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En "haut lieu", on ne supportait plus "Arrêt sur images"...
Publie le jeudi 28 juin 2007 par Open-Publishing4 commentaires

Suite à la décision de Philippe Vilamitjana, directeur des programmes de France 5, « Arrêt sur images », après douze années de diffusion, ne sera pas reconduite sur la chaîne. Elle sera remplacée par une autre émission où interviendront de « grandes signatures de la presse ».
Après l’arrêt du « premier pouvoir » d’Elisabeth Lévy sur France Culture, après la suppression de "Charivari" sur France inter, la déprogrammation de l’émission de Daniel Mermet, « Là-bas si j’y suis » sur cette même radio, avec un ciel couvert de nuages sur l’émission de Serge Moati « Ripostes », c’est au tour de Daniel Schneidermann d’être « remercié ». On veut ainsi remplacer toutes les émissions d’investigation et de réflexion par d’autres émissions où le bavardage mondain est la règle…
Si les intérêts financiers et marketing prennent souvent le pas sur le respect du téléspectateur ou de l’auditeur, c’est aujourd’hui, avant tout, la volonté du pouvoir politique de contrôler parfaitement les radios et télés publiques qui explique ces disparitions, déprogrammations ou menaces diverses.
Arrêt sur Images décortiquait chaque dimanche, sur la chaîne de service public France 5, la fabrication des images montrées par les télévisions. Cette émission portait ainsi un regard critique sur la production télévisuelle et incitait à réfléchir sur le sens et le choix des images qui pénètrent dans des millions de foyers en mettant à jour certaines manipulations. Quand beaucoup regrettent la quasi-absence d’éducation à l’image dans notre système éducatif, Arrêt sur Images effectuait un réel travail d’éducation populaire.
Le directeur des programmes de France 5, Philippe Vilamitjana, a motivé sa décision par une volonté de "renouveler les programmes et d’ouvrir un espace de décryptage de l’information" ! Il a également assuré n’avoir aucun reproche à faire à l’émission et à son animateur, Daniel Schneidermann.
Si Alain Taieb, producteur de l’émission, reconnaît au directeur son "droit à décider la reconduction d’une émission", il regrette la disparition d’Arrêt sur images, "émission emblématique de France 5 et à laquelle, manifestement, Vilamitjana n’avait rien à reprocher".
Alors, pour quelles raisons cette émission a-t-elle été supprimé ? On ne saurait évidemment évoquer un audimat insuffisant : ce serait un mensonge au regard des taux d’écoute, et de toutes façons incongru sur une chaîne de service public à mission éducative. On ne peut arguer de fautes professionnelles : les analyses critiques produites par l’équipe d’Arrêt sur Images n’ont jamais été démenties.
Ce serait l’ « esprit » de l’émission qui déplairait ?
Ou bien le petit monde de la télé ne souffrirait pas qu’on analyse ses travers ?
Ou bien « on » considérerait que le public ne serait pas assez adulte pour constater que l’information qui lui est donnée est parfois « aménagée », voire falsifiée ?
Ou bien, en plus ou moins haut lieu, on ne goûterait pas la liberté de ton, cependant toujours mesuré, de l’émission ?
Daniel Schneidermann revient sur cette décision sur son blog « Big Bang Blog » :
"Enfin, je pense à eux, évidemment, au quatuor des assassins tremblants. Tous ces mois à ronger leur frein, à attendre l’heure, avant de porter enfin le coup de poignard. Tous ces mois, ou toutes ces années (...), Claude-Yves Robin (directeur général de France5), Philippe Vilamitjama (directeur de l’antenne), Patrice Duhamel (directeur général de France Télévisions), Patrick de Carolis (PDG) : je ne sais pas, dans le quatuor, qui a tenu le poignard, qui a tenté de retenir la main de qui, qui s’est caché derrière qui. A vrai dire, ça m’est égal. Tous quatre sont à mes yeux responsables."
Les agissements de ces quatre mousquetaires ne sont pas sans rappeler les auteurs des « purges » récentes sur France inter. L’actuel président de Radio France Jean-Paul Cluzel, Inspecteur général des finances, longtemps collaborateur de Jacques Chirac, ami intime d’Alain Juppé et récemment reconverti au Sarkozysme n’a pas jamais fait mystère de ses idées « de droite, catholiques et libérales » (entretien donné au Figaro magazine). Depuis son arrivée, marquée par une brutale reprise en main provoquant le départ de personnalités emblématiques comme Pierre Bouteiller et Jean-Luc Hees, France Inter a perdu plusieurs centaines de milliers d’auditeurs. Quant à Frédéric Schlessinger, directeur nommé à la tête de la station et ancien responsable du pôle radio du groupe Lagardère, il s’est empressé de couper quelques têtes parmi les plus chères aux auditeurs, notamment Alain Rey, une des voix les plus aimées d’inter.
Si certains veulent croire que toutes ces émissions et aujourd’hui Arrêt sur images n’intéressaient personne, le public, lui, s’est toujours largement manifesté en leur faveur. Arrêt sur Images est une émission utile à l’éducation critique et à la culture. Elle est, malheureusement, unique sur les chaînes de service public. Il faut la maintenir !
– Pas d’arrêt pour Arrêt sur Images : Signez la pétition !
Arrêt sur Images va disparaître du paysage audiovisuel français.
Cette décision "sans réelle explication" n’a pas lieu d’être sur une chaîne publique qui se présente comme une chaîne pédagogique.
Arrêt sur Images est une des rares émissions (si ce n’est la seule) qui exerce un regard critique sur la télévision et sur l’image en général.
Nous demandons que cette émission soit maintenue.
– Premiers signataires :
Paul Alliès (université Montpellier1), Gabriel Amard (Conseiller général 91) Hélène Amblard (journaliste, écrivain), Daniel Amiot (conseiller 6e Arrdt Marseille), Patrick Arz (conseiller mun. Hérouville Saint Clair), Vincent Assante (Cons Nat. PS), Rémi Aufrère (conseiller mun. Le Cendre, revue Défense et citoyen) Clémentine Autain (adjointe au maire de Paris), Isabelle Beldame, Rudolf Bikouche (université Lille), Jean-Marc Bombert (créateur sites internet) Julien Boucher (Macaq Troubadours), Florence Bray (université Angers) Lucile Bresson (comédienne), Michel Bührer (journaliste, Groupe Info en danger, Suisse), Adé Caldeira (Fédération Nationale des Associations Portugaises de France) Pierre Carassus (maire de Vaux le Pénil), Bruno Chabert (Radio France), Philippe Cohen (Marianne), Alain Collet, Alexis Corbière (adjoint au maire du 12e Arrdt de Paris), Serge de Albertis (Arthotèque de Nîmes), Denis Delarasse (Tranversel), Christophe Deleu (université Strasbourg 3), Monique Dental (universitaire, Collectif Ruptures), Emmanuel Dupuy (U2R), Yvette Fabre (ATTAC), Jacques Fijalkow (universitaire), Patrice Finel (Pt délégué Conseil général 91) Jean-Christophe Frachet (conseiller du 2e arrdt de Paris), Jacques Gaillot (évêque de Parthénia), Delphine Gerbault (journaliste), Angélique Giorgi (journaliste, La Marseillaise), Vincent Glenn (cinéaste) Jean-Luc Gonneau (conseiller du 17e arrdt de Paris), Mehdi Guadi (Verts Paris), Jacques Guénée (Terrritoires et Cinéma, Léo Lagrange), Pierre Henry (France Terre d’Asile), Ulysse Hiraishi (enseignant Tokyo),Jean-François Kahn (Marianne), Elisabeth Koreicho (plasticienne), Dominique Jamet (écrivain, journaliste), Michel Lefebvre (GAPSE), Jeannick Le Lagadec (adjointe au maire Champigny), Laurent Levard (commerce équitable), Kwamé Maherpa (écrivain) Bernard Maris (universitaire, Charlie Hebdo) Annette Mateu Casado (adjointe au maire Villemolaque), Henri Maurel (Radio FG), Claude Michel (adjoint au maire de Vitrolles), Jean-Christophe Mikhaîloff (conseiller 11e Arrdt Paris), Fatiha Mlati (France Terre d’Asile), Ismaël Omarjee (Université Paris X), Gérard Pénit (médecin), Michel Pochard (Pt association de locataires), Christian Prat (chercheur), Pierre Puyade, Claude Rivard (MRC 33), Louise Verreault (Résistance 7e Art), Arnaud Viviant (journaliste), Cactus/La Gauche !, Résistance 7e Art…
– Pour signer la pétition :
Messages
1. En "haut lieu", on ne supportait plus "Arrêt sur images"..., 29 juin 2007, 07:25
Bonjour,
Daniel Schneidermann déjà victime d’un licenciement du "Monde" pour un différent avec Colombani (et Minc dans l’ombre) .
Suppression de "Arrêt sur Image" une atteinte à la liberté d’expression ? Sans aucun doute.
Daniel Schneidermann apelle à la solidarité de ses confrères journalistes et de toute la "blogosphère" .
Mais cependant je ne signerais pas la pétition.
Pourquoi ?
Parce que lorsqu’il est en position de force ( quand il est "patron" ) il applique les mêmes méthodes qui ont été et qui sont aujourd’hui utilisées à son encontre.
Un article ( avec de nombreux liens pour comprendre toute les deux affaires ) sur le site ACRIMED :
"Daniel Schneidermann, deux fois en appel : un procès gagné, l’autre pas"
http://www.acrimed.org/article2633.html
Kimble
1. En "haut lieu", on ne supportait plus "Arrêt sur images"..., 29 juin 2007, 08:14
OUI MAIS :
" Redisons-le. Quoi que l’on pense de cette émission qu’il nous est arrivé de critiquer, parfois sans ménagement, (mais sur laquelle il nous est arrivé aussi de nous appuyer quand elle fournissait des éléments qui nous semblaient indispensables), quels que soient les différences et les différends entre Acrimed et l’animateur d’ « Arrêt sur images », nous ne saurions accepter une suppression d’autant moins tolérable qu’elle est le fait du Prince (qui exerce un pouvoir discrétionnaire et arbitraire) et qu’elle recourt à des arguments (de façade) d’une totale désinvolture. Plutôt le conflit que le silence !
Nous proposons ici, provisoirement, un article évolutif d’informations. Il sera complété peu à peu. ..."
http://www.acrimed.org/article2649.html
2. En "haut lieu", on ne supportait plus "Arrêt sur images"..., 30 juin 2007, 11:04
Tiens, il me semblait qu’un grand écrivain et philosophe français disait "Je ne suis pas d’accord avec vous, mais je me battrais pour que vous puissiez vous exprimer". Qu’elle soit de droite ou de gauche, la France a bien changé depuis Voltaire.
3. En "haut lieu", on ne supportait plus "Arrêt sur images"..., 1er juillet 2007, 10:24
kimble tu dis :
"Mais cependant je ne signerais pas la pétition.
Pourquoi ?
Parce que lorsqu’il est en position de force ( quand il est "patron" ) il applique les mêmes méthodes qui ont été et qui sont aujourd’hui
"
j’ai signé la pêtition et j’ignorais ce fait..Mais ça ne change rien à mon soutient.
Et je pense qu’il faut lutter contre la censure partout,quitte à condamner demain ceux qu’on à défendus auhourd’hui.
larret sur image est une emission intelligente qui fait vreflechir le telespectateur,et donne la parole à ceux qui n’ l’ont jamais ailleurs !
Défendons là et soyons critique avec Scneidermen !
Damien