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Exposition historique "La Commune de Paris (1871)"

Publie le vendredi 2 avril 2004 par Open-Publishing

L’Hôtel de Ville de la capitale accueille, en partenariat avec l’Association des Amis de la Commune de Paris 1871, un mémorable parcours historique (1).

Est-il possible de montrer les soixante-douze jours de l’épopée de la Commune de Paris 1871 ? Est-il possible de recréer les soixante-douze jours que les livres d’histoire, depuis plus de cent trente ans, s’efforcent d’oublier, de négliger, de dénoncer, de calomnier ? Est-il possible de saluer Eugène Varlin, Zéphirin Camélinat, Louise Michel, Nathalie Le Mel, Paule Minck, Leo Frankel, Élise Reclus, Prosper-Olivier Lissagaray, Raoul Rigault, Maxime Vuillaume, Gabriel Ranvier, Eugène Pottier, Jean-Baptiste Clement, Marceline Leloup, Adèle Gauvin, Eulalie Papavoine, Marie Lecomte, Elisabeth Dmitrieff qui, avec tant d’autres, se sont battus pour imaginer un univers différent, pour briser l’exploitation d’un prolétariat soumis aux exigences féroces du patronat ?

Pari tenu, pari gagné à l’Hôtel de Ville de Paris qui accueille, en partenariat avec l’Association des Amis de la Commune de Paris 1871 (créé en 1882), une mémorable exposition historique. Claudine Boni-Teucquam, Pascale Le Thorel-Daviot, Jean-Louis Robert, Claude Willard, Alain Frappier et Guy Paellaert ont réussi une entreprise difficile. Une précision : le vers célèbre de Victor Hugo : " Le cadavre est à terre, mais l’idée est debout ", n’a pas été écrit au terme de la Semaine sanglante mais en 1867, dans le poème Mentana, rédigé quelques jours après la défaite de Garibaldi, à Mentana, le 3 novembre 1867.

Une suite de panneaux rappelle, notamment, la première Internationale (le relieur Varlin en fut le principal et fécond animateur avant d’être assassiné, le dernier jour de l’épopée, sur dénonciation d’un prêtre en civil), la chute de Napoléon le Petit, le peuple de la capitale en 1870, le siège, l’insurrection du 18 mars, l’éuvre sociale. L’accent est mis sur le rôle fondamental des Communardes, présentes, actives, imaginatives. Les Versaillais ne manqueront pas de les piétiner. Alexandre Dumas fils (de l’Académie française) brame : " Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes à qui elles ressemblent quand elles sont mortes. " Pour beaucoup elle relèvent de " la folie furieuse, de la frénésie fanatique.

La Commune donne aussi naissance au principe de l’école laïque, éuvre pour l’accès de tous à la l’instruction et à la culture. Du 21 au 28 mai, Adolphe Thiers, avec la complicité de Bismarck, fait écraser les Communards par les troupes du maréchal de Mac Mahon et de ses soudards étoilés. Journées terribles ou le sang coule à flot. Pas de pitié. Il faut que la classe ouvrière soit à jamais exterminée. " Nabot " Thiers, avec la bénédiction d’une assemblée rurale et peureuse, peut se réjouir. Les tribunaux militaires rendront des verdicts impitoyables. On découvre, aussi, sur les murs de l’Hôtel de Ville, quelques titres d’une presse abondante. L’écrit est fondamental pour défendre ses idées, polémiquer, interpeller.

Rappel, également, des tentatives communardes en province : elles sont très vite broyées à coups de fusil et d’exécutions sommaires. Cette belle, forte, dense exposition montre la richesse infinie de ces soixante-douze jours. Les Communards, " ivres d’espoir partiront à l’assaut du ciel ", rappelle joliment Claude Willard. Malgré espoirs, déceptions et défaites, la classe ouvrière n’est pas en permanence la grande vaincue. L’espoir est présent. Le creuset de la Commune demeure fécond.

Pierre Ysmal

(1) Exposition jusqu’au 8 avril, entrée libre par le parvis de l’Hôtel de Ville. Du lundi au dimanche inclus de 10 heures à 18 heures.

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