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Et si le travail devenait l’enjeu des élections.

par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Poste

Publie le mercredi 11 avril 2012 par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Poste - Open-Publishing
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Il fut un temps où le travail était au centre de la réflexion politique or, ce n’est malheureusement plus toujours le cas aujourd’hui.

Pourtant, la réalité des troubles musculo-squelettiques et des « risques psychosociaux », le chômage au plus haut niveau, l’explosion du nombre de travailleurs pauvres, la précarité grandissante du travail et du hors-travail accentuée par la crise économique et financière conforte l’idée que le travail est un problème. Et qu’il n’a plus de portée émancipatrice.

La réalité c’est que la souffrance au travail se généralise et s’aiguise au point de provoquer des drames comme dernièrement les suicides à La Poste.

Plus personne ne peut désormais masquer cette réalité, mais on préfère tenter de soigner les conséquences plutôt que s’attaquer aux causes du problème.

Or, c’est le travail lui-même qui est malade et qu’il faut donc transformer pour que les salariés puissent s’y épanouir, s’y émanciper et, au sens propre du terme, y gagner leur vie et ne pas la perdre.

Ce n’est pas le travail qui rend malade mais le mal-travail car ce qui crée la souffrance, c’est que tous les jours on empêche les salariés de bien travailler.

Quand un facteur doit distribuer dans de mauvaises conditions, le courrier de sa propre tournée de distribution avec celui de certains de ses collègues à cause des sous effectifs, il se trouve en conflit éthique avec lui-même, ses valeurs et le sens même de son travail, ce qui est en soi générateur de pathologies.


Depuis son ouverture du capital, les dirigeants de La Poste s’emploient avec énergie à singer les techniques de gestion du privé dans le but d’augmenter les dividendes des actionnaires et il n’est donc pas étonnant d’y retrouver les mêmes symptômes.

Tout est décidé d’en haut à partir 
des seuls critères financiers, d’objectifs inatteignables ou de normes inadaptées au travail réel.

Il n’y a aucune fatalité à ce que cela perdure. Face à l’urgence de la situation dans l’ensemble des services de La Poste, il n’y a pas à attendre pour changer le travail et son organisation.

De la même façon que les salariés peuvent espérer gagner par la lutte syndicale des augmentations de salaires, ils peuvent ensemble changer le travail et ses organisations. 


C’est pour toutes ces raisons que les organisations syndicales de La Poste ont affirmé à l’unanimité leur volonté d’aboutir par de véritables négociations sur l’organisation, les conditions et le contenu du travail à la Poste par l’instauration d’un véritable dialogue social et notamment sur l’urgence de mesures concrètes pour les personnels.

Face à cette situation, le PDG Jean Paul Bailly communique sur « un grand dialogue », mais reste dans les faits figé dans son monologue en cherchant la réponse dans le déni et dans la fragilité inhérente à l’humain plutôt que dans l’organisation du travail et la logique de son système arrivé à bout de souffle.
Aujourd’hui, outre le fait de s’insurger et de réagir sur des cas de suicides, de licenciements de travailleurs handicapés ou d’inaptes, il est plus que temps de replacer l’emploi, l’organisation du travail, le service public, les salaires, la reconnaissance de la pénibilité et la retraite au centre de solutions alternatives.

Jusqu’à preuve du contraire, le travail reste un vecteur essentiel pour changer la société et ouvrir des perspectives de transformations sociales.

La période électorale que nous vivons mériterait que l’on s’y attarde !

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Messages

  • Je suis entièrement d’accord avec vous, il est temps de réagir et de faire prendre conscience aux décideurs politiques qu’il y a urgence ! J’ai moi-même sorti mon "coup de gueule" un essai autobiographique intitulé "fonctionnaire malgré moi" qui vient de sortir et dont la presse se fait actuellement l’écho. Comme vous, je tente de sensibiliser l’opinion et les médias, car, nous le savons, les politiques n’emboîteront le pas qu’à cette condition....Pour en savoir plus sur mon livre, parcourez mon blog fonctionnairemalgremoi.over-blog.com afin d’y découvrir les commentaires de mes premiers lecteurs et leurs témoignages, ceux des experts qui réagissent, la presse... Il faut unir les efforts de chacun pour faire en sorte que cette question de bien-être au travail devienne une priorité et qu’il ne faille pas attendre encore 5 ans pour en parler. Combien de suicides encore faudra t’il sinon ?