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Et si Jerôme Kerviel n’était qu’un lampiste ?

Publie le lundi 28 janvier 2008 par Open-Publishing
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FRANCE / Le trader de la Société Générale devrait être mis en examen
Et si Jerôme Kerviel n’était qu’un lampiste ?

JOELLE MESKENS

dimanche 27 janvier 2008, 21:18

LES DOUTES s’accumulent autour du scandale de la Société Générale. Kerviel a-t-il vraiment agi seul ?

De notre envoyée permanente

Il collabore. Il s’est rendu lui-même à la brigade financière du parquet de Paris, samedi midi. Il parle. Depuis son placement en garde à vue, il répond à toutes les questions. « L’enquête est extrêmement fructueuse », précise même le parquet. Mais selon certaines sources, Jérôme Kerviel serait complètement dépassé par les événements.

Depuis vendredi, sa photo s’affiche dans les journaux du monde entier. Le trader de 31 ans aurait fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société Générale. Il pourrait être mis en examen dès ce lundi. Deux plaintes ont été déposées. La première, contre X, émane d’un petit porteur de la banque, et vise des faits de faux, abus de confiance et escroquerie. La seconde plainte, déposée par la Société Générale, le vise nommément. Elle concerne elle aussi des faits de faux en écriture, mais aussi l’intrusion au sein du système informatique de la banque.

La garde à vue du trader s’achève ce lundi. Il devrait ensuite être présenté à un juge d’instruction qui pourrait lui notifier sa mise en examen. Kerviel serait alors placé en détention ou laissé en liberté sous contrôle judiciaire.

Mais quatre jours après la révélation de l’énorme scandale, les doutes se font de plus en plus nombreux. Un seul homme a-t-il pu déjouer tous les systèmes de contrôle au point d’engager des sommes aussi faramineuses ?

Le président de la Société Générale, Daniel Bouton, maintient en tout cas sa version d’une fraude certes énorme mais isolée. Et de chercher à tout prix à rassurer : ni les clients ni les contribuables n’auraient à s’inquiéter, la banque n’étant pas dans le rouge.

Mais si Kerviel a agi seul et si les dirigeants de la banque s’en sont aperçus dès le week-end du 20 janvier, pourquoi ont-ils attendu plusieurs jours avant de tirer la sonnette d’alarme ? Seulement pour solder les opérations frauduleuses du courtier et limiter ainsi les pertes ? Et, si c’est le cas, la banque, qui indique que ces positions frauduleuses atteignaient 50 milliards (soit dix fois plus que les pertes finalement enregistrées !) avant d’être soldées, ne porte-t-elle pas une part de responsabilité dans la chute vertigineuse de la Bourse la semaine dernière ? Beaucoup de questions restent en suspens et la justice ne sera pas seule à vouloir démêler l’écheveau. Au niveau politique aussi, on s’interroge.

« Un système qui perd la tête »

D’Inde, où il était en visite officielle, Nicolas Sarkozy a porté une violente charge contre la spéculation financière : « Un système qui perd la tête quand il peut générer autant de pertes et de profits en quelques heures. » La ministre de l’Economie Christine Lagarde devra remettre sous huit jours un rapport au Premier ministre François Fillon. Mais cela suffira-t-il à éclairer les élus ? Pas sûr. La commission des Finances du Sénat procédera en milieu de semaine à des auditions. Et avant même que Daniel Bouton soit entendu, le député socialiste Pierre Moscovici réclame sa démission.

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