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Fable du maître Villepin et de son disciple maire de l’Isle sur la Sorgue.
Publie le mercredi 8 mars 2006 par Open-Publishing2 commentaires
Le 7 février, après les manifestations contre le CPE, à la réussite en demi-teinte, le premier ministre avait une oreille particulièrement fine. Grand chef d’orchestre, avec ses grandes oreilles sociales, il captait et nous rendait compte de l’écho des manifestations anti-CPE : du bruit pour pas grand chose. Il prétendait même avoir entendu la rue, si peu, mais surtout le silence assourdissant des Français qui ne manifestaient pas. Il inventait au passage un nouveau concept : l’abstention positive. Ceux qui ne participent pas à un mouvement social, sont contre ce mouvement. Donc ces citoyens qui n’avaient rien dit le 7 février, se retrouvaient automatiquement partisan de CPE, et soutenait le Premier ministre !
Un mois après, le 7 mars, les manifestants étaient deux fois plus nombreux, l’oreille du chef d’orchestre n’était plus aussi aiguisée, par contre sa surdité terrifiante. Pour quelqu’un qui se prétendait à l ‘écoute de tout, un mois plus tôt, il n’a rien entendu hier dans les rues de France, sinon selon ses expressions ( qu’il reprend du corpus libéral ) de la peur, des archaïsmes...on connaît la litanie.
Ici à l’Isle sur la Sorgue, hier soir, nous avons bénéficié d’une piqûre de rappel de Villepinisme, avec une réunion publique, présidée par le maire, président de la communauté des communes. Depuis plusieurs mois, en catimini, le maire organise la destruction méthodique d’un espace agricole de 200 ha, pour en faire une plate-forme logistique. Activité respectueuse de l’environnement, avec 400 camions par jour, mais aussi soucieuse de bien-être social des salariés. Il est inutile de revenir sur les conditions de travail et de rémunération dans les transports routiers On sait, que les patrons dans ce secteur d’activité, sont des pionniers du progrès social.
Jusqu’à la réunion du 7 mars, notre apprenti villepiniste, le maire n’avait pratiquement rien dit de ses intentions. Il n’avait donc entendu aucune objection de la population. Pourtant, devant la montée du mécontentement des habitants, le maire, tel un Villepin provençal, décide de se mettre à l ‘écoute de ses concitoyens et organise une réunion publique : 200 personnes dans une salle comble.
En bon villepiniste, il nous en égrène les principales maximes :
– MON projet ( ils étaient 5 à la tribune, sauf une intervention d’un vice-président, on n’a entendu que lui !), est bon. Il est tellement bon, que quoi qu’il arrive, même si on me prouve qu’il est mauvais et rejeté par une majorité de citoyens, je le maintiendrai. Villepin appelle cela de l’ambition. Mot qui ‘il a prononcé au moins 3.000 fois depuis qu’il est premier ministre. D’autres préféreront le terme de C...
– L’emploi avant tout ! Le soi-disant projet du maire, doit créer des emplois, sans qu’aucune fois au cours de la réunion, le maire ne puisse le démontrer. Bien au contraire, ce projet détruira des emplois, par concentration d’une activité sur un seul site. Villepin, a le même projet pour la France. A-t-il pris une seule mesure pour y parvenir à part les radiations massives des demandeurs d’emploi sur les listes de l’ANPE ? Les chômeurs ont la vertu de ne rien dire, d’être réduit au silence. Nos élites nationales ou locales, parlent pour eux, agissent en leur nom, pour justifier tous les coups bas, grands ou petits.
– Je suis un champion de la modernité, du pragmatisme. Redondance villepiniste, que l’on a retrouvé 3.000 fois...aussi ! Notre brave maire de l’Isle sur la Sorgue, doit avoir branché son cerveau sur celui de Villepin, car il nous a tenu le même discours que son maître. En observateur avisé de la mondialisation, il a été « réactif » aux propositions d’un entrepreneur, qui lui promet la création d’emplois sur la commune, avec même, des clauses pour garantir ses emplois, après un combat acharné du maire pour extirper ces clauses à l’entrepreneur. Bel exemple de modernité et pragmatisme politique !
On lui demande tout de même, si les milliers d’exemples de départs d’industriels, à l’image de Daewoo en Lorraine, laissant derrière eux d’immenses friches industrielles, ne l’inquiétaient pas ? Il répond avec la dernière trouvaille villepiniste, pour nous faire gober son libéralisme : le patriotisme économique.
Mr le maire, nous donne comme argument, infaillible, que les emplois seront protégés, car la grande entreprise, qui vient s’installer à l’Isle sur la Sorgue est française, avec un patron français. On est complètement rassuré, car les entrepreneurs français n’ont bien sur jamais fait de plans sociaux, ni délocaliser !
Dernier détail de cette affaire l’Isloise. Vous pourriez penser que le maire de l’Isle sur la Sorgue est un militant UMP, adepte de Villepin auquel cas mon discours n’aurait pas beaucoup d’intérêt. Pas du tout, au dernière nouvelle le maire de l’isle sur la Sorgue avait une carte socialiste !
La construction d’un projet politique anti-libéral en France devra se faire, au minimum avec des citoyens qui y croient un tout de petit peu. Le droit d’inventaire au PS se poursuit !
A suivre
Messages
1. > Fable du maître Villepin et de son disciple maire de l’Isle sur la Sorgue., 8 mars 2006, 16:24
hé bien... bon courage à vous, avec un tel maire vous en aurez besoin
2. > Fable du maître Villepin et de son disciple maire de l’Isle sur la Sorgue., 9 mars 2006, 00:18
Nos politiques sont décidément de fins stratéges. De même que nos grands patrons qui ne trouvent rien de mieux que de s’engager dans une course à la réduction des coûts de personnels qui est perdue d’avance dans la mesure où l’équilibre entre le coût d’un salarié français et celui d’un salarié chinois a tout de même assez peu de chance d’être atteint rapidement.
Quelle imagination, quelle audace, quelle profondeur de vue ! Nous avons décidément la plus brillante élite du monde.