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Education sans frontieres : elèves sans papiers

Publie le jeudi 15 juillet 2004 par Open-Publishing

de Michel Ritter

Le réseau "Education sans frontières" vient d’être créé. Il a pour objectif
d’aider les élèves sans papiers à sortir de la clandestinité.

La situation des jeunes sans-papiers scolarisés est souvent méconnue. Ils
sont pourtant probablement des milliers à connaître, sans oser en parler,
cette condition inhumaine. Certains sont enfants de sans-papiers, d’autres
ont rejoint leurs parents régulièrement installés en France, mais ont vu
leur demande de regroupement familial rejetée, d’autres enfin, égarés dans
le maquis inextricable des formalités, se retrouvent privés de papiers alors
qu’ils pourraient y avoir droit.

Quand, dans une classe de lycée, mais aussi parfois d’école primaire ou même
maternelle, la nouvelle est connue, c’est à chaque fois la stupeur. Comment
imaginer son élève, son copain de classe, l’ami de ses enfants, arraché à
son milieu, menotté, entravé, scotché à un siège d’avion et expulsé vers des
pays où, souvent, règne la pauvreté et, parfois, la guerre ?

Quand elle est connue (quand ils osent la faire connaître, car c’est là que
réside l’une des premières difficultés), la situation de ces jeunes provoque
l’indignation et suscite la mobilisation : occupation d’écoles, comme à
Nantes où des enfants (de maternelle et de CP !) étaient menacés
d’expulsion, à l’école Baudelaire (Paris XIIe), où des petits Tchétchènes
devaient être renvoyés dans leur pays en guerre avec leurs parents ; mais
aussi pétitions et délégations aux préfectures comme à Jean-Jaurès
(Châtenay-Malabry), où quatre élèves ont été régularisés cette année, ou
encore comme dans l’académie de Créteil, où un collectif qui existe depuis
plusieurs années vient de faire régulariser deux jeunes.

Mais ces réactions dispersées (qui témoignent que le corps social, jeunes et
adultes, réagit sainement quand il est confronté à des cas concrets) ne
suffisent pas. Les établissements, leurs personnels, leurs élèves, les
parents constituent une force qui, quand elle se mobilise, peut imposer la
régularisation des jeunes scolarisés. Un réseau baptisé "Education sans
frontières" vient de se constituer avec la participation de syndicats (FSU,
Ferc-CGT, SUD-Education), d’associations de parents (FCPE) et de défense des
droits de l’Homme (LDH, Mrap, Gisti, Fasti, Cimade), d’Attac, de SUD-PTT,
etc. Le PCF et la LCR ont apporté leur soutien.

"Education sans frontières" appelle les personnels et les parents à agir
pour que, dès la rentrée, les élèves en difficulté se fassent connaître,
qu’ils soient aidés à monter leurs dossiers et accompagnés dans leurs
démarches. Mais aussi, en cas de réticence des préfectures, appuyés par les
personnels, les élèves et leurs parents. Une affaire dont on reparlera à la
rentrée.

("Rouge" n° 2073 du 15 juillet 2004)