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Face à la crise, pour une démocratie participative !

Publie le jeudi 26 mars 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

Exigeons un autre monde.
Source : aldeah.org

En ces temps de crises (financières, économiques et environnementales), la tendance au repli sur soi-même est naturelle, et les préoccupations du long terme ne paraissent plus prioritaires. C’est normal. Nous tentons de sauver ce que nous possédons, nos acquis. Or, les possessions tangibles, ce qui est matériel, a toujours la priorité sur ce qui ne l’est pas : plutôt la maison que la retraite, plutôt la relance que la réforme.

Cependant, alors que les crises sont en réalité une même et unique crise systémique, les dirigeants actuels, tout comme leurs partenaires habituels, ne remettent pas en question le modèle de développement lui-même. Ne doit-on pas voir aussi la crise actuelle comme la fin d’un cycle de développement, celui des pays dit « développés » ?

Le modèle de développement actuel, que nous souhaitons différent, est basé sur l’accroissement permanent de la production et donc sur l’hyper-exploitation des ressources naturelles et des individus, à la base de la chaîne de production. Appliqué à une zone géographique donnée, ce modèle peut être schématisé de la façon suivante :

 Une autorité (gouvernement fédéral, conseils locaux, etc.) souhaite « développer » une zone géographique.
 Une réflexion, visant à développer économiquement cette zone, est menée par cette autorité.
 Influencée ou non par d’autres intérêts privés et/ou publics, cette autorité décide de ce qu’elle considère comme le meilleur développement possible. Les populations vivant sur place, celles dont l’existence sera profondément changée par ces décisions, ne sont pas associées à la réflexion, si ce n’est pour approuver un projet dont on ne leur a pas donné pas les moyens de comprendre la portée.
 L’effort de développement aboutit à une augmentation du produit national brut de la zone géographique et conduit à une augmentation du volume de richesse créée pour l’ensemble du pays. Mais au-delà de l’augmentation de la production, quelles sont les retombées locales concrètes ?

Donnons un exemple. Le Brésil gagne son autonomie énergétique en développant les agro-combustibles, ce qui contribue effectivement au développement national. Mais les zones concernées par l’exploitation du soja ou de la canne à sucre souffrent de multiples problèmes : déforestation, expropriations, exploitation des travailleurs, droits collectifs et individuels bafoués, enrichissement d’une poignée, appauvrissement d’une majorité.

Il ne s’agit pas du développement tel que nous l’entendons.

Car, si le développement recherché doit bien entendu être « durable », il doit surtout se faire en concertation avec ceux qu’il concerne en premier lieu. Quoi de plus choquant que de s’amputer d’une partie de son corps pour que les autres soient plus fortes ? Afin qu’aucune partie de la société ne se voit « amputée », cela doit être à elle de décider, parce qu’elle sait mieux que les autres de quelle façon elle souhaite évoluer, avancer, se développer. Parce qu’elle a le plus de légitimité. Une légitimité qu’oublient trop souvent ceux qui invoquent l’intérêt général pour décider à la place des autres ce qui est bon pour eux.

Dans ce sens, nous souhaitons voir se développer la démocratie participative et l’emploi systématique d’outils de consultation populaire. Si une majorité de personnes vivant dans une zone géographique concernée par un plan de développement se prononcent contre, alors le projet doit être revu, corrigé, amendé, voire supprimé.

Ces consultations ne doivent pas se résumer à l’application formelle d’une obligation légale. Au contraire, elles doivent être conçues en collaboration avec les représentants des communautés, des associations et de toutes les organisations locales, s’adresser à l’ensemble de la population concernée et s’accompagner d’un libre accès à l’information utile à la prise de décision. En effet, si le droit au consentement préalable, libre et informé est reconnu par de nombreux textes internationaux de droits de l’homme et des peuples et par la plupart des législations nationales, trop souvent, ce droit n’est respecté que sur le papier, les consultations étant partielles et conduites sans information préalable des participants. Les consultations populaires ne doivent pas être des consultations populistes !

En réponse à cette problématique, et au-delà des référendums initiés par l’État, nous souhaitons que les référendums d’initiative populaire soient reconnus pour ce qu’ils sont : l’expression des volontés d’un peuple.

Nous voulons interpeller les candidats aux élections européennes du 4 et 7 juin 2009 sur la nécessité de réfléchir sur ce qu’on entend par « développement ». Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir honte.

En cette époque de crise systémique, ne nous trompons pas de combat, n’essayons pas de colmater les brèches du système. Il est temps d’affirmer clairement que le modèle de développement actuel n’est pas une fatalité.

Qu’il est possible de faire progresser la vraie démocratie partout dans le monde.

Qu’il est possible d’exiger des multinationales occidentales qu’elles se comportent dans « les pays du sud » au moins comme elles le feraient dans « un pays du nord ».

Et enfin, qu’avec plus d’autonomie, il est possible de mieux « se développer », tout en étant respectueux de la nature et en conservant son humanité.

Exigeons un autre monde.
Source : aldeah.org

Messages

  • les multinationales occidentales sont par essence et par destinations sans morale et sans scrupules, il est donc complètement ridicule d’espérer les voir, un jour, devenir raisonnables et généreuses.

    Elles sont d’ailleurs la nature même du capitalisme qui nous exploite depuis trop longtemps, et qu’il faut d’abord détruire avant d’espérer un monde meilleurs.

    Raymond

    • Je crois qu’il s’agit d’interpeller les candidats aux éléction européennes pour qu’ils se prononcent sur la notion de développement...

      Pour revenir à ce que tu dis, Raymond, dans le texte, il est question de :
      « 
      Qu’il est possible d’exiger des multinationales occidentales qu’elles se comportent dans « les pays du sud » au moins comme elles le feraient dans « un pays du nord ». »

      C’est vrai qu’on voudrait mieux, mais ce serait un mieux dans le mal ...