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Douce France - Karine Tuil

Publie le jeudi 8 février 2007 par Open-Publishing

de Francis Rozange

Karine Tuil, après le décevant quand j’étais drôle signe un livre atypique qui renoue avec la tradition naturaliste des romans de Zola.

Douce France peint l’accablement des immigrés clandestins du centre de rétention administrative de l’aéroport de Roissy.

Mi-roman, mi-fiction, Karine Tuil dénonce le traitement de l’immigration un peu à la manière de Beigbeder dans 99F.

Rien de neuf ni d’original donc pour quiconque lit régulièrement la presse et s’intéresse au monde extérieur. Et pour tous les autres une œuvre de vulgarisation fort bien menée où Karine Tuil ne se dissimule guère derrière sa narratrice, juive se faisant passer pour une roumaine lors d’un contrôle d’identité.

Tout au long du livre, c’est un parallèle permanent entre le désir d’intégration forcenée de ses parents, eux-mêmes immigrés d’afrique du nord, son judaisme qui la fait se sentir étrangère en France, et ces immigrés clandestins d’une autre génération, qui tout comme ses parents aspirent à une vie meilleure. Parmi ceux-ci Yuri, dont elle s’entiche. Yuri tour à tour Biélorusse, moldave, roumain... mentir pour survivre, rester le plus longtemps possible en France.

Le centre de rétention décrit dans le livre est doux, doux comme la France : L’un des plus modernes, selon l’aveu-même des autorités qui ont autorisé Karine Tuil à le visiter. D’où cette impression de mensonge, de frustration encore accentuée par ces quelques lignes à la fin du livre où sont suggérées d’autres conditions de « rétention » autrement atroces.

C’est un roman passionnant, joliment écrit avec une sensibilité et une honnêteté qui honore son auteur, il a le mérite d’exister parmi ces centaines d’œuvres écrites au sujet de bourgois par des bourgeois pour d’autres bourgeois, mais une œuvre encore bien trop légère en regard d’une insoutenable réalité : on en veut pour preuve le nombre de pages, moins de deux cents, écrites en gros caractères... Il y avait pourtant beaucoup à dire sur un tel sujet.

Douce France - Karine Tuil. Grasset. 177 pages.

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