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FIN de MANIF : LE FEU RUE DE LA ROQUETTE
Publie le mercredi 13 octobre 2010 par Open-Publishing3 commentaires
Voici comment s’est vraiment terminée la manif de mardi à Paris. Course pousuite dans la rue de la Roquette, derrière la Bastille. Quelques poubelles incendiées. "Prélèvement" musclé de quelques camarades qui ont été conduits dans les paniers à salade par une cinquantaine de robotcops, suivi par une dizaine d’observateurs.
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1. FIN de MANIF : LE FEU RUE DE LA ROQUETTE, 13 octobre 2010, 20:54
Témoignage
J’ai été tabassée par la police à la fin de la manif pour les retraites
Par Sylvie Rouat | Journaliste scientifique | 13/10/2010 | 10H55
http://www.rue89.com/
Le 12 octobre, jour de grève et de manifestations en France, j’ai été tabassée par la police place de la Bastille, à Paris après avoir conduit mon fils au solfège. Dans quel pays suis-je en train d’élever mon enfant ?
19h30 : fin de journée de travail très chargée
Après avoir conduit mon fils au solfège, je m’installe à une terrasse de café donnant sur la place de Bastille. Ce jour-là, j’ai travaillé tard et n’ai pas participé à la manifestation contre la réforme des retraites.
Le cortège s’est étiolé et il ne reste qu’une centaine de personnes assemblées à quelques mètres de moi, autour du génie de la Bastille. L’ambiance est conviviale : les manifestants discutent en groupes épars, en mangeant des sandwiches.
19h50 : je quitte le café
Il me reste un peu de temps avant d’aller chercher mon fils à la sortie du cours, et je décide de passer par la place de la Bastille pour « prendre le pouls ». Je suis journaliste et… curieuse.
Sous le génie, je vois une trentaine de CRS (décompte de mémoire). En face d’eux, des groupes discutent autour d’un feu de camp : des papiers et une carcasse de fer indéterminée (caddie de ménagère ? ) brûlent en face de l’opéra Bastille. Atmosphère de plage à Paris. L’ambiance est tranquille. Certains sont ivres -dragueurs mais pas agressifs. Un grand nombre de personnes sont installées sur les marches de l’Opéra.
20 heures : les CRS chargent
Ils sont maintenant plus nombreux. Cinquante, peut-être ? C’est la première fois que j’assiste à une telle scène. Pour eux, il s’agit de faire peur. Et cela marche.
A plusieurs reprises, je détale tel un lapin terrorisé, comme mes voisins. Des gens crient : « Ne courez pas, n’ayez pas peur ! » Mais c’est impossible : nous avons en face de nous des êtres harnachés comme des extraterrestres, dont la violence brute glace.
J’ai vraiment peur. Je ne sais pas ce que je fais là, je suis comme paralysée.
20h05 : je suis sur le trottoir, en face de l’opéra Bastille
Les CRS forment un cordon agressif au ras du trottoir. Plusieurs personnes sont tombées, ont été ramassées par les « manifestants ». Je suis affolée. Je tente de parlementer avec les CRS pour qu’ils nous laissent ramasser les gens à terre. Ils me rejettent. Violemment.
20h08 : un groupe d’hommes surgit
Je ne vois d’eux que ceci : cheveux courts, blousons noirs, matraques blanches et, à l’avant-bras, un brassard orange de la police. C’est un groupe rapide. Ils me jettent à terre, me donnent des coups de matraque. Mes yeux brûlent, ma peau est insupportable. Des jets de gaz ?
Tout le monde court autour de moi et je pressens que je vais être piétinée. Mais des bras me soulèvent, me mettent à l’écart. On me demande si ça va. Je sanglote à chaudes larmes. Je ne peux plus juguler le flux lacrymal. Toujours les gaz ?
J’ai mal. Partout. On me prend en charge, on m’éloigne plus encore, on veut me conduire à l’hôpital des Quinze-Vingt. Je comprends que j’ai les yeux injectés de sang. Mais je suis plus choquée que blessée, en définitive.
20h15 : cahin-caha, je m’éloigne de la place de la Bastille
En chemin, je croise une colonne de CRS : une trentaine d’hommes armés se dirigent vers le faubourg Saint-Antoine où se sont réfugiés les derniers manifestants. J’entends : « Fermez vos bulles ! » Ce qui veut dire : fermez vos casques, soyez prêts à l’affrontement !
Combien sont-ils en face ? 80 ? 100 ? Je ne comprends plus rien à cette fin de manifestation que j’entrevois violente.
20h19 : j’éclate en sanglots
En face de l’école de musique, prête pour la fin du cours, je regarde le génie de la Bastille. J’éclate en sanglots. Dans quel pays suis-je en train d’élever mon enfant ?
Je précise que je suis nièce d’un membre des Compagnies républicaines de sécurité, homme tendre et bon père. J’ai grandi dans des casernes et ai joué, enfant, avec ces casques qui m’ont tant effrayée ce mardi soir… Au final, je les connais bien ces hommes de l’ordre.
Est-ce que cela explique ce que j’ai vécu ce soir ? Je ne le crois pas. Il faut un contexte pour de tels débordements. La question est donc : quels étaient les ordres ?
1. FIN de MANIF : LE FEU RUE DE LA ROQUETTE, 13 octobre 2010, 21:01
" Quels ont été les ordres ? " dites-vous.... Mais les ordres, ils sont d’une limpidité enfantine ! Tout simplement : " Pas de nouveau Mai 68 à Paris ! " Voilà les ordres ! Voilà comment nous sommes gouvernés !
2. FIN de MANIF : LE FEU RUE DE LA ROQUETTE, 13 octobre 2010, 21:00
Les flics sont des mercenaires payés pour cogner,... On n’a rien à attendre d’eux !