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EX CLEM : CIMETIERE MARIN. DECHARGE EN ZONE PROTEGEE

Publie le mercredi 14 janvier 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

de Stéphane Jézéquel

Une demi-douzaine de coques militaires et civiles vieillissent au cimetière marin de Landévennec, dans les premiers virages de l’Aulne. En plein site remarquable, à l’entrée d’un fleuve réputé pour la richesse de sa biodiversité.

 Peintures écaillées, coques rouillées entreposées là depuis plusieurs années et sans doute pour longtemps, vu le retard accumulé dans le traitement des vieux navires. Parties prenantes du paysage, les coques du cimetière marin ont pris un sérieux coup de vieux. L’endroit est magique, paisible et impressionnant à la fois. La lumière y est étonnante. Le coup d’œil de la route qui mène à la presqu’île de Crozon, et surtout du fameux belvédère de Landévennec, fait partie des « must » à ne pas manquer en Bretagne. On y trouve aujourd’hui les navires qui servaient de brise-lames à l’entrée de la Penfeld, à l’endroit du futur port de plaisance de Brest et le majestueux Colbert, rapatrié de Bordeaux avec ses 180 m de long. Impossible de remonter jusqu’au sillage du premier navire amarré là, à l’abri des verdoyantes collines de la presqu’île. C’est comme si la Marine utilisait le site depuis toujours.

Impact écologique, atout touristique

Choisi, à l’origine, pour sa situation abritée des vents dominants et sa grande profondeur, le site est, sur le plan écologique, l’un des plus sensibles de la rade de Brest. Sur le plan touristique, les avis divergent. Il y a ceux qui continuent de penser, comme Roger Lars, maire de Landévennec, que ces vieux bateaux complètent idéalement un paysage déjà exceptionnel. D’autres, au contraire, préféreraient un coup d’œil débarrassé de ces vieilles coques en attente de démolition. La dégradation régulière de ces navires, le décollement des peintures au-dessus ou en dessous de la ligne de flottaison inquiètent les écologistes. Alors que l’on connaît aujourd’hui la richesse et la diversité de cette entrée de fleuve, maintenant que l’on constate les retards accumulés dans le traitement des vieux navires, est-il judicieux d’y stocker ces navires abandonnés ? « Mais où vaut-il mieux les mettre ? », entend-on dans les coursives de la préfecture maritime de Brest.

En zone Natura 2000

Sur le plan écologique, ce cimetière marin est situé aux portes d’un écosystème que les scientifiques qualifient de remarquable et sensible. Le parking à vieilles coques est ancré au cœur d’une zone Natura 2000, au titre de la directive « oiseaux ». Etonnamment, la deuxième directive « habitat » qui concerne l’ensemble de la zone environnante, n’y est pas appliquée, le périmètre du cimetière militaire étant précisément exclu. Peu sujet au brassage de la houle, ce mouillage est, en revanche, balayé par des courants qui peuvent, lors des plus grandes marées, décoller la couche de sédiments s’accumulant dans le fond. Que trouve-t-on justement au droit de ces navires amarrés ? Qu’indiquent les analyses d’eau et de sédiments ? Rien du tout, puisqu’aucun contrôle n’est réalisé sur le site. « Nous procédons à des contrôles réguliers dans toute la rade, mais pas là », explique-t-on en préfecture maritime. « Il n’y a pas de contradiction, pas de risque identifié à amarrer des vieux bateaux à cet endroit », ajoute le capitaine de frégate chargé de la communication, Bertrand Hudault. « Évidemment, sans mesures, il est difficile d’identifier et de connaître la nature du risque », pique François Chartier pour Greenpeace-France, actuellement concentré sur le démantèlement des navires de pêche. « L’état des coques recouvertes d’algues, sous la ligne de flottaison, montre combien les peintures antisallissures ne sont plus actives », relativise le commandant de la base navale de Brest, Philippe Guégan. Un point de vue que réfute catégoriquement Christian Bucher, de l’association brestoise Agir pour l’environnement et le développement durable (AED2) : « Même sans analyse, on peut avancer aujourd’hui que ces bateaux à l’abandon polluent assurément. La toxicité des anti-fouling utilisés jusque dans les années 80 par la Marine ne fait aucun doute, ne serait-ce qu’à très faible dose ». « Il s’agit bien d’une décharge à ciel ouvert », appuie Arnaud Clujery, de l’association Eau et Rivières, très attentif au devenir de l’Aulne. « Pourquoi ce que l’on interdit ailleurs peut-il être autorisé à cet endroit ? L’État et la Marine seraient-ils les derniers des Mohicans en matière de décharge industrielle sauvage ? ».

Démanteler sur place ?

Pour Jacky Bonnemains, de l’association Robin des Bois, il faut démanteler les plus petites unités sur place, à flot. Une idée qui n’est pas pour déplaire aux défenseurs de la création d’une filière locale, l’association AE2D qui s’oppose au départ de l’Ex-Clemenceau pour l’Angleterre. Mais la solution semble difficile à mettre en œuvre in situ, selon le préfet maritime Anne-François de Saint-Salvy. Et si la clé de cette fameuse filière de démantèlement attendait paisiblement dans les méandres de l’Aulne, plutôt que sur la piste d’envol d’un porte-avions surmédiatisé...

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Messages

  • Que faire des vieux bateaux de la Marine ?

    Les couler pour le plus grand plaisir des plongeurs, propose le député Gilbert Le Bris (PS).

    Ce sont de vieux bateaux dont la Marine nationale ne sait pas trop quoi faire. Il y en a bien quelques-uns qui terminent leur vaillante carrière comme brise-lames. Tandis que le Clémenceau attend d’aller se faire découper dans un chantier naval anglais, l’épilogue d’un feuilleton tragi-comique.

    Car de vieux bateaux, la Marine nationale en a quelques-uns. Rien qu’à Brest, elle en compte 57, méthodiquement mangés par la rouille (Ouest-France de mardi). Même si certains ont trouvé à Landévennec, au fond de la rade de Brest, un ultime havre de paix au cimetière des bateaux, le problème pour la Marine est épineux. Depuis quelques mois déjà, Gilbert Le Bris, député (PS) du Finistère, essaie d’avancer une idée : couler ces vieilles coques au large des côtes pour en faire des réserves naturelles pour les poissons, et aussi des sites privilégiés pour la plongée sous-marine.

    « Les Anglais ont réussi... »

    Une idée saugrenue ? Sauf que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et aussi Malte s’y mettent. « Des clubs de plongée m’en ont parlé. Je pense déjà que du côté de l’île de Groix, dans les baies de Concarneau et de Douarnenez il y a des endroits où l’on pourrait ainsi couler un bateau. Pour la plongée, il faut prévoir une profondeur de vingt à quarante mètres. Les Anglais ont réussi à le faire. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas en faire autant » , plaide Gilbert Le Bris persuadé que sur ce terrain sous-marin « la Bretagne a une carte à jouer ». Après tout, elle a ce qu’il faut. Les vieux bateaux et le littoral.

    On n’en est pas encore là. Ce n’est pas la première fois que le député finistérien essaie de convaincre qu’un tel projet pourrait se concrétiser. Il en a déjà parlé aux présidents de la Région et du conseil général. Mais en la matière, c’est le ministère de la Défense qui est compétent. Il a donc demandé un rendez-vous à Hervé Morin. Bien sûr, ce n’est pas la solution miracle. D’abord, il faudrait rendre juridiquement possible l’immersion. Et puis, s’assurer quand même qu’elle sera sans danger pour l’environnement. Des obstacles qui pour Gilbert Le Bris ne sont certainement pas insurmontables. Il est convaincu qu’envoyer ainsi par le fond quelques vieux bateaux serait une réponse assez simple à un problème très compliqué.

    D. G.

    Ouest-France - Finistère - 14/01/2009

  • Vieilles coques. La Marine en première ligne

    Alors que les coques militaires et civiles se dégradent à vue d’œil au cimetière marin de Landévennec, la Marine se veut rassurante quant à leur niveau de pollution effectif. Une position battue en brèche par les associations écologistes.

    Au cimetière marin de Landévennec, aucun prélèvement d’eau ni de sédiment n’est réalisé sur zone. Le contrat de baie ne le prévoit pas. Des rondes régulières et des visites sont en revanche assurées par la base navale, qui vérifie l’intégrité des coques ainsi que les tirants d’eau. « Il n’y a pas de contradiction, pas de risque identifié à amarrer des vieux bateaux à cet endroit », commente le chargé de communication de la préfecture maritime, Bertrand Hudault. « Certes, l’état des navires se dégrade mais il ne semble pas y avoir d’incidence sur l’environnement. Aucun risque majeur pour la faune et la flore n’a été identifié par nos services. La Marine utilise depuis très longtemps cet endroit pour abriter ses navires usagers. Le site a été choisi pour ses atouts géographiques indéniables.

    Aucune réflexion n’est actuellement engagée autour de ce cimetière de bateaux historique de la rade de Brest », confirme l’officier de la préfecture maritime. Selon le commandant de la base navale, Philippe Guégan, la situation très abritée du site limite le vieillissement des coques. « Idéalement, nous devrions les entreposer en fond de Penfeld, mais nous n’y avons plus de place ». Sept nouveaux navires seront désarmés à Brest en 2009 et cinq autres en 2010, dont la Jeanne-d’Arc qui n’ira pas s’abriter à Landévennec mais viendra s’amarrer à la place du Clemenceau ou à côté. « Justement, les prélèvements d’eau à proximité de l’ex-Clem’ n’ont pas révélé de substances nocives pour l’environnement », argumente le commandant de la base. « Il n’y a aucune raison de penser qu’il existe des sources de pollution sur le site de Landévennec ». Une certitude que sont loin de partager les principales associations de défense de l’environnement.

    La peinture s’écaille de partout. Malgré des nettoyages réguliers, de la végétation se développe à certains endroits.

    Un Long fleuve pas si tranquille

    Les coques stationnées dans le cimetière marin de Landévennec continuent de vieillir dans leur havre de paix, à l’entrée de l’Aulne. Le cocon est chahuté par les associations écologistes, qui dénoncent la lente dégradation de ces coques militaires et civiles, au cœur d’une zone dite sensible et protégée (Natura 2000). Certaines de ces associations s’étant d’ailleurs mises en travers de la route de l’ex-Clemenceau...

    Landévennec : le maire réclame la Jeanne !

    La Jeanne-d’Arc au cimetière de bateau de Landévennec : cela aurait été le jackpot pour la petite commune située à l’entrée de la presqu’île ! « Nous avions imaginé, après le départ du Colbert, dans le sillage du Clemenceau, l’arrivée de la Jeanne-d’Arc », commente avec enthousiasme Roger Lars, maire depuis 1983[ depuis 1883 ? ). « Nous savons, surtout depuis l’arrivée du Colbert, que les vieilles coques connues attirent beaucoup de visiteurs qui viennent spécialement les voir à Landévennec. J’apprends que la Jeanne sera plutôt amarrée dans la rade militaire à Brest mais vous savez, d’ici 2010, il va y avoir beaucoup d’eau à couler sous les ponts et dans l’estuaire de l’Aulne...

    Pour ce qui est de la pollution éventuelle, je crois qu’il faut faire entièrement confiance à la Marine sur ce sujet. Les militaires ne sont pas des irresponsables ! Si nous avions le moindre doute, jamais nous n’aurions soutenu l’existence de ce cimetière à bateaux depuis la dernière guerre. Vous verriez comment le site est triste les années sans bateau ! ».

    Stéphane Jézéquel
    Le Télégramme - Brest - 14/01/2009

  • Invitation à la table ronde-débat :

    "Filière de démantèlement des navires militaires et civils : une perspective pour Brest"

    le jeudi 15 janvier 2009, salle municipale de la maison des syndicats, place Edouard MAZE à Brest

    Programme

    18 - 20h :

    Projection du Film vidéo de FR3 "La saga du Clémenceau", suivie de témoignages d’Iris Ryder et Jean Kennedy, représentant l’association des Amis d’Hartlepool (port anglais)

    20h 30- 23 h :

    Débat

    Animateur : Jean Philippe Martinez, rédacteur de la revue "Ensemble"

    Invités :

    socio économiques

     un représentant de "Véolia Propreté"

     Didier Pineau, d’Europlasma, entreprise d’élimination d’amiante, (sous réserve)

     Emmanuel Godineau, chef de projet à la "Sauve Omnia"(chantier déconstruction de navires de pêche à Concarneau)

    syndicalistes

     CGT : Jean Louis Naudet, représentant de la Confédération Nationale

    Christian Peltais, secrétaire régional de la CGT Bretagne.

    politiques

     Patricia Adam, député-e PS du Finistère

     Alain Paul, député PC , membre de la commission Défense

     Janick Moriceau, Commission Nationale des Verts , Mer et Littoral

     Thierry Pellerin, chargé de mission des dossiers économiques au Conseil Régional de Bretagne ,

    associatifs

     Yannick Jadot, ex directeur de campagne de Greenpeace, porte-parole de l’Alliance pour la Planète

     Jean-Paul Hellequin, président de Mor Glaz ( Association de citoyens qui défendent l’environnement maritime)

     Roger Abiven, président d’AE2D (Agir pour l’Environnement et le Développement durable)

    Contacts :
     Jean Paul Hellequin, Mor Glaz : 06 84 62 44 52 -

     Roger Abiven, AE2D : 02 98 49 53 92 -

     Thierry Gourlay, UD CGT : 02 98 44 37 55