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Egypte : Gauche. La tendance de l’union

Publie le samedi 26 août 2006 par Open-Publishing
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Gauche. La rassembler en un grand mouvement et lui donner une nouvelle vigueur. L’idée n’est pas nouvelle mais elle n’a jamais été mise en pratique avec succès. Aujourd’hui, il est question de la ressusciter.

de Sabah Sabet Chérif Albert

La tendance de l’union

La semaine dernière, ils étaient 200 activistes de gauche (des membres de certains mouvements communistes, ainsi que des membres de l’aile gauche du parti suspendu Al-Chaab et du Centre égyptien démocratique des droits de l’homme) à se réunir afin d’annoncer leur projet de créer la nouvelle Union de la gauche. En fait, l’idée de la création de ce courant avait commencé bien avant cette réunion constitutive qui a eu lieu au Syndicat des journalistes. L’idée appartient à feu Ahmad Nabil Al-Hilali. Ce fervent militant de gauche décédé récemment avait lancé l’initiative à l’intention de tous ceux qui souhaitent participer à la réforme de la gauche égyptienne. « Plusieurs milliers de militants ont participé aux funérailles d’Al-Hilali, ils le connaissaient tous en personne mais très peu savaient qu’il était secrétaire général du Parti socialiste du peuple. Nous avons ressenti à quel point l’encadrement partisan faisait défaut aux militants de la gauche », explique Samer Soliman, l’un des instigateurs de l’initiative pour illustrer l’effritement de la gauche.

C’est donc dans cette perspective qu’un groupe appartenant à la jeune génération a lancé l’idée, souhaitant rassembler les rangs derrière des objectifs et des plans d’action communs, dans l’espoir peut-être de pouvoir un jour créer un parti dans le vrai sens du terme.

Cette initiative intervient à un moment où la gauche égyptienne traverse une véritable crise. Lors des élections législatives d’octobre et de novembre 2005, la gauche officielle, représentée par les partis du Rassemblement unioniste progressiste (UPI) et du Parti nassérien, n’a obtenu que 5 sièges, contre 88 sièges raflés par la confrérie interdite mais tolérée des Frères musulmans. D’où la nécessité pour certaines composantes de la gauche d’opérer un renouveau de ce mouvement. « Cette union mettra l’accent sur l’action, pas sur les idéologies. Parmi les objectifs affichés, nous pouvons souligner en premier lieu la lutte contre le sionisme et l’expansionnisme américain qui vise notre région, la séparation entre la religion et l’Etat dans le but de créer un régime laïque, et la lutte contre certaines politiques économiques défavorables comme la privatisation », explique Emad Attiya, l’un des promoteurs de l’initiative.

Les auteurs de l’initiative reprochent aux responsables des partis officiels leur manque d’enthousiasme à l’égard de l’union escomptée. « Les indifférents au sein des partis de gauche leur ont fait perdre en popularité, c’est pour cela qu’on doit travailler pour rétablir la confiance populaire en la gauche », estime Amr Abdel-Rahmane, un adhérent à la nouvelle union. « Une deuxième réunion sera tenue en décembre pour annoncer officiellement la création de l’union. Actuellement, plusieurs groupes de travail ont été formés pour collecter des signatures et étudier les priorités des adhérents potentiels », ajoute-t-il.

Ibrahim Saadeddine, membre du parti du Rassemblement, reconnaît que les partis de gauche manquent de dirigeants et ne sont pas capables de se présenter en tant qu’alternative politique. « Malheureusement ces partis vivent une rupture avec la population et entre eux-mêmes. Face à des problèmes relatifs à l’enseignement ou à la santé, par exemple, les partis de gauche scandent des slogans qu’ils ne peuvent pas transformer en plans d’action », lance-t-il.

De leur côté, les responsables des partis de gauche ont affirmé n’avoir rien contre ce mouvement naissant. C’est ce qu’a affirmé, par exemple, le secrétaire général du parti du Rassemblement, Hussein Abdel-Razeq. « Depuis sa création, le parti du Rassemblement a toujours défendu le principe de la pluralité. Nous n’avons jamais prétendu représenter le seul et unique courant de la gauche, si un autre mouvement a du nouveau à ajouter, nous allons le seconder », affirme Abdel-Razeq.

Commentant cette dernière initiative en date, le chercheur Wahid Abdel-Méguid, du Centre d’Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, a estimé que ses chances de réussir sont minimes. « Le problème est complexe et se situe à plusieurs niveaux, affirme-t-il. Certains problèmes, comme le manque de traditions démocratiques, la recherche du leadership et des intérêts personnels, ne concernent pas uniquement la gauche, mais sont des phénomènes sociaux qui pèsent sur tous les partis, qu’ils soient libéraux, de gauche ou islamistes, et les empêchent d’avancer », poursuit Abdel-Méguid.

En ce qui concerne la gauche, il estime que des différends idéologiques séparent la gauche classique, le centre gauche et les nouvelles gauches. Mais outre les idéologies, ces divers courants adoptent des positions politiques parfois opposées. Certains sont très hostiles à l’égard des islamistes par exemple, au moment où d’autres n’excluent pas de coopérer avec eux. Il en est de même avec le régime, qui est diabolisé par certains et courtisé par d’autres. Pour l’instant, cette union annoncée est encore dans l’œuf, d’ici décembre, date de son annonce officielle, elle devra prouver sa viabilité.

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2006/8/23/enqu0.htm

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