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Du fin fond de la province !

Publie le mardi 19 décembre 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Moissac le 19 décembre 2006

Il n’est pas dans mes habitudes d’intervenir de la sorte dans le débat puisque habituellement, je réserve la primeur de mes réflexions à mes camarades au sein des réunions et rencontres que souvent j’anime.
Cependant, au regard du moment historique que nous vivons, je souhaite faire valoir mon point de vue de manière plus large.

J’ai passé plus de 20 ans de militantisme en région parisienne, dans le 93 plus exactement et même si cela ne m’auréole d’aucune espèce de légitimité, j’ai acquis des convictions, des pratiques qui lorsque je suis revenu au « pays » m’ont permis de me mettre au service du parti dans un département où nous sommes ultra minoritaires, où le clientélisme des hobereaux locaux régimentent la vie politique locale et fait des ravages jusque dans les rangs des plus révolutionnaires.

J’ai donc quitté sans regrets le confort des certitudes pour me confronter à des réalités qui excluent bien souvent la parole des communistes. J’ai quitté sans regrets le confort de pouvoirs, certes fragiles, mais ancrés dans une histoire de la banlieue à laquelle j’ai apporté modestement mon écot.

Dans ce Tarn et Garonne de mon enfance, de mes premières expériences politiques adolescentes, j’ai découvert la difficulté d’un combat ingrat quand tout le monde est contre vous, quand nous devons compter chaque tract, quémander chaque salle, négocier chaque article dans les journaux locaux. Mais, avec ce combat quotidien, à la lumière des 3 dernières années, avec la victoire du NON, nous avons commencé à construire un nouvel espace politique, un nouvel espoir. Je dis « nous » car j’ai vu revenir vers un parti qui n’existait alors plus qu’au travers de ses 2 élus municipaux, des anciens adhérents, des nouveaux, des « qui s’étaient éloignés » mais aussi des « qui avaient fait d’autres choix »… Bref, j’ai eu le sentiment et l’ai encore, de participer à redonner sa juste place au parti de nos campagnes, celui qui permet de se battre pour sauvegarder l’hôpital de proximité, celui qui pèse sur les choix locaux, interroge et se bat aux côtés des agriculteurs, des salariées de la distribution….

La construction de notre collectif antilibéral est à cette image, diversifiée, large, ouverte, n’excluant personne, en prise directe avec la vie locale et associative. Cette construction a su éviter les écueils, convaincre les plus rétifs et dépasser les clivages partisans tout en restant fragile car soumise aux aléas de décisions prises sur un plan départemental, voire national.

Les camarades qui ont accompagnés cette première étape de l’aventure, ont tout fait, pour rendre lisible et cohérente la démarche de notre parti telle qu’elle avait été définie lors de notre dernier congrès. En ce sens, nous avions voté pour proposer la candidature de Marie Georges Buffet, et nous avions convenu au final dans le cadre de la recherche d’un consensus que Y. Salesse et/ou C. Autain étaient plus représentatifs de notre volonté collective. Ce résultat nous apparaissait comme naturel et ne prêtait à aucune interprétation fut elle contradictoire.

Aujourd’hui, le parti va de nouveau se prononcer et à la lecture du bulletin de vote proposé, j’entrevois déjà le résultat de la consultation car, et cela est un fait majeur, le nombre de communistes présents dans la démarche des collectifs est très faible, trop faible pour permettre à chaque communiste de mesurer les prévisibles conséquences du maintien de la candidature de Marie Georges.

Et de fait, ce sont bien les sections du fin fond de la campagne comme la notre, les quelques élus que nous avons conservé ici ou là, les camarades qui se battent avec trois bouts de ficelles dans des environnements hostiles, les gens que nous côtoyons dans les batailles qui ont le plus à perdre de ce que j’ose nommer maintenant un entêtement aveugle. De ce fait c’est toute notre crédibilité qui est en jeu et je ne veux croire que demain le parti ne sera plus présent dans les débats locaux…

Pour avoir été de ceux qui ont aidés Marie Georges à devenir députée, de ceux qui estiment la dirigeante, la femme courageuse et convaincue, je souhaite instamment que notre parti sache sortir du piège qui nous est tendu en reprenant le chemin de l’unité, en favorisant le choix d’un des deux autres candidats, en demandant le retrait de notre secrétaire nationale.

Notre parti, les communistes doivent pouvoir continuer à jouer pleinement leur rôle dans la société en tant que tel, s’exprimer, enrichir le débat et la pratique politique. Il est illusoire de croire que les collectifs peuvent être instrumentalisés ne serait-ce qu’au bénéfice d’un parti quel qu’il soit. Les collectifs ne seront jamais un parti, ils n’en ont pas la vocation, ils sont l’espace de l’enrichissement mutuel dont nous avons toujours voulu, dont nous avons favorisé la réalité pour permettre au plus grand nombre de citoyens de s’emparer des questions politiques et peser sur les choix de société. Je refuse qu’au terme de la consultation des communistes, nous perdions l’élan que nous avons nous même le plus souvent initié.

Maximilien Reynès-Dupleix, animateur de la section PCF de Moissac (82), enseignant syndicaliste FSU, Libre Penseur, co-fondateur du collectif antilibéral de Moissac-pays de Serres.

Messages

  • C’est un point de vue parmi d’autres, c’est cela la démocratie, il est respectable et doit être respecté - mais quand on en viens à dévaloriser par avance un autre point de vue et ’est ce que tu fait - Alors là je me dis que les procédures de la démocratie sont bien malade - J’ai même l’impression que celle-ci est de moins en moins accepter - Peux-t-on décemment passer pour perte et profit l’expression des collectifs locaux, au profit d’arrangement de sommet ???
    Pour ma part j’en doute car à partir de ce moment nous foulons au pieds un principe de base qui ne devrait, me semble-t-il entre nous ne pas poser de problème, Et sur ce principe fondateur il ne peut y avoir de compromis possible. Si un autre candidat était sorti dans le cadre de la consultation des collectifs locaux le PCF aurait-il remis en cause ce choix, bien sûr que NON ???
    Bernard Trannoy PCF Gironde P.S = Gardons nous d’opposer ceux qui savent (l’aristocratie) et ceux qui par principe ne savent pas (La plèbe) Rien de grand ne peux se construire avec de tels présupposés

  • ET COMMENT FAIRE CONFIANCE A CEUX QUI EMPLOIENT DE SALES METHODES POUR IMPOSER LEUR CHOIX SANS RESPECTER CELUI DE LA BASE ???????

  • Cher Camarade,

    Tu dois comprendre que clémentine Autain et Yves Salesse sont disqualifiés de part les pétitions ignobles qu’ils ont signés et ce à maintes reprises..

    Les communistes ne transigeront certainement pas la dessus...

    Crois moi,

    Salutations militantes,

    Serge, Lyon.

  • moi je pense que notre direction a depuis le début, opté pour la solution MGB candidate.
    Elle l’a fait en mettant en avant, son retour sur investissement opéré dans la campagne référendaire.Elle n’a rien compris, depuis des mois, elle manoeuvre ainsi !
    C’était écrit dans le document préparatoire au congrés, on annonçait MGB comme la meilleure pour porter ce que que le rassemblement revendiquait. Or, si on avait depuis longtemps abordé la question de la candidature, pour trouver la personnalité rassembleuse et consensuelle, on en serait pas là !!!Je suis communiste et militant syndical ; fidéle parmi les fidéles, mais là c’est trop !
    Je viens de lire les déclarations de MGB, elle ne laisse aucune place à la discussion !
    on me demande de voter la désunion !!
    bravo et sans moi.
    daniel

  • Dans un autre coin de campagne, et dans une position inverse de la tienne, j’ai découvert sur le terrain des militants PCF respectueux de mes options (très méfiantes envers le PC) capables de s’investir dans des luttes communes sans tirer la couverture à eux, je commençais à avoir du PC une vision très différente...

    Il y en a un pourtant, dans mon coin, qui a créé un collectif doublon début décembre, a réuni quelques personnes, et s’est fait mandater en blanc à la coordination du 10 décembre.

    Pour moi, c’est loin de jeter le discrédit sur tous les autres, par contre difficile de penser que c’est une initiative purement personnelle et isolée.

    Merci de ton témoignage qui me dit que c’est possible, que ça va être possible...
    Mais peut-être pas cette fois-ci.