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Doutes sur le financement du plan banlieues de Nicolas Sarkozy
Publie le samedi 9 février 2008 par Open-Publishing1 commentaire
Doutes sur le financement du plan banlieues de Nicolas Sarkozy
FRANCE. Le président a présenté un nouveau plan pour enrayer la pauvreté et la violence. Les réactions sont mitigées.
Sylvain Besson, Paris
Samedi 9 février 2008
Des banlieusards en dreadlocks et boubous se prenant en photo avec les dignitaires de la sarkozie : cette seule image aurait suffi à assurer la promotion de la « nouvelle politique pour les banlieues » présentée vendredi à l’Elysée. Celle-ci vise à rompre avec 25 ans de plans successifs qui n’ont enrayé ni la pauvreté, ni les éruptions de violence qui secouent sporadiquement les « quartiers sensibles » de l’Hexagone.
Première nouveauté : ce programme ne comporte pas d’engagements budgétaires chiffrés. Tout au plus prévoit-il de consacrer 500 millions d’euros (environ 800 millions de francs) aux transports publics pour désenclaver certains quartiers. Mais le montant total des investissements destinés à la « nouvelle politique » devrait être bien supérieur.
« Les budgets, c’est plusieurs milliards en tout cas, a indiqué au Temps la ministre de la Ville, Christine Boutin. Mais on les a déjà. » C’est ainsi que les fonds consacrés aux transports publics seront prélevés sur le budget du « Grenelle de l’environnement », le vaste chantier écologique lancé par Nicolas Sarkozy à l’automne dernier.
4000 policiers de plus
De même, le président promet que 4000 policiers supplémentaires seront déployés dans les banlieues difficiles en trois ans, notamment au sein des nouvelles « Unités territoriales de quartier ». « On ne comprend pas bien quelles sont les lignes de crédit pour ces nouveaux postes, on n’a pas d’éléments chiffrés, commente le criminologue Sebastian Roché. A mon avis, ce ne sont pas des policiers en plus, ce sont des policiers qui viendront d’ailleurs. »
Ce flou budgétaire n’empêche pas Nicolas Sarkozy de nourrir de grandes ambitions pour sa nouvelle politique. Ainsi promet-il de mener une « guerre sans merci » pour « mettre fin à la loi des bandes, à la loi du silence, à la loi des trafics » dans les cités sensibles. Le slogan a un air de déjà-vu, de même que les moyens de l’appliquer : recours à des volontaires pour aider la police, et création de « délégués » chargés de pacifier les rapports tendus entre jeunes et forces de l’ordre.
Le président se montre plus créatif en matière d’emploi. Son plan prévoit certes la création d’un énième « contrat aidé », le « contrat d’autonomie », mais ce dernier reposera largement sur des entreprises de placement privées. Rémunérées par l’Etat, elles seront chargées de former 45000 jeunes en trois ans. Nicolas Sarkozy veut aussi simplifier la vie des associations de quartier, en rendant moins bureaucratiques leurs rapports avec l’administration. « Pour financer quatre ballons de foot, assène le chef de l’Etat, il n’y a pas besoin d’un comité réunissant 15 fonctionnaires. » Enfin, il propose une kyrielle de mesures destinées à améliorer l’éducation scolaire : déplacement en bus d’élèves défavorisés vers les écoles des beaux quartiers, recensement des adolescents qui abandonnent l’école, création de 4000 places d’internat. Là encore, le coût de ces mesures n’est pas chiffré.
L’exposé du président a suscité des réactions mitigées parmi les invités présents à l’Elysée, dont beaucoup étaient issus des associations de banlieue. « On continue de mettre en place des mesurettes liées à’insertion, déplorait Axiom, un rappeur venu de Lille-Sud. Le problème, en France, n’est pas de faire de nouvelles lois mais de les appliquer. »
Messages
1. Doutes sur le financement du plan banlieues de Nicolas Sarkozy , 9 février 2008, 10:27
tageblatt (lux)
SARKO/RAMBO ??????????
Mise à jour : 8/02/2008 22:20:18
La "nouvelle politique pour les banlieues" accueillie fraîchement
La "nouvelle politique pour les banlieues" annoncée vendredi par le président Sarkozy a été fraîchement accueillie, hormis dans la majorité, par de nombreux acteurs sociaux et élus de terrain, "restés sur leur faim" devant l’absence de budget global pour les actions engagées.
Dès l’annonce, AC Le Feu, collectif qui s’était créé après les émeutes de 2005, Droit au logement (Dal) ainsi qu’une dizaine d’autres associations ont protesté à Paris contre ce plan, dénonçant un "énième effet d’annonce" et l’absence de moyens financiers. Il y avait "beaucoup d’attentes autour de ce plan (...), au final, à part des +on va+, +il faut+, +y a qu’à+ il n’y a pas grand chose", a déploré Stéphane Ouraoui, président de "Pas de quartier, tous citoyens". "Ce n’est pas une question d’argent", s’est défendue Fadela Amara ajoutant que "ce n’est pas un plan" mais "une nouvelle dynamique". Mi-janvier elle avait revendiqué "un milliard d’euros pour le désenclavement de 50 quartiers prioritaires" mais le chiffre n’a en bout de course pas été évoqué. Très attendu depuis que le candidat Sarkozy avait promis un "plan Marshall des banlieues" qui devait enrayer la ghettoïsation des quartiers sensibles, ce plan devait initialement être annoncé à Vaulx-en-Velin, une des banlieues de Lyon secouée en octobre 1990 par de violentes émeutes après la mort d’un jeune à moto à un barrage de police. Le maire de Vaulx-en-Velin (Rhône), Maurice Charrier, a justement exprimé "sa profonde déception (...) car rien de véritablement concret n’a été annoncé à propos des politiques dites de droit commun comme le droit au logement, l’insertion, l’éducation". Plusieurs acteurs sociaux ont regretté que des mesures annoncées existent déjà telle "l’école de la deuxième chance" qui a déjà une dizaine d’années. Pour le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, l’ensemble du dispositif annoncé en matière d’enseignement est "un renoncement, sans doute faute de moyens, à lutter véritablement contre les inégalités sociales, territoriales, au profit d’une égalité des chances à destination des individus qui le méritent". "On va prendre la minorité de ceux qui s’en sortent pour les extraire, et les autres continueront de s’enfoncer", a dénoncé Claude Vazquez, maire PCF de Grigny (Essonne) sur les sites d’excellence. Déception aussi du côté de François Pupponi, maire PS de Sarcelles (Val-d’Oise) pour qui "il n’y a pas un euro pour la banlieue dans ce plan" et Stéphane Gatignon, maire PCF de Sevran : "Sarkozy a éludé la question centrale aujourd’hui des inégalités entre territoires. Pour éviter la ghettoïsation de nos villes, il faut une meilleure redistribution des richesses (...) Il faut une réforme de la fiscalité locale, avec une taxe foncière et d’habitation unique au niveau régional".
Manuel Valls, député-maire PS d’Evry a dénoncé "un discours très sécuritaire, caricatural, moraliste sur la banlieue", alors qu’il faut "de la continuité" et des "moyens financiers". SOS Racisme a considéré comme "élément positif la fin du discours de confrontation de Nicolas Sarkozy avec la banlieue", mais a estimé qu’"il y a beaucoup de +il faut+ et que le chef de l’Etat " n’a pas pu s’empêcher de faire le +Rambo+ en annonçant un renforcement des groupes d’interventions régionaux (GIR)". Le maire UMP de Chanteloup-les-Vignes, Pierre Cardo, comme l’ensemble de la majorité a en revanche souligné le caractère "volontariste" et "dynamique" de la nouvelle politique, parlant d’un "grand chantier" impliquant tous les ministères. Xavier Lemoine, maire UMP de Montfermeil (Seine-Saint-Denis) a salué "la philosophie générale de rompre avec l’assistanat" et "l’idée d’une gouvernance de la politique de la ville au plus haut niveau de l’Etat".