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Et ta mère ? elle participe à la quinzaine solidaire ?

Publie le jeudi 6 mai 2004 par Open-Publishing

Alter-commerce, solidarités, responsabilité et épargne éthique…
Cocktail équitable : à boire et à manger avec ou sans modération.

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A l’heure de la quinzaine solidaire et du grand débat sur les perspectives du commerce équitable, une analyse de la situation s’impose à une période charnière pour l’avenir des pratiques alternatives. Quel crédit donner à ces initiatives ?

Entre Max le batave et Edouard de Landerneau quelle place pour de vrais échanges et pour de justes causes ? Alors lumière blanche sur un tableau pas si noir…

En consommant responsable, l’individu exprime un choix au quotidien qui n’obéit pas à une stratégie mercatique à une quelconque mode et à une question de prix, il a une influence sur les conditions de travail de ceux qui produisent et sur l’environnement. Aujourd’hui quelles alternatives s’offrent à nous pour mieux consommer en adaptant notre mode de vie et en épargnant autrement ?

Les préoccupations de sécurité alimentaire ont émergé durablement dans l’esprit des citoyens, le refus des OGM et du productivisme avec le souci de la qualité des produits ont instauré ce débat de santé publique essentiel à l’heure du triomphalisme libéral. La manipulation de la publicité et la saturation par la pub dévastatrice ont fait naître par réaction des citoyens actifs et responsables. Cette prise de conscience contre les puissances financières qui poursuivent des actions douteuses voire inacceptables s’est accélérée dans un souci de transparence et de traçabilité. Dès lors, il devient primordial de soutenir les entreprises qui ont décidé de limiter les excès du libéralisme et de rentabilité en faisant le pari que respecter l’environnnement, leurs salariés, leurs investisseurs, leurs clients, serait bénéfique en les contrôlant régulièrement.

Aujoud’hui les états riches veulent soumettre les pauvres aux règles de l’OMC 1. Dans ce monde mal développé, un pays qui refuse les aliments génétiquement modifiés est sanctionnable au nom de la liberté du commerce alors qu’un pays qui ne respecte pas les droits de l’hommme ni son environnement peut être blanchi intégralement.

A l’heure de la crise écologique, de la pub outrancière qui oriente nos choix et alimente de plus en plus d’obèses, acheter Gap, manger fast-food et rouler en grosse berline devient suicidaire. Quand la délocalisation sert le Nord grassement, le Sud trinque avec de bas salaires et sans protection sociale. Comment modifier les mécanismes du commerce international en les retraduisant par transparence et justice ?
Abolir des rapports inégaux, des nouvelles formes de solidarité s’expriment comme le commerce équitable qui vise à payer le travail à sa juste valeur.

Pour autant cette entreprise médiatique de la quinzaine solidaire appelle à la vigilance au moment où l’image de la paysannerie est dégradée par la télé-réalité, la question du Nord/Nord revient pour affirmer notre soutien à l’égard des petits producteurs locaux proposant des alternatives agricoles et de consommation.

Dans ce contexte, quelle place accorder aux emplois solidaires au service de la charité-business ? En voie de professionalisation, le commerce équitable regarde enfin du coté des initiatives locales et la question d’emplois durables est d’actualité. Comment acheter du miel du Mexique quand notre voisin, à l’existence précaire, fournit le même produit sur le marché local et sans intermédiaires. Peut-on parler de produits équitables lorsque leur provenance implique un transport avec des bateaux peu exigeants en matière de maintenance, de sécurité, et de normes sociales et avec d’indéniables avantages fiscaux et des contrôles douteux. La grande distribution, s’appuyant sur une opération stratégique, vole au secours de l’équitable après avoir vidé les poches de nos paysans, Leclerc s’en lave les mains, Max Havelaar se les frotte. Ces pompiers pyromanes ont les poches noircies en s’achetant une conscience à bon compte.

L’exploitation du Sud a encore de beaux jours devant elle, les opérations mercatiques entretiennent l’illusion ; pour redorer son image le capitalisme financier opère un lifting de façade. Dans Le capital (Grasset), S. Osmont nous ramène aux dures lois de la mondialisation dans les coulisses grises de l’éthique des affaires.

Pour autant, des pratiques alternatives se développent, l’idée d’un juste prix payé au producteur, de consommer moins, de ne pas remplir son caddie, de résister aux appels des publicitaires et de limiter les surproductions et les pollutions se perpétuent. Inciter à respecter les saisons car les produits hors-saison nécessitent une surconsommation énergétique (et en eau), limiter les transports avec des produits locaux, telles sont les voies d’échappement au cycle carbonique. Enfin notre argent peut participer au financement de micro-projets (qui n’ont pas accès au crédit) et soutenir des projets sociaux (logement) et de développement local grâce à l’épargne solidaire.

Cela concerne des placements d’économies dans des fonds éthiques pour encourager les entreprises aux valeurs authentiques et leur permettre de financer des projets novateurs dans un souci d’éthique sociale et environnementale. Apparus aux USA dès les années 1920 à la demande des communautés religieuses qui refusent de pactiser avec le diable (alcool, tabac, armement), les fonds éthiques se développent en France dans les années 1990. La Nef, coopérative au service d’une « économie plus humaine » et de petits projets propose de souscrire des parts de capital et de déposer de l’épargne qu’elle met à disposition d’initiatives écologiquement et socialement utiles avec comme partenaire financier le Crédit Coopératif.

En donnant un sens à l’argent, ce fonds qui a une finalité humanitaire, doit se soumettre à un audit annuel et accepter un totale transparence de gestion financière ; le chômage et la précarité ont amené des militants associatifs et élus locaux à une promotion de la création d’emplois avec l’arrivée des « clubs cigales »2, sortes de tontines à la française pour investir dans des entreprises à forte utilité sociale. L’observatoire de l’éthique3 veille à la qualification des fonds en collaboration avec d’autres observatoires européens sur la labellisation en vérifiant leur identité à travers une démarche éthique globale sans pétrodollars.

A l’occasion des Jeux Olympiques en Grèce, le collectif de l’éthique sur l’étiquette 4 lance la campagne « jouez le jeu pour les J.O. » afin de faire pression sur les multinationales et briser l’opacité en vérifiant leurs engagements. Les vêtements courants ne sont souvent pas produits dans des conditions décentes, voilà une occasion pour la population et surtout les jeunes grands consommateurs de chaussures de sports d’ouvrir les yeux sur la qualité sociale (droits fondamentaux comme interdiction du travail forcé, non exploitation des enfants, liberté syndicale, organisation et négociation collective, respect du salaire minimum vital et durée maximale du travail, non discrimination et sécurité au travail). L’appréciation porte sur des critères liés aux pratiques et à la transparence. Les marques et surtout les grandes enseignes ont encore beaucoup de chemin à faire malgré la sensibilité des consommateurs néanmoins mal informés. Les gueules noires du Tiers Monde n’ont pas fini d’éponger leur sueur.

Force est de reconnaître que l’ethnique n’est pas éthique et responsabiliser les multinationales par le contrôle citoyen est un devoir permanent. L’autisme des consommateurs nourrit toutes les dérives libérales, l’acte politique se transmet ainsi par l’achat raisonné, l’ère de la consommation engagée a enfin sonné. L’AFSSA 5 créée en 1999 a montré la voix au principe de précaution, à l’information par étiquetage précis et complet contrôlant les intermédiaires pour redonner un visage humain au commerce et à son essence même d’échange, sans additif carbonifère.

Car pour détourner la campagne d’un grand distributeur qui fait de la récupération 6 « freiner la consommation, c’est urgent »

Gwel@n

1- Altermondialiste ? moi par Ritimo, Artisans du monde et CRID
2- Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Epargne Solidaire www.cigales.asso.fr
3- Le guide éthique du consommateur Albin Michel
4- Pétition www.ethique-sur-etiquette.org
5- Association Française de Sécurité Sanitaire des Aliments
6- www.actionconsommation.org