de ne pas tomber individuellement ou collectivement dans le piège ,plutôt les pièges qui nous seraient tendus.
René de Montmorency
1. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 3 octobre 2006, 11:49
Je ne trouve d’égal à l’orgueil de Calixte E. que celui de BHL.
Mais ceci dit, il est vain de trouver un alibi philosophique à Redeker qui s’inscrit parfaitement dans la vulgate de l’extrême droite qui se décomplexe dans LE FIGARO illustre descendant incontestable et incontesté de la presse pétainiste. JdesP même pas intellectuel mais authentique déclassé.
11. > Dix remarques sur un "collègue", par Pierre Tevanian Réflexions sur "l’affaire Redeker", 3 octobre 2006, 12:07
Pierre Tevanian :
« 1. Il va de soi que de telles menaces sont injustifiables. Rien ne justifie ni la mise à mort, ni même le recours à des simples menaces, contre qui que ce soit, quels que soient les griefs qu’on peut concevoir. Y compris si ces griefs sont fondés. »
Et puis suit de sa plume une longue suite de MAIS ... qui reviennent peu ou prou à nier plus bas la belle parole introductive.
Or il n’y a pas de MAIS. Aucun mais.
Pas plus ou pas moins pour des critiques de l’islam, du judaisme ou de n’importe quelle religion, pensée politique ou philosophique.
Les discussions "savantes" interminables des intellectuelles n’amènent rien, sinon à retourner tous les problèmes.
Un principe est un principe. Point final.
En France on a le droit d’exprimer des opinions, toute atteinte à ce principe doit être combattue sans réserve.
Beaucoup des intervenants, dont Danielle Bleitrach dans de nombreuses interventions, semblent l’oublier.
Au petit jeu de la polémique pour la polémique, ou pour la politique, ces beaux penseurs finissent par s’asseoir sur tous les principes qu’ils disent défendre.
Alors qu’ils continuent donc à polémiquer entre eux et à faire monter toutes les tensions.
On les sent dans leur élément, comme des poissons dans l’eau.
Haïr celui qui ne pense pas comme eux.
Le livrer à la vindicte des suiveurs de leur camp, pour ne pas dire fatwa.
Philippe
12. rétablir la raison, 29 octobre 2006, 12:51
En flux tendu et depuis quelques jours filaient dans ma tête ces questions autour des religions, de la laïcité, de l ’islamophobie, du racisme, de cette menace de mort horrible, de la désinformation, et d’autres. Aujourd’hui je tiens à exprimer mon profond respect pour ceux et celles qui partagent la position de Patrick Tévanian, dont la plume et les idées ont le grand mérite de remettre les pendules à l’heure. Le fait de mettre en avant le caractère odieux de ces menaces de mort, si elles ont effectivement existées, et de soutenir l’enquête policière en cours, ne montre-t-il pas qu’il faut défendre la société démocratique française et l’état qui la représente et la définie à travers les mesures de son gouvernement élu au suffrage du peuple ? Blanc, arabe, jaune, noir,...Nous sommes tous, à différents degrés, les victimes du racisme. La haine qui se dégage de l’article du Figaro est aveuglante et la brutalité qui s’en dégage reste tristement fascinante dans l’émotion que le texte charrie avec lui.
Un européen, athée, féministe et blanc (face de craie pour les imbéciles) en lutte avec les progressistes et non pas avec les bourreaux du langage. Thomas Ruff