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Dominique de Villepin visite en Finlande : le dernier désastre de l’industrie nucléaire française

Publie le mardi 6 juin 2006 par Open-Publishing

Des activistes de Greenpeace ont accueilli le premier Ministre français, Dominique de Villepin lors de sa visite officielle en Finlande, ce matin, avec un réacteur gonflable et des banderoles "STOP EPR" et "EPR NON MERCI" déposés devant le parlement finlandais, pour protester contre la construction de ce réacteur troisième génération.

Le premier Ministre est actuellement sur le site de construction de Olkiluoto 3, réacteur nucléaire EPR fourni par le groupe français Areva.
Visite opportune s’il en est, alors que la sûreté et la sécurité de l’EPR sont plus que jamais questionnées en France ces dernières semaines.

En effet, la publication d’un document Confidentiel Défense sur la résistance de l’EPR aux crashs d’avions, son analyse par un expert indépendant et la pénétration dans la zone interdite de vol d’un pagojet (aile volante motorisée) au dessus de la centrale de Flamanville posent de sérieux doutes quant à la viabilité du projet, alors que l’exemple finlandais rappelle en même temps que l’on a bien du mal à le construire...

« Non seulement Olkiluoto a accumulé à peu près un mois de retard par mois de chantier, mais c’est la conception complète qui est douteuse. » déclare Harri Lammi de Greenpeace Finlande. « Quelles qu’aient été les promesses faites par le Gouvernement sur ce "nouveau design", cette technologie est intrinsèquement dangereuse et l’accident toujours possible. Ce projet doit être arrêté maintenant et la Finlande doit utiliser ses abondantes ressources en énergies renouvelables qui représentent déjà la deuxième source d’approvisionnement du pays. »

Les problèmes rencontrés ont déjà officiellement retardé la construction d’Olkiluoto 3 de 10 mois. Ces retards sont dus à de nombreux problèmes techniques ayant des incidences sur la sûreté. Ainsi, le fournisseur éprouve les plus grandes difficultés à contrôler la qualité des soudures de la cuve, pièce centrale et la plus sensible du nouveau réacteur. Un problème de qualité du béton utilisé pour la dalle, semant le doute sur sa stabilité et sa longévité, a aussi retardé le chantier en début d’année.

La construction a repris sans attendre les résultats d’une analyse de sûreté, atteinte sérieuse à la crédibilité de l’autorité de sûreté finlandaise, STUK. Selon John Large, ingénieur nucléaire de Large &Associates, qui publie aujourd’hui sa propre analyse de la situation, « STUK ne semble pas tout maîtriser. Ils étaient au courant des problèmes de qualité du socle en béton depuis octobre 2005 et ont permis que le chantier continue. Cela met en doute la capacité à respecter le cahier des charges pour la conception et les matériaux tout au long de la construction. »

Les retards vont entraîner de sérieux surcoûts pour ce projet. Areva a signé un contrat à prix fixe à 3,2 milliards d’euros, la Finlande ne paiera donc pas plus. Ce contrat ayant bénéficié d’une garantie de la Coface à hauteur de 610 millions, il est de plus en plus probable que les surcoûts seront supportés par les contribuables français. Suite à une plainte de Greenpeace en octobre 2004, la Commission Européenne mène à ce propos une investigation sur cette garantie vraisemblablement peu compatible avec le droit encadrant les aides d’Etat en Europe.

« Une fois de plus, les français sont censés payer pour les aventures irresponsables de l’industrie nucléaire, conclue Hélène Gassin de Greenpeace France. Dominique de Villepin croit visiter l’exemple du triomphe de la technologie française alors qu’il s’agit en fait d’une illustration de ses incapacités ! ».

http://www.greenpeace.org/france/news/villepin-finlande-epr