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FORZA ITALIA : Le vocabulaire de Arcore, la révolution linguistique du Cavaliere
Publie le mardi 28 mars 2006 par Open-Publishing1 commentaire

Des paroles en liberté : les résultats d’une analyse minutieuse concernant les mots utilisés en douze ans d’activité par Silvio Berlusconi, le grand simplifieur, ont été rassemblés dans un volume
de A. CO. Traduit de l’italien par karl&rosa
La parole la plus utilisée par Silvio Berlusconi pendant ses 12 années et plus d’activité politique ? "Liberté". Toutefois, on ne s’étonnera pas de savoir que, parmi les différentes acceptions possibles du terme, celle qui figure en tête du hit-parade du Cavaliere est "liberté économique". Près du sommet, le terme "Pouvoir" aussi. Il est intéressant de remarquer que, dans la très grande majorité des cas, il ne fait pas allusion à son propre pouvoir, politique et/ou économique, mais à celui "des autres".
Il va de soi, par conséquent, qu’on entend par là presque toujours un pouvoir négatif et hostile. Le langage du Cavaliere a changé la politique, probablement d’une façon irréversible. Le livre, Parole in libertà, édité par la manifestolibri, offre pour la première fois un aperçu complet sur la révolution linguistique accomplie par le monsieur de Arcore [résidence principale de Berlusconi, ndt]. Les trois auteurs, Sergio Bolasco, Nora Galli de’ Paratesi et Luca Giuliano, ont fait une recherche très détaillée, peut-être un peu trop académique mais exhaustive, sans perdre de vue les transformations subies dans le temps par l’élocution publique berlusconienne. Les auteurs mettent en évidence trois phases distinctes : de la descente sur le terrain de ’94 à ’97, les années houleuses du premier gouvernement et de son renversement, de ’97 à 2000, la "traversée du désert" et l’opposition, le quinquennat du deuxième gouvernement.
En partie, la terminologie change selon les phases : en effet, dans la dernière phase apparaissent des références fréquentes à l’Europe, à la politique étrangère et s’affirme, impérieux, le mot magique "Sécurité". Toutefois, dans une proportion bien majeure, sa terminologie reste identique et cela est déjà, à sa façon, un élément étrange. Qu’il se trouve au gouvernement ou à l’opposition, la rhétorique de Silvio reste la même. De toute façon, il martèle sur le binôme, bien plus désuet dans la première république, "Nous" et "Eux". Il fait appel avec la plus grande fréquence au verbe "Croire", un ciment pour la construction d’une identité collective aussi forte qu’extrêmement simplifiée, parce que le mot d’ordre de Arcore, son étoile polaire, reste en dernier ressort toujours le même : simplifier le plus possible tout, du message à la définition des rassemblements opposés. D’où la référence constante à des métaphores sportives, et le seul sport qui existe pour Silvio, le supporter du Milan, est le foot.
Rien n’aide à simplifier, à se ranger, à séparer "Nous" de "Eux" comme le danger. En douze années de discours, Berlusconi a sans cesse fait allusion, avec la technique du martèlement de la publicité, au danger qui pèse sur "le Pays". Il s’agit, cela va de soi, de la menace rouge, du communisme toujours aux aguets. Le vrai "miracle" politique de Berlusconi, écrivent justement les auteurs, a été de "présenter comme nouveau quelque chose d’ancien, qui avait été livré à l’histoire au début des années 90, l’anti-communisme".
Bien sûr, parmi toutes les rengaines que nous a infligées le chef de la droite italienne, aucune n’a été plus obsessionnelle que l’anti-communisme. Mais il ne s’agit pas, comme il pourrait le paraître, d’un cas grave de paranoïa assortie d’une manie de persécution. L’anti-communisme d’Arcore est à son tour un instrument, nécessaire pour réaliser cette simplification du discours politique qui finira peut-être par constituer l’héritage le plus lourd de la dernière décennie. Une réduction de la politique à une dimension spectaculaire ennuyeuse et à une trivialité vide dont cette campagne électorale a déjà révélé l’hégémonie absolue.
Il n’y a donc en réalité aucune différence entre le Berlusconi, croisé de l’anti-communisme, et celui qui, quand il s’adresse aux femmes de Forza Italia, les traite de "mères, d’ épouses et de filles" ou, pire, les loue parce qu’elles "savent tenir ouverts les sièges de Forza Italia" mais aussi "obtenir des entrepreneurs les financements pour le faire". Comme ça, sans se faire trop de scrupules politiquement corrects. Et la meilleure, pardon, la pire, c’est que précisément grâce à des trucs pareils Silvio Berlusconi a souvent fini par toucher les Italiens plus que ses rivaux etque ses prédécesseurs de la première république.
Messages
1. analyse istréenne de la situationpolitique en italie, 30 mars 2006, 16:42
bonjour a tous
j’ai fais une petite analyse sympa des élection en italie,allez voir et commentez si besoin est.
merci
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