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Après plusieurs mois de « débats » médiatiques à tir tendu concluant à l’impérieuse nécessité du « oui », tous les syndicats de France ont affiché leur choix : « oui » pour les syndicalistes raffarinés de la CFDT, « oui » pour les cadres polis sur cravate de la CFTC, « non » pour les empêcheurs d’opiner en rond de SUD... Tous, sauf la CGT.
À propos d’un texte qui prétend soumettre l’Europe à la loi éternelle de la concurrence et du libre marché (inscrite dans le titre III du traité giscardien), ce n’est pas sans une réelle compassion que l’on a vu le premier syndicat des travailleurs de France hausser les épaules, se gratter la tête et bafouiller dans le micro : sans opinion. « Nous voulons privilégier la phase d’information de nos adhérents avant de prendre précisément position », éludait en octobre son secrétaire général Bernard Thibault, qui promet une réponse tranchée pour « courant 2005 ».
La veille ou le lendemain du référendum ? Consulter la base étant un principe d’importation récente à la CGT, on conçoit que sa mise en œuvre prenne du temps. Faut rédiger les formulaires, les imprimer, les envoyer... « Moi ils m’ont toujours pas consulté » rouspétait en décembre un cégétiste de Marseille. « D’ailleurs c’est inutile : là-haut ils se doutent bien qu’on est tous contre. » C’est tout le problème des militants : ils n’y connaissent rien en stratégie au long cours.
Depuis un an, la CGT siège à la direction de la puissante Confédération européenne des syndicats (CES), qui prône avec ferveur le « dialogue social », entendez : un syndicalisme d’accompagnement où chacun se tient bien à table. Aussi la CES fait-elle un triomphe à la Constitution européenne, qui « apportera des avantages très réels aux travailleurs et aux citoyens de l’Union Européenne toute entière », comme chante son secrétaire général, John Monks. Bien sûr, la CGT reste libre d’exprimer une opinion autonome. Mais si elle dit « non » trop fort, elle peut dire adieu à ses nouveaux amis et aux fonds communautaires qui vont avec. Cruel dilemme.
En fait, la stratégie de la CGT est limpide : laisser la CFDT devenir un appendice-croupion du Medef et se substituer à elle dans le rôle du « partenaire social » ventru et responsable. D’où le frein tiré par Thibault lors du conflit sur les retraites au printemps 2003. D’où aussi l’accord sur la « prévention des conflits » signé en novembre dernier avec la direction de la SNCF, faisant passer le préavis de grève de cinq jour à trois semaines.
Un texte salué comme « historique et prometteur » par le camarade ministre Gilles de Robien, qui espère bien que la CGT saura « prévenir les conflits » liés à l’implacable processus de privatisation du rail (multiplication de filiales marchandes, personnels au rabais, guichetiers reconvertis en commerciaux, etc...). Autre signe de la pente graisseuse suivie à Montreuil : la participation des gros bonnets confédéraux à toutes sortes de bandes organisées. Ainsi de la commission Camdessus, du nom de l’ex-patron du FMI, dont le rapport préconisant un CDD de cinq ans et l’enrôlement obligatoire des chômeurs a reçu la signature de Christian Larose, le secrétaire général de la fédération CGT du textile.
Camdessus s’est abondamment servi de cet alibi pour marteler que ses « propositions de bon sens » sont « aussi bien de gauche que de droite »... Pourtant, c’est bel et bien la CGT qui dans bien des boîtes fournit les derniers remparts à la toute-puissance patronale. On s’en voudrait de désespérer les gravats de Billancourt. Mais puisqu’il paraît que l’heure est à la démocratie interne, les gars de Carrefour, Daewoo, Moulinex ou Danone ont intérêt à sauver la baraque avant qu’elle soit bradée aux promoteurs.
Publié dans CQFD n°18, décembre 2004.
Messages
1. > faux amis...., 26 janvier 2006, 18:42
Je vois que les rédacteurs du frontunique ont de la suite dans les idées. En fait il n’y a qu’une seule idée : CASSER, BRISER, DÉTRUIRE LA CGT.
CQFD c’est que la majorité de la CGT a appelé à voter NON, Thibault ou pas.
J’anticipe pour un autre article de frontunique :
CQFD c’est que Le Digou en disant ce qu’il a dit sur les actions d’EDF a parlé pour Le Digou, il n’a cassé le bras à personne qui voulait devenir "actionnaire" d’EDF.
CQFD c’est que Le Digou et Thibault peuvent dire ce qu’ils veulent mais feront ce que les militants de la CGT leur diront de faire ou pas, qu’ils signeront ce que les militants de le CGT leur diront de signer ou pas.
CQFD aussi c’est que frontunique c’est donné comme tAche de salir le seul syndicat qui arrive à mobiliser encore un peu en France.
MOBILISER c’est une action que frontunique n’arrive pas réaliser car c’est une tâche ardue, et qu’il est plus facile pour ces "journaleux" de DÉMOBILISER, voire même d’empêcher toute mobilisation !
Allé, au prochain torchon !
Esteban
1. > faux amis...., 26 janvier 2006, 18:51
Bizarre cette conjonction du medef et de frontunique,les deux ne veulent qu’une chose détruire la CGT.On retrouve là, la complicité habituelle entre les deux.
Peu importe que ce soit"involontaire"c’est un fait.Que la CGT veuille avoir un fonctionnement plus démocratique doit faire peur aux deux !
Jean Claude des Landes
2. > Faux amis...., 26 janvier 2006, 19:11
C’est quand même bizarre que lorsque l’on met en évidence les errements de la CGT, ses manipulations et son côté réformiste-social-démocrate, les militants de base ne veulent pas voir que l’outil n’est plus à leur service mais sert le capitalisme européen....
il faut m’expliquer ...!
Il y a des évidences ..! et il faudrait peut-être voir les choses en face pour entamer une véritable réforme ou révolution des structures du syndicat soit disant représentatif des travailleurs
à occulter tout le côté obscure...nous ne sommes pas pret d’y voir clair...et si les militants
se font " mettre " à chaque mouvement dans la division, le corporatisme et le déni démocratique
il n’y aura bientôt plus rien à tirer des orgas traditionnelles.
mettre à plat, analyser, critiquer.....ne peut que servir encore faut-il vouloir avancer !!
1. > Faux amis...., 26 janvier 2006, 19:56
Putôt que de te l’expliquer,
Viens le vivre DANS la CGT
Viens faire comme les militants de base DANS la CGT, proposer, approuver, critiquer mais aussi et surtout AGIR !
Viens sur le terrain t’apercevoir si le patronat attaque les réformistes-sociaux-démocrates !
Viens dire aux copains CGtistes que la police met en garde à vue qu’ils sont des réformistes-sociaux-démocrates !
Tiens ! viens voir en ce moment les copains militants CGT d’IKEA d’Aubagne qui se battent contre leurs discriminations, contre le harcelement, contre les menaces proférées envers eux par leur direction et approuvées par la justice, viens leur dire qu’ils sont des réformistes-sociaux-démocrates !
Va voir aussi les marins CGT qui ont été interpellés par la police sur plainte de l’UMP au moment de leurs actions coups de poing à Marseille et qui ont été mis en garde à vue, tu leur diras qu’ils sont des réformistes-sociaux-démocrates !
Viens voir les copains militants CGT qui lors des manifestations musclées avec affrontement avec la police, ceux qui sont les plus combatifs, ceux qui sont visés par les RG et que les CRS viennent alpaguer à 10 ou 15, tu viens leur dire que ce sont des réformistes-sociaux-démocrates !
Viens dire à tous ces copains qu’ils n’ont rien compris de la CGT, qu’ils se battent pour rien, qu’ils ne savent pas bousculer leur direction autant qu’il ne le font avec avec les flics !
VIENS SUR LE TERRAIN VIVRE TOUT CELA !
Esteban
2. > Faux amis...., 26 janvier 2006, 21:08
C’est bon esteban.....j’ai vécu les orgas traditionnelles et c’est pour cela que je me permet de critiquer
et de transferer quelques analyses bien serties....mais je remarque que tu ne réponds pas sur le fond
La sncm j’ai vécu.......et si tu appel cela une victoire...alors nous n’avons pas les mêmes valeurs
et tu déprécies la véritable lutte syndicale celle qui non seulement défend les intérêts de TOUS les travailleurs mais qui oppose un certain projet de société à la semence capitaliste/libérale/européenne
quant aux coups pris........au regard de l’histoire...de mon histoire tu n’as aucun monopole...!!
Là encore tu t’avances sur un terrain hasardeux....un peu gamin comme réaction...!!
donc vous ne voulez pas toi,bardet et d’autres voir les choses en face
grand mal vous fasses, car point de remise en question, pas d’avancées possibles !
Gardez vos cartes.....tant que les travailleurs n’auront pas compris que la division, le corporatisme la hierarchisation des structures sont un frein à la lutte collective....rien ne sera possible...et l’émettiement programmé....là du coup...le patronnat et la sphère état/capital/religion ne fera qu’une bouchée de vos convulsions et vos cartes !
Frt
3. > Faux amis...., 26 janvier 2006, 22:00
je ne pense pas que nous ayons jamais refusé une main tendue, et encore moins Esteban que moi (je suis pour le moins rude, je le reconnais) !!!! Et quand bien même, où serait l’importance sur le fond ? Nous n’avons pas la prétention de représenter la CGT !
Il n’est pas question de se tromper d’ennemi, pas non plus d’ami - fusse-t-il critique - ; mais pas non plus de tout accepter sans rien dire, au motif d’un consensus mou.
alors, merci par avance de ne pas faire ce procès injuste sur le fond, même s’il pouvait y avoir quelque justification sur la forme.
Nous avons aussi besoin des différences de personnes, d’analyses : ce peut être un moteur de la lutte. Mais essayons de voir et d’agir au dela ; c’est ce qui forge le militantisme : l’analyse, et sa traduction, l’action.
La période actuelle est très difficile : ce n’est guère le moment de nous diviser, pour le peu que l’on puisse trouver quelques buts communs, ce n’est guère le moment non plus de rester dans le flou, de courber l’échine. Pour les ennemis, par contre, ce n’est pas non plus la période de montrer de la mansuétude : on ne peut plus se permettre ce luxe, à mon avis. Le mouvement ouvrier traverse une période objectivement de faiblesse, et beaucoup se laissent aller au désespoir, ou pire.
Je n’ai peut être pas la bonne réponse, mais c’est ma réponse, sincère
Patrice bardet, patrice_bardet@yahoo.fr
ps : la SNCM, ce n’est effectivement pas une victoire, mais ce n’est certainement pas une capitulation. De nombreux militants ont essayé d’organiser la solidarité. Il ne me viendrait pas à l’idée de reprocher aux camarades d’avoir finalement plié. Pour moi, ils sont magnifiques : si nous en faisions tous autant...
4. > Faux amis...., 27 janvier 2006, 09:37
À Frt,
Si tu as vécu les orgas traditionnelles, tu as du vivre aussi la difficulté à mobiliser. Si tu es un brin honnête tu dois reconnaître que dans le privé ou les entreprises mastodontes ont été détruites, c’est le désert de la syndicalisation.
Tu dois aussi reconnaître que sans structuration de toutes les PME et PMI, la mobilisation est pour l’instant impossible, même pour la CGT, pour des militants qui ont encore le courage d’essayer de le faire.
Toutes ces entreprises qui forment maintenant ce nouveau salariat, qui vit dans la crainte, dans l’incertitude, dans l’instabilité, dans la peur des représailles patronales. Ces salarié(e)s qui ne "veulent" ou qui ne "peuvent" répondre aux mobilisations unitaires s’autoflagellent sans s’en rendre compte en s’interdisant de telles actions ou en ayant peur de se syndiquer.
Pour être moi-même parmi ce salariat, je peux affirmer, nous devons dépasser cette peur du patron, nous devons prendre individuellement le risque d’affronter son propre patron sans penser au licenciement, le collectif solidaire devra obligatoirement renaître en réaction aux expériences malheureuses de beaucoup d’entre nous, c’est le prix à payer (ce que je dis n’engage que moi).
Vouloir faire croire qu’il suffit à la CGT de claquer du doigt pour que le Privé réponde présent au Public est un leurre, et c’est ignorer ou faire semblant d’ignorer la réalité du terrain.
Accuser la CGT de freiner ce qui n’existe pas, c’est de la démagogie.
Tu as vécu la SNCM moi aussi. Je n’ai jamais dis que la sortie de grève à la SNCM était une victoire, mais elle est le résultat du contexte de la faible mobilisation de solidarité des salarié(e)s des autres secteurs.
Je cite la SNCM mais d’autres entreprises sont dans ce cas.
Je ne déprécie pas la "véritable" lutte syndicale qui défend les intérêts de TOUS les travailleurs, au contraire je m’épuise à la réaliser, mais encore faut-il que chacun en prenne conscience et se prenne par la main sans attendre des ordres ou s’abriter derrière des "non ordre" pour qu’elle se réalise.
Je n’ai pas le monopole des coups pris, et encore moins de ton histoire, j’ai la mienne (dans laquelle il y en a plusieurs) aussi dure que la tienne peut-être.
En cette période de tension qui va aller en s’amplifiant, jeter le dévolu sur une organisation comme la CGT (avec ses tares et ses imperfections, je suis d’accord), lui faire porter le chapeau de casser un mouvement unitaire qui n’existe pas (je le redis) s’est affaiblir encore plus le peu de mobilisation qui peut servir de déclencheur. C’est jouer contre le mouvement ouvrier déjà en piteux état.
Esteban
3. Pour décoder :, 26 janvier 2006, 19:49
regardez les articles cachés ou non d’Indymédia Paris de ce jour signés "loup noir", "frontunique"
http://paris.indymedia.org/article_cache.php3?id_article=50136
http://paris.indymedia.org/article_propose.php3?id_article=50168
http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=50155
certains prétendent bouffer du Bardet tout cru, et de la CGT, et ils se relaient.
La raison de cette "campagne", la voila Le CPE = Contrat "jeunes jetables" (j’ai d’ailleurs mis le même commentaire sur Bellaciao)
Mais pour certains, bouffer du syndicaliste CGT, ça use moins les dents que de se faire un patron.
Pour moi, j’ai du répondant si nécessaire.
Pour la CGT, elle n’a pas besoin d’être défendue je pense.
Patrice Bardet, patrice_bardet@yahoo.fr
1. > Pour décoder :, 27 janvier 2006, 13:55
HARO SUR LE BARDET .
c’est vrai que c’est curieux , tous ces tirs croisés contre la CGT ,il ne se passe pas une semaine , sans que sur ce site ou sur d’autres , des groupes , des individus (anonymes) ne viennent critiquer (passe encore) ,salir , mentir , baver sur la CGT !
A quelque chose malheur est bon , si la CGT , n’etait pas le syndicat combattif , le syndicat des travailleurs , ils ne perdraient pas leur temps .
Vous voyez beaucoup d’articles sur la CFTC , FO , ou meme la CFDT (qui en meriterait pas mal )
non rien , alors c’est sans aucun doute que , qui aime bien , chatie bien !
Alors laissons les braire et ne perdons plus notre energie avec ces gens là .
claude de toulouse .