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EDF : la disponibilité des centrales nucléaires pourrait encore reculer

Publie le jeudi 30 octobre 2008 par Open-Publishing

[ 30/10/08 ]

L’électricien se refuse à donner un chiffre, mais il n’est pas exclu que le taux de disponibilité tombe à 79 % cette année, contre 80,2 % en 2007 et 83,6 % en 2006. Loin des 85 % visés pour 2011. En cause, une série d’incidents.

C’est un des sujets les plus sensibles pour EDF. Et son éternel point faible. Après avoir chuté l’année dernière de 3,4 points, à 80,2 %, le taux de disponibilité de ses centrales nucléaires pourrait à nouveau reculer cette année, à la suite des problèmes techniques qui ont forcé l’entreprise à prolonger ses arrêts de tranches. L’électricien se refuse à donner un chiffre avant la fin de l’année, mais il n’est pas exclu que le taux de disponibilité, aussi appelé « Kd » dans le jargon, tombe à 79 %. Certains craignent même pire. On serait alors loin de l’objectif de 85 % affiché pour 2011 ! Un objectif qui plus est corrigé : lors de l’introduction en Bourse, il y a trois ans, le groupe visait un taux de 84 % dès 2007...

Loin de l’anecdote

En interne, on se contente de dire qu’on « n’atteindra pas forcément l’objectif des 85 % pour 2011 de manière linéaire ». Et surtout, on souligne qu’en utilisant davantage les centrales disponibles on peut compenser un « Kd » en baisse. Le sujet est loin d’être anecdotique : chez EDF, un point de disponibilité représente environ 200 millions d’euros de bénéfice d’exploitation. C’est ce qui explique l’attention des actionnaires, y compris au plus haut niveau de l’Etat, pour ce ratio a priori très technique. « Contrairement aux tarifs, qui lui échappent en grande partie, sur des sujets comme cela, il s’agit du coeur de métier de l’entreprise », explique un expert.

En début d’année, Pierre Gadonneix, le PDG d’EDF, avait averti que des travaux de lessivage sur les générateurs de vapeur - travaux qui durent en moyenne une à deux semaines par réacteur - avaient impacté la performance 2007 et allaient continuer de l’impacter cette année et l’année prochaine. Il espérait cependant compenser leur effet par des cycles de production de combustible plus longs et des efforts d’efficacité (lire ci-dessous). Depuis, le groupe a été confronté à plusieurs imprévus.

Incident à Tricastin

Le premier concerne l’arrêt prolongé de la centrale du Tricastin, à la suite d’un incident particulièrement délicat. Le 8 septembre, deux assemblages de combustibles étaient restés suspendus, accrochés au couvercle de la cuve du réacteur numéro 2, lors de leur déchargement. Seul problème : pour récupérer ces assemblages, il a fallu construire un robot spécifique, que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a validé le 22 octobre. Les opérations de récupération sont terminés depuis lundi. Au final, le réacteur risque d’être arrêté pendant deux mois, alors qu’un arrêt de tranche partiel dure normalement une quarantaine de jours. De fait, ce genre d’incidents arrive régulièrement. L’année dernière, un réacteur de la centrale de Paluel avait été arrêté une centaine de jours...

Deuxième imprévu :

une anomalie découverte en février sur la centrale de Fessenheim, conduisant à une fuite du circuit primaire, hautement radioactif, vers le circuit secondaire. Concrètement, un tube du générateur de vapeur s’était fissuré à la suite de vibrations dues à un manque de support datant de la construction. L’incident n’a pas eu de conséquence sur l’environnement, mais l’ASN a demandé fin avril à EDF de procéder, « par mesure préventive », au bouchage de plusieurs milliers de tubes « en anomalie de supportage » sur les dix-huit réacteurs de 900 mégawatts concernés .

C’est à la fois la force et la faiblesse du parc français : sa standardisation procure des économies d’échelle, mais en cas d’anomalie sur une unité il faut la régler partout.

C’est ce que l’électricien s’est employé à faire. Cependant, ce phénomène de fatigue vibratoire continue d’inquiéter l’ASN, qui a demandé la semaine dernière qu’on lui présente une « stratégie à long terme » concernant les autres centrales. Le groupe dispose de deux mois pour répondre.

Au final, « on ne peut pas exclure de nouveaux travaux » sur les autres réacteurs, de 1.300 et 1.450 mégawatts, explique Olivier Gupta, directeur général adjoint de l’ASN.

Si cela devait être le cas, le taux de disponibilité d’EDF serait de nouveau impacté. Il faut en effet compter une semaine pour boucher les tubes d’un réacteur. D’autant que le groupe sera par ailleurs confronté à un nombre plus important de visites décennales, qui durent en moyenne quatre-vingt-dix jours.

THIBAUT MADELIN


Et EDF qui veut faire vivre ces centrales au delà des trente années prévues initialement ! Ce n’est que le début des ennuis........

ATTENTION DANGER