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Etre complice ?

Publie le vendredi 30 avril 2010 par Open-Publishing
3 commentaires

28/ 04 / 2010 Un enseignant souhant que le cahier d’un collégien soit tenu correctement récolte un coup de poignard.

28 /04 / 2010 Une surveillante souhaitant qu’un collègien cesse son tabagisme en établissement se fait rouer de coups.

30/ 04 /2010 Un enseignant se suicide en pleine salle des professeurs.

Que propose inlassablement la presse de gauche comme analyse de ce type de faits ; qui se multiplient ?

1er ensemble de réponse : la crise sociale.

Il faudrait en déduire, selon nos analystes se réclamant de la pensée de gauche, que la paupérisation d’une partie de la population serait à l’origine de ces dérives, et de ces délits. Il convient de ne pas empêcher les élèves qui sabotent les cours de faire leur besogne, car ce serait une injustice sociale. Et tant pis si deux ou trois voyous dans une classe privent du droit d’assister à un cours normal les trente autres.

Les défenseurs autoproclamés des défavorisés, qui glapissent contre le trop grand nombre d’exclusions disciplinaires, —en omettant de signaler que jusqu’à 16 ans, l’exclu est systématiquement invité à reproduire dans un autre établissement ce qui a justifié son exclusion—, expriment au passage le formidable mépris pour ceux qu’ils prétendent défendre.

2e ensemble de réponse, qui tend à se raréfier : l’école crée elle-même les conditions de la violence. Déni absolu du fait que depuis que l’institution exige que 80 % des élèves obtiennent le baccalauréat, cet examen n’a guère plus de valeur que’un chiffon de papier, et calomnies selon lesquelles le système scolaire serait répressif, alors qu’il n’a de cesse d’excuser les comportements les plus scandaleux et/ou délictuels d’un nombre croissant d’élèves et de leurs familles. La litanie des argessions physiques et verbales que subissent les personnels rend cette position de plus en plus obscène : elle tend à être réservée à des individus âgés, pétris de bons sentiments "anti-autoritaires".

3e ensemble de réponse : les suppressions de poste. Elles se chiffrent en dizaines de milliers depuis trois ans et ont évidemment un impact considérable. Elles contribuent à donner à certains élèves l’impression que l’impunité sera au rendez-vous. Mais pour beaucoup d’analyste se réclamant de la pensée de gauche, c’est la seule explication qu’ils avancent.

Raisons systématiquement occultées : le fait que la majorité des enseignants n’est plus en mesure de faire son métier, parce que la principale, mais pas unique, cause de la violence vient du fait que la plupart des élèves, de collège en particulier, n’a plus les moyens intellectuels de suivre les programmes, en tout cas, pas dans le contexte de perturbations chroniques qui est celui d’un cours aujourd’hui : il faut falors alsifier systématiquement les notes. Cela est une condition pour éviter le harcèlement de la hiérarchie, qui sanctionnera l’enseignant prenant simplement acte du fait, dans sa notation, que la copie qu’il corrige est celle d’un illettré. Mais il faut taire cette évidence, car le redoublement est désormais banni. Tous les enseignants n’ont pas encore courbé l’échine devant les méfaits ignobles et lâches provenant de chefs d’établissements de plus en plus nombreux. Mais ne pas être au garde-à vous à des conséquences : le chef d’établissement, dont la carrière dépend de son aptitude au déni des dysfonctionnements, supprime les sanctions demandées par les enseignants, les accuse d’être personellement responsables des violences qu’ils subissent, transmet à l’administration des rapports diffamatoires.

Il est euphémique d’affirmer que les enseignants ne sont pas soutenus par la hiérarchie. Ils sont bien trop souvent attaqués par leur hiérarchie.

Ceux qui résistent finissent en général en congé durable de maladie, ou mettent un terme anticipé à leur existence.

Car la profession enseignante est de toutes les professions, celle qui connaît le taux de suicide le plus élevé.

Le fonctionnement de l’Education nationale est criminel.

Messages

  • Rien à redire à cet article : on sent le vécu, et pas le vide abyssal des pseudo-théoriciens... sinon qu’on peut le compléter avec l’Ecole de la lâcheté de MT Maschino (Gawsewitch)

  • La solitude de l’enseignant et la "dérive" de la mission de l’éducation nationale sont bien traduits,me semble t’il.Même si je n’appartiens pas à la profession, j’ai pu les constater à travers divers "témoignages" ou ressentis.
    Face à cette détresse, impuissance : comment agir ?
    Il est évident qu’il est impossible de continuer ainsi.Aussi bien pour les enseignants eux-mêmes dont le malaise croît que pour bon nombre d’élèves qui ne trouvent pas leur place dans le système éducatif.(tout dépend du milieu bien sûr). Mais également pour les agents techniques et les gestionnaires d’établissement qui, indirectement subissent les agissements d’une minorité certes mais qui, par manque d’autorité, de sanctions nettes face à la violence (qu’elle soit verbale, physique) pollue tous les autres.(dégradations, tags etc...)

    L’autorité n’a pas bonne presse visiblement et pourtant...Si nous continuons à montrer une image de démission face aux agissements de certains élèves ( en faisant comme si l’on ne voyait rien par exemple), quel exemple, nous, adultes et responsables, donnons-nous à la jeunesse ?.Celle de la faiblesse ?Probablement.Je ne pense pas que c’est ce que les collégiens attendent.Ils ont avant tout besoin que l’on s’intéresse vraiment à eux, (comme tout être humain )et cela suppose : la récompense ET la sanction, selon.(pour faire simple car j’ai bien conscient que cela ne se résume pas en deux termes).Un cadre, des limites.Non, on ne fait pas ce que l’on veut dans la vie !Certes, leur avenir n’apparaît pas comme rose et leur violence traduit très certainement un manque de confiance en l’adulte ET mais une angoisse face à l’avenir aussi.
    Je reste persuadée que nous ne leur rendons pas service et à personne d’ailleurs.Ceci dit : cela ne signifie pas qu’il faut être rigide ou borné mais ferme tout en restant ouvert.L’équilibre n’est jamais facile à trouver ("la critique est facile, l’art est difficile)mais encore faut’il que derrière, il y ait une volonté et le courage de.

    Ne perdons pas de vue que les élèves actuels sont le devenir du pays.
    Je suis inquiète pour la société.

    Bon courage pour la suite, monsieur RS.

    ps : j’ai peut-être été HS hors sujet en partie ?

  • une suggestion que Ségolène Royale, parmi d’autres, avait évoqué lors de la campagne présidentielle :

    Pour les élèves en difficulté scolaire : je pense que la création d’internats pourrait être envisagée et mise en pratique. Ils seraient encadrés, apprendraient ce que signifie vivre en société, avec les contraintes que cela suppose mais aussi les plaisirs que cela procure.etc...Puisque bien souvent, la famille ne tient pas son rôle d’éducation pour x raisons.(il existe aussi des "fortes têtes" !).

    A suivre...