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« Faire cracher la CGT »

Publie le mardi 8 mars 2011 par Open-Publishing

Une conseillère prud’homale dénonce au parquet de Metz des pressions subies de sa hiérarchie pour faire changer une décision favorable au maire d’Amnéville.

« La CGT ce sont tous les tordus du monde, les pourris de l’ambiance syndicalo-administrative ! », Jean Kiffer, le maire d’Amnéville, est confortablement assis derrière son bureau, calé entre les drapeaux français et américain. Sur le mur, un portrait du maître des lieux au zoo d’Amnéville, un aigle perché sur l’avant-bras. « Un aigle parmi les aigles », se gausse le septuagénaire.

Maire d’Amnéville et président de l’association du Pôle thermal, le docteur, comme on le surnomme ici, n’a pas de mots assez durs pour évoquer le syndicalisme. Il suffit de prononcer les trois lettres C-G-T pour que la machine se mette en branle comme au premier jour « Je suis un anticommuniste primaire. Quand j’ai libéré Amnéville des rouges en 1965 (sa première élection, N.D.L.R.), j’avais 28 ans et je peux vous dire que des cocos, j’en bouffais vingt à chaque petit-déjeuner ! »

Passé maître dans l’art de provoquer et de s’essuyer les pieds sur tout ce qui pourrait barrer son chemin - institutions comprises - le docteur instaurait en janvier dernier la « principauté de Stahlheim » en lieu et place de la République à Amnéville.

« Je n’ai jamais pu supporter que qui que ce soit se trouve au-dessus de moi », celui qui se présente crânement comme « le maire le plus condamné de France et le chantre du capitalisme municipal » jubile depuis que l’affaire dite du « Pôle thermal » lui a donné une occasion de plus de s’attaquer à la CGT, « un combat de nature à me regonfler à bloc », lance-t-il en préambule.

Le couac. Le 19 janvier dernier, le tribunal des Prud’hommes de Metz rendait dans une affaire opposant quatre employés du Pôle thermal à Kiffer, une décision favorable au maire, condamnant les quatre salariés à lui verser 23.000 € de dommages et intérêts chacun.

« Théorie du complot », « racket » et « procès en sorcellerie… »

Deux jours après la prononciation du jugement, une conseillère prud’homale dénonçait à travers un courrier, adressé conjointement au Président du tribunal des Prud’hommes et au Procureur de la république de Metz, avoir subi des « pressions inadmissibles destinées à lui faire modifier sa décision » de la part de sa hiérarchie. Suite à quoi une enquête administrative était ouverte. Le hic. L’affaire aurait dû se contenter de semer le trouble dans les couloirs du tribunal messin, mais c’était sans compter sur le trublion de « Stahlheim » qui en possession d’une copie de ce courrier, se pourfend désormais de détenir « LA » preuve du complot dont il se dit victime depuis 2008, date à laquelle il prenait la tête de l’association du Pôle thermal, après en avoir limogé le directeur. « Il avait passé un deal avec les syndicats et se dégageait 318.000 euros de primes par an. Avec les Prud’hommes ils ont organisé un racket contre moi. Que des jugements en référé, des procès de corne culs ! Alors j’ai repris la main, je l’ai viré. »

Le Pôle thermal, « une très belle entreprise », ouvrait ses portes en 1992. Aujourd’hui les trois activités du Pôle (Centre thermal Saint-Eloy, Villa Pompéi et Thermapolis) dégagent un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros par an, « nos investissements ont été amortis et nous avons créé 360 emplois, et près de 2.000 sur le site d’Amnéville dans son ensemble. »

« Les deux (conseillers, N.D.L.R.) qui ont fait pression sont des CGT. C’est bien la preuve que je suis victime d’un racket organisé par une organisation mafieuse. Ce sont des procès en sorcellerie. Alors je les attaque pour qu’on me rende les 700.000 euros qu’ils m’ont rackettés depuis 2008. On va faire cracher la CGT ! ».

Non content d’avoir porté plainte auprès du procureur de la république de Metz contre les deux conseillers prud’homaux pour « intimidation, pression, extorsion et escroquerie », le docteur Kiffer a également saisi le Garde des Sceaux pour demander la « délocalisation de toutes les affaires juridiques prud’homales de l’association du Pôle Thermal. » Le maire d’Amnéville espère bien obtenir également la révision de tous les jugements et condamnations dont il a fait l’objet depuis 2008.

http://www.estrepublicain.fr/fr/grand-est/lorraine/info/4723923-Lorraine-Faire-cracher-la-CGT-Video