« En aucun cas TV5 Monde ne deviendra la voix de la France » ???

« En aucun cas TV5 Monde ne deviendra la voix de la France »

FRANCOPHONIE. Entretien avec le PDG de l’audiovisuel extérieur français.

Sylvain Besson
Mercredi 23 avril 2008

La crise s’envenime à TV5 Monde : les partenaires non français de la chaîne francophone (télévisions suisse romande, québécoise et belge) refusent de parler au PDG de l’audiovisuel extérieur de la France, Alain de Pouzilhac.

Le Temps : Le conseil d’administration de TV5 Monde n’a pas pu se tenir la semaine dernière. Que s’est-il passé ?

Alain de Pouzilhac : Quand je suis arrivé au conseil, le quorum n’était pas réuni. Les trois représentants des chaînes francophones, ceux du personnel et celui d’Arte étaient partis. J’ignore pourquoi. Depuis deux mois, nous tentons, avec Christine Ockrent [ndlr, directrice générale déléguée de l’audiovisuel extérieur], de rencontrer les partenaires francophones, mais en vain...

– Ce n’est pas très poli...

– J’ai bien conscience que depuis le début de la réforme de l’audiovisuel extérieur de la France une incompréhension prédomine. Il semblerait qu’un manque de communication ait contribué à crisper les partenaires francophones. Mais ce qui me frappe, c’est que personne ne relève les concessions que nous avons faites : le fait que l’audiovisuel extérieur de la France n’ait pas la majorité des actions dans TV5 Monde, la création d’un poste de directeur général délégué qui sera confié pour la première fois à un francophone, la formation de comités (distribution, nominations etc.) dont certains seraient dirigés par des francophones. Nous essayons de trouver un équilibre entre la France, qui possède 66% de la chaîne et qui paie 83% de son fonctionnement, et les francophones qui en possèdent 33% et paient 16%. Dans ces conditions, il n’est pas inconvenant que le président directeur général de TV5 Monde soit Français, comme cela a toujours été le cas.

– Pourquoi cette crise est-elle devenue aussi aiguë ?

– Je regrette qu’on se soit placé sur un terrain politique alors qu’on devrait être obnubilés par la stratégie et le développement de la chaîne. Avec Christine Ockrent, nous pensons qu’il y a incontestablement des moyens d’améliorer le contenu de TV5 Monde. Par exemple, il faut que l’actualité soit diffusée à des heures où les gens puissent la voir. Et il faut qu’on arrête de parler seulement de la couverture de la chaîne, mais aussi de son audience. Etre diffusé, c’est bien, être regardé, c’est mieux.

– Les partenaires francophones craignent que TV5 Monde perde son indépendance...

– Des rumeurs ont fait croire que TV5 Monde perdrait son indépendance et deviendrait la voix de la France, ce qui est totalement faux ! En aucune façon le président Nicolas Sarkozy n’assimile la chaîne à une filiale de l’audiovisuel extérieur de la France. Elle est considérée comme un partenaire à part entière.

– Etes-vous prêt à faire d’autres concessions à vos partenaires ?

– Ce qui m’importe maintenant, c’est la décision du conseil d’administration sur les propositions de gouvernance que nous avons faites. De notre point de vue, je crois qu’on a fait beaucoup pour montrer notre bonne volonté.