Durban II : 150 Etats représentés à Genève

A en croire la plupart des médias nationaux, "le boycott s’élargit (Le Monde), la conférence va échouer, c’est une mascarade, elle vire au fiasco, Delanoë demande le retrait des pays de l’UE, Aubry le départ de la France...

On a vraiment l’impression qu’Ahmadinejad a rendu un fieffé service à tous ceux qui voulaient torpiller la conférence de l’ONU sur le suivi de Durban I et qui ont déployé de gros efforts pour qu’elle ne puisse se tenir.

La réalité est tout autre : environ 150 Etats sont représentés à Genève, au Palais des Nations, dont 22 des 27 Etats de l’UE.

Mais on ne nous parle que des absents pour justifier les motifs de leur absence en espérant que la liste va s’allonger.

Kouchner a pris la mesure de cette réalité, qui disait ce matin sur Europe 1 que "Durban II n’est pas un échec du tout, c’est le début d’un succès" et que "les insanités du président iranien étaient prévisibles"...ajoutant qu’"un accord devrait intervenir dans les heures qui viennent, avec des avancées importantes dans le domaine de la mémoire de l’Holocauste, du droit des femmes ou des personnes atteintes du VIH, ça ne va pas fracasser le monde. Mais par rapport à Durban I, c’est le jour et la nuit."

Il est pourtant resté longtemps silencieux sur la conduite à tenir, dans l’attente de ce que feraient les Etats-Unis et des conséquences que cela pourrait avoir sur l’Europe des 27, finalement majoritairement présente. La désertion n’étant pas le meilleur moyen de défendre ses positions.

Le ministre français des Affaires étrangères n’a, au passage, guère laissé d’espace à Rama Yade dont les appels "à participer et à combattre" semblaient s’adresser à son propre gouvernement, jusqu’au dernier moment dans la plus grande perplexité. Il fallait bien que la secrétaire aux droits de l’Homme rappelle qu’elle existe malgré l’opinion exprimée par Kouchner sur l’utilité de son poste...

Cela dit, la conférence n’est pas au bout de ses peines et rien ne dit que d’autres provocations ne viendront pas s’ajouter à celle du président iranien s’annexant la cause palestienne dont la situation ne doit pas, pour autant, disparaître des débats.

Madame Pillay qui préside le Haut commmissariat aux Droits de l’Homme avait tenu, dans son discours, à "remercier particulièrement la délégation de la Palestine et les membres de l’Organisation de la Conférence Islamique pour la souplesse dont ils ont fait preuve" et s’est dite certaine que "cette conférence sera un succès malgré l’absence de certains Etats."

Optimisme de circonstance ? Il est trop tôt pour le mesurer mais l’entrée en matière a pu laisser craindre le pire. Etait-elle évitable ?

C’est une autre histoire. Il reste aussi que l’attitude d’Israël, méprisant les institutions internationales pour ne pas avoir à s’expliquer sur les annexions de territoires, les crimes de guerre qui lui sont reprochés n’est pas de nature à calmer les esprits et à dépassionner les débats.

La conférence en cours n’a pas pour objectif d’évoquer tous les problèmes qui secouent la planète. Mais d’évaluer les progrès -ou non- dans la lutte contre le racisme, les discriminations, la xénophobie et l’intolérance qui lui est associée. Vaste programme.

Le président de l’assemblée générale, Miguel d’Escoto, dans son message, a indiqué qu’un sommet sur la crise mondiale était convoqué début juin, estimant que "le forum des 192 Etats membres est celui qui se prête le mieux, par sa représentativité, sa légitimité, sa crédibilité, à analyser en profondeur la crise actuelle et à définir une proposition viable et efficace pour mettre sur pied une nouvelle et nécessaire architecture financière internationale."

R.F