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En Allemagne, le front syndical face aux réformes s’effrite
Publie le mercredi 15 septembre 2004 par Open-Publishing2 commentaires
de Adrien de Tricornot
A trois jours d’intervalle, deux leaders syndicaux ont révisé leur position face à la réforme de l’assurance-chômage du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder : d’un refus catégorique, Jürgen Peters d’IG Metall et Frank Bsirske de Ver.di sont passés à des offres de concertation. Le paquet de réformes sociales du gouvernement Schröder, censé rendre à l’Allemagne sa compétitivité, voire son image de "modèle" et son rang de primus inter pares au sein de l’Union européenne, reste cependant très impopulaire en Allemagne et, notamment dans L’ex-RDA. Dans ce contexte, le tout nouveau président allemand, le chrétien-démocrate Horst Köhler, auparavant directeur général du FMI, a pris un risque considérable en évoquant publiquement la possible pérennité des fortes inégalités entre l’Ouest et l’Est.
Francfort de notre correspondant
Le front du refus face à la réforme de l’assurance-chômage serait-il en train de se lézarder en Allemagne ? Dans une interview au Spiegel, lundi 13 septembre, l’un des piliers de la contestation, le président du syndicat IG Metall, Jürgen Peters, continue certes de critiquer la réforme mais propose aussi que les syndicats et le gouvernement s’associent pour en atténuer les effets. Le patron du syndicat regroupant l’automobile et l’électrotechnique indique qu’il se battra "pour des changements à l’intérieur du SPD" et non en dehors. Ce virage résulte d’un bras-de-fer intervenu avec le chancelier Schröder, dès le début juillet. Ce dernier avait alors attaqué bille en tête un autre leader syndical, Frank Bsirske, lui reprochant de n’avoir "rien à proposer sur le fond". Le chancelier social-démocrate avait eu une explication, à huis clos, assez vive avec certains dirigeants syndicaux membres du SPD, parmi lesquels M. Peters. "Tout le monde s’est dit ensuite qu’il valait mieux s’arrêter là, revenir à une discussion factuelle, ce qui a assez bien réussi ces dernières semaines", explique une source syndicale.
Or, rendue publique, vendredi, par le Frankfurter Allgemeine Zeitung, une lettre à ses permanents de Frank Bsirske, le président du syndicat des services Ver.di, fait aussi preuve d’une modération surprenante : "Nous considérons qu’il est mieux de prendre en compte les différents aspects dans la discussion, car il y a aussi des nouvelles réglementations qui apportent des améliorations aux personnes concernées", explique-t-il.
Au début de l’été, M. Bsirske lançait encore : "le gouvernement a échoué", quelques jours avant l’adoption, avec le soutien de l’opposition, de la quatrième étape de la réforme du marché du travail imaginée par le directeur du personnel de Volkswagen, Peter Hartz. Ce paquet "Hartz IV" prévoit la fusion des prestations d’assurance-chômage et d’aide sociale, après un an de chômage, ce qui aboutit à baisser rapidement les allocations versées aux chômeurs mais améliore dans certains cas, de quelques dizaines d’euros, les prestations versées aux demandeurs d’aides sociales.
Les conditions d’octroi de l’allocation sont complètement revues et dépendent des autres revenus comme du patrimoine de la famille. "Les inconvénients de la réforme restent plus lourds que ses avantages", explique toutefois Harald Reutter, un porte-parole de Ver.di, qui salue la simplification du régime du chômage en un seul guichet, l’accès à des services de placement et à des formations qualifiantes pour les bénéficiaires de l’aide sociale. Il estime également positif que "certains bénéficiaires actuels de l’aide sociale, notamment les personnes élevant seules leurs enfants devraient recevoir des prestations plus élevées".
Du côté des inconvénients figure l’obligation d’accepter tout travail, même inférieur à ses qualifications et même rémunéré en dessous des accords de branche (dont l’application est facultative) et la façon dont est comptabilisée l’épargne-retraite des chômeurs. Autre inquiétude : l’embauche de chômeurs dans des travaux d’intérêt général leur rapportant un euro de l’heure, en plus de leur allocation.
OPTIMISME AU SPD
Dans sa lettre, M. Bsirske précise que sa centrale n’appelle pas à participer aux "manifestations du lundi" organisées, depuis juillet, dans l’Est de l’Allemagne, sur le modèle des protestations ayant précipité la chute du Mur il y a quinze ans, ni à prendre part au grand rassemblement anti-réformes prévu le 2 octobre à Berlin. Il invite les sections syndicales à se déterminer au niveau local quand aux modalités de leur soutien.
L’objectif : tenter d’influencer les mesures d’accompagnements de la réforme Hartz IV et marquer des points sur les autres dossiers à venir comme la réforme du salaire minimum ou la Bürgerversicherung, un projet de couverture sociale universelle.
Avec le relatif essoufflement des "manifestations du lundi", le secrétaire général du Parti social-démocrate Franz Münteferring voit des signes que "le vent tourne". "Nous ne gagnerons pas les élections malgré mais à cause de Hartz IV", lance même M. Müntefering dans une interview au dernier numéro de Welt am Sonntag, estimant que les électeurs sauront récompenser finalement la coalition au pouvoir pour sa conduite "des réformes nécessaires". Un tel optimisme a de quoi surprendre après la défaite du SPD dans la Sarre début septembre, et à une semaine de deux élections régionales dans l’Est de l’Allemagne, où les partis de gouvernement devraient être, selon les sondages, sévèrement sanctionnés, au profit notamment des ex-communistes du PDS qui devraient gagner trois à quatre points, atteignant 19 % en Saxe et 27 % dans le Brandebourg.
Exploitant le mécontentement face à la réforme du système social, les néo-nazis du NPD sont par ailleurs crédités par les sondages de 5 % à 9 % des suffrages en Saxe et la formation d’extrême-droite DVU de l’ordre de 5 % dans le Brandebourg. "L’Allemagne est une nation libre, démocratique. Et tout ce qui nous lie au cloaque brun nous porte atteinte, porte atteinte à l’Allemagne et porte atteinte à notre réputation aux yeux des investisseurs étrangers", s’est inquiété, samedi, Gerhard Schröder.
http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-379017,0.html
Messages
1. > En Allemagne, le front syndical face aux réformes s’effrite, 15 septembre 2004, 19:13
propagande du Quotidien vespéral des marché ex monde
au contraire nombres de site d’informations libres allemands annoncent le contraire
anarcho punks paris
1. > En Allemagne, le front syndical face aux réformes s’effrite, 16 septembre 2004, 10:21
N’avez vous jamais remarqué que les titres des médias ( qu’on a peu entendu à propos de ce mouvement social d’ampleur - c’est vrai c’est pas la bourse ! ) annoncent toujours après quelques semaines : le mouvement s’effritte. C’est le stade précédant l’occultation complète...