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"Effet Sharon" sur la vente de fruits israéliens en Lorraine
Publie le samedi 31 juillet 2004 par Open-Publishing1 commentaire
de Jean-Pierre COUR et Charles HOFF
Le conflit israélo-palestinien trouve des conséquences assez
inattendues. Alors que le Premier Ministre Israélien exhorte les
"juifs français à immigrer en raison de l’antisémitisme
déchaîné" de notre pays, s’organise peu à peu un véritable
boycott des produits israéliens sur nos étals. Petit tour au
marché.
"Depuis quelques mois, je commande deux à trois fois moins
d’avocats israéliens car on a de la difficulté à les vendre",
explique le chef du rayon fruits et légumes frais d’un
supermarché de la région messine. Avec le durcissement de la
politique du gouvernement Sharon, les produits "made in Israel"
ont plus de peine à trouver preneur dans les rayons.
« Nous avons de plus en plus de clients qui nous demandent le
lieu de culture de certains produits et qui refusent d’acheter
Israélien, afin de ne pas soutenir la politique de l’Etat
hébreu" ajoute le chef de rayon d’une autre enseigne.
Concernant les fruits vendus par Israël mais produits dans les
territoires occupés, les ventes chutent. Afin de limiter cette
baisse, Agrexco (le plus grand exportateur d’Israël), entretient
le flou sur l’origine "made in Israel" des produits. "Nous ne
voulons pas que la politique ait un impact sur la vente de nos
fruits. Seule la qualité doit compter", aurait confié le
fournisseur-grossiste dépendant d’Agrexco aux acheteurs des
grandes surfaces lorraines.
Cette politique de l’étiquetage se vérifie dans les rayons des
magasins. Sur une trentaine de fruits différents cultivés hors
d’Europe recensés par nos soins dans quatre grandes surfaces
messines, seuls trois produits n’affichent pas le nom du pays
d’origine sur l’étiquette. Ces trois produits sont d’Israël,
mais un autocollant plus neutre n’indique plus de provenance :
on le constate pour les pamplemousses (Jaffa) et les avocats
(Carmel) notamment.
Plus étonnant encore. Estimant que les marques Jaffa et Carmel
sont encore trop connotées, des coopératives agricoles
israéliennes ont mis sur le marché des pamplemousses "star ruby"
sans aucune autre référence locale, ni numéro d’étiquette.
Pourtant, à côté, les papayes mentionnent clairement leur
origine brésilienne ; les ananas affichent avec ostentation
qu’ils sont dorés "sous le soleil de la Guadeloupe". Il en va de
même pour les poires sud-africaines. Les mangues affichent leur
origine ivoirienne, les pommes "gala" montrent l’origine
néo-zélandaise et les kakis manifestent leurs origines
chiliennes. Pourtant les conditions de vie dans certains de ces
pays producteurs n’ont rien à envier à Israël.
Les derniers propos du Premier Ministre israëlien ne vont rien
arranger pour les producteurs de son pays. Ce boycott est-il une
marque "d’antisémitisme déchaîné" en France ? On peut aussi se
demander si être "anti-Sharon" c’est être "anti-juif".
L’opposant à Bush est-il anti-américain ? L’anti Bové est-il
anti-agriculture biologique ? S’il est absolument nécessaire de
condamner tout acte criminel ou délictuel, notamment à
connotation ethnique ou confessionnelle, il est nécessaire de
mesurer avec pondération ce qui relève de l’acte isolé de ce qui
nait d’une idéologie criminelle.
Il est fondamental d’éviter le piège de raccourcis démagogiques
que beaucoup refusent, à l’image des propos repris par l’AFP le
21 juillet dernier : "Dans un communiqué, "Une autre voix juive"
estime qu’Ariel Sharon "spécule sur la sensibilité légitime des
citoyens juifs au fait israélien pour les détourner des valeurs
de la citoyenneté au bénéfice d’une idéologie nationaliste et
d’un racisme anti-arabe".
M. Sharon "attise l’antisémitisme en espérant l’exploiter au
profit de l’Etat d’Israël, engagé plus que jamais dans une
politique de négation des droits du peuple palestinien, avec
laquelle de très nombreux citoyens français juifs ou d’origine
juive sont en profond désaccord", ajoute-t-il.
Il affirme qu’une "propagande constante d’Israël depuis sa
création" vise à créer "dans le monde entier, une identification
des Juifs avec l’Etat d’Israël, dans le but de renforcer
celui-ci par l’immigration".
"La recrudescence des violences antisémites et du racisme
anti-arabe ne justifie en aucun cas les accusations portées par
M. Sharon contre la France", ajoute l’appel.
L’appel "Une autre voix juive", lancé en 2003, a été notamment
signé par Stéphane Hessel, Raymond Aubrac, Pierre Vidal Naquet,
Abraham Segal, Nicole Bernheim, Alain Lipietz, Henri Malberg."
Messages
1. > "Effet Sharon" sur la vente de fruits israéliens en Lorraine, 3 août 2004, 18:42
Merci pour cet article intéressant. Je reviens justement d’un magasin Delhaize en Belgique où j’ai dit que je faisais le contrôle de l’étiquettage en tant que consommatrice. J’aid emandé des infos au sujet de l’origine "Belgique-Israël " indiquée pour des herbes aromatiques en pot Bio . Ils m’ont dit ne pas savoir, j’ai noté le code barres mais effectivement il y a de tout. On devrait s’aider, échanger des infos et s’encourager entre pays. En tout cas il faut au moins que le commerce avec les entités illégales des colons cesse immédiatement et que l’on obtienne la suspension de l’accord d’association (c’est pour moi un minimum car je n’aime pas du tout ces "accords" de "libre"- échange .Bref , continuons à garder le contact , à dénoncer etc. Gardez moi au courant . Nous pouvons faire de même. Dominique Waroquiez, Belgique .