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Elections italiennes : 200 mille euros pour 50 mille voix… le prix de la fraude
Publie le mardi 15 avril 2008 par Open-PublishingElections italiennes : 200 mille euros pour 50 mille voix… le prix de la fraude !
Le grand marché électoral des Italiens résident à l’étranger
Lundi 14 avril 2008
Tout le dossier "Le pouvoir et l’argent"
200 mille euros d’un côté, 50 mille voix de l’autre. L’enquête, qui fait apparaître le sénateur Marcello Dell’Utri, un personnage très proche de Berlusconi, et Aldo Micciché, un ancien homme politique démocrate-chrétien devenu homme d’affaires dans le secteur du pétrole au Venezuela, est dans les mains du parquet de Reggio Calabria.
En janvier et février de cette année 2008, les enquêteurs ont intercepté des conversations téléphoniques entre Marcello Dell’Utri, déjà condamné pour association mafieuse, et Aldo Micciché, considéré très proche du clan mafieux calabrais de la "famille" Piromalli : "Ciao Marcello, c’est Aldo. Je peux te donner un coup de main ici en Amérique du Sud. Ça t’intéresse ?"
Dell’Utri aurait prêté attention, et aurait même montré son intérêt pour l’affaire, en aiguillant son interlocuteur vers Barbara Contini, ancien gouverneur de Nassirya en Irak, actuelle candidate pour le PDL (le nouveau Parti du peuple de la liberté, conduit par Berlusconi) et responsable du vote des Italiens résident à l’étranger.
Les nombreuses interceptions téléphoniques, mais aussi les rapports de la police vénézuélienne envoyés à l’Italie, mettent en évidence les rapports entre Aldo Micciché et le sénateur Dell’Utri. L’enquête fait aussi apparaître qu’une personne appartenant à l’entourage de Dell’Utri, aurait rencontré Micciché au Venezuela.
Dans une conversation téléphonique, Aldo Micciché rassure Marcello Dell’Utri à propos de la bonne issue de son intervention : "Il suffira de payer quelques intervenants, les responsables des opérations de vote - dit au téléphone Micciché - et ils fermeront les yeux quand les nôtres récupéreront les bulletins blancs pour les marquer au symbole du PDL…" (Les bulletins de vote italiens comportent les logos de tous les partis qui se présentent aux élections, dont il faut en cocher un pour exprimer son choix. Les bulletins "blancs", ne comportent aucun choix, NDLR).
Dell’Utri a affirmé que cet argent, dont il parlait au téléphone, se référait à des éventuelles "dépenses" pour des voyages et des séjours que les bénévoles du Parti du peuple de la liberté auraient dû affronter. Micciché ignorait qu’il était écouté, et il parlait sans se gêner avec ses amis calabrais, au point de dire qu’il aurait envoyé à Milan certains de ces derniers, soupçonnés d’appartenir à la ’Ndrangheta, pour qu’ils affirment leur appui au PDL.
C’est en interceptant le téléphone d’Aldo Micciché, cet homme d’affaires calabrais, originaire d’un village de la plaine de Gioia Tauro et émigré depuis longtemps en Amérique du Sud, que les enquêteurs comprennent que celui-ci garde des relations fortes avec la "famille" calabraise des Piromalli. Et c’est justement l’enquête sur la "famille" des Piromalli qui a déclenché l’affaire des truquages présumés des élections.
"La police écoutait les Piromalli, qui parlaient avec Micciché, et elle écoutait Micciché qui parlait à Dell’Utri, et finalement, le cadre croisé s’est révélé : L’entrepreneur proposait au sénateur de Forza Italia un paquet de cinquante mille voix que ses amis mafieux garantissaient pouvoir fournir en faisant truquer les bulletins électoraux des Italiens résident à l’étranger", souligne Francesco Viviano, journaliste à La Repubblica.
Pour l’instant, aucune mise en examen n’a été notifiée au sénateur Dell’Utri, l’ami de Berlusconi, déjà condamné pour association mafieuse, qui se veut serein : "Je ne comprends pas, je ne comprends pas vraiment cette clameur - dit-il - C’est vrai, on m’a offert d’organiser le vote des Italiens de l’étranger, mais tout le monde le fait, depuis toujours, pour tous les partis et sous toutes les latitudes. Où est le scandale ?"
Un sénateur, déjà condamné pour association mafieuse, qui discute avec un homme d’affaires, qui est très proche des milieux mafieux calabrais, en vue de fausser les élections législatives… "Où est le scandale ?" La question n’est visiblement pas surréaliste… dans la philosophie berlusconienne !
Source : http://www.amnistia.net/news/articles/argsal/eletionsital/eletionsital_201.htm