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Féministes et lesbiennes italiennes : Chronologie de la lutte des émeutières (”sommosse”) (video)

Publie le lundi 31 mars 2008 par Open-Publishing

de tetes hautes regards droits

Après les infos sur les manifestations gigantesques du 24 novembre 2007 et du 8 mars 2008 en Italie, voici la petite histoire d’une lutte collective et autodéterminée.

Vive les femmes, vive la lutte des féministes et des lesbiennes !

Ici une chronologie du nouveau mouvement féministe et lesbien en Italie 2007-2008.

Italie : les féministes et les lesbiennes en mouvement !

Les violences faites aux femmes sont objet d’un matraquage médiatique décrivant les agressions et les meurtres comme actions de pauvres maris stressés par la vie devenus fous OU d’étrangers (chaque jour, dans les journaux, à la télé on peut lire/entendre : “dépressif et endetté, il tue sa femme et ses enfants”, “un Roumain a violé une femme italienne”, “agression par un extra-communautaire”…). Les débats et les décisions de la politique institutionnelle à ce sujet sont racistes, suivent une logique sécuritaire, victimisent les femmes et sont d’une totale inutilité pour combattre ces violences (ex : pachetto sicurezza, mesures qui notament instrumentalisent les violences faites aux femmes pour justifier l’expulsion de migrant-e-s). Le vatican a toujours une influence majeure sur les décisions politiques en Italie, notament en ce qui concerne les politiques famillistes et lesbo-homophobes. Pendant ce temps, les femmes et les lesbiennes continuent d’etre violées et massacrées.

21 octobre 2007

Des individues, des groupes, associations, collectifs de femmes, féministes et lesbiennes de toute l’Italie, réunies en assemblée à la Maison Internationale des Femmes de Rome, décident d’organiser une manifestation nationale contre les violences des hommes sur les femmes, soulignant qu’il s’agit bien de violences genrées et que la plupart des violences sur les femmes sont faites dans la sphère privée (par les maris, pères, frères, petit-amis, amis, etc.), qu’il ne s’agit donc pas de faits divers, mais d’un problème social et culturel. Elles décident alors d’organiser une manifestation nationale de femmes pour les femmes contre ces violences. Le site


24 novembre 2007

Tract en français

C’est donc la vieille de la Journée internationale contre la violence sur les femmes qu’à lieu, à Rome, une manifestation auto-organisée réunissant plus de 150 000 femmes et lesbiennes, italiennes et migrantes.

Les slogans et les discours sont radicaux et n’acceptent ni victimisme ni délégation :

“La violence contre les femmes commence en famille et n’a pas de frontières”,

“Moins de reproduction, plus d’autodétermination”,

“Vatican : pas touche à nos foufounes”,

“Contre la violence des patrons, 10, 100, 1000 masturbations”,

“Mais quelle sécurité ? La seule certitude est l’autodéfense”,

“Contre la violence des hommes, place aux femmes”,

“Libres de choisir”,

“Contre la violence lesbophobe, visibilité et lutte lesbienne”,

“La violence contre les femmes ne dépend pas du passeport, ce sont les hommes qui la font”,

“Contre la violence, solidarité, autodéfense et audétermination”…

Cependant, la manifestation n’est pas à l’abri des instrumentalisations. La politicienne Prestigiacomo (Forza Italia) entre dans la manif accompagnée de gardes du corps. Elles est immédiatement et spontanément “expulsée” de la manif : il est hors de question qu’elle se réapproprie le discours de cette manifestation auto-organisée, d’autant plus qu’elle soutient des politiques famillistes et racistes. Au point d’arrivée de la manif, les manifestantes découvrent avec stupeur qu’une chaine de télévision a installé un plateau et y ont invité des femmes ministres et ex-ministres. Avec détermination, les femmes de la manif ont occupé le plateau TV empêchant à ces politiciennes de s’exprimer sur un mouvement qui refuse d’etre représenté par des politiciennes qui soutiennent des politiques famillistes et sécuritaires. D’autant plus que l’assemblée romaine avait décidé qu’il n’y ait pas de scène dans la place d’arrivée de la manifestation et que la manifestation se basait sur une position clairement anti-raciste et anti-fasciste.

décembre 2007

En symbiose avec la doctrine du vatican pour le respect de toute vie « depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle », Giuliano Ferrara se fait l’apôtre d’un moratoire pour l’application de la loi 194 définissant l’IVG, identique à celui qui a été adopté fin 2007 par l’Organisation des nations unies (ONU) sur la peine de mort. Le moratoire provoque un débat politique et médiatique hallucinant qui remet en question le libre choix des femmes.

12 janvier 2008

Après la grande manifestation du 24 novembre, environ 300 feministes et lesbiennes se retrouvent en assemblée générale nationale à Rome pour continuer ce mouvement des “sommosse” (les agitées, les émeutières…) basé sur l’autodétermination de leurs corps et de leurs vies. On y fait un bilan positif de la manifestation du 24 novembre, on discute des entraves à l’autodétermination des femmes (remise en question du droit à l’avortement, difficulté de trouver un hopital au faire l’IVG vue l’omniprésence d’objecteurs de conscience, précarité, etc.) et on décide d’organiser une rencontre nationale d’échange et de réflexion le 23 et 24 février (Le blog) et de lancer une campagne permanente de lutte contre toutes les tentatives de limiter la liberté et l’autonomie des femmes et d’organiser des initiatives locales le 8 mars.

9 février 2008

Facciamo Breccia, coordination nationale qui, depuis 2005, lutte contre les ingérences du vatican dans la politique italienne, organise la manifestation annuelle NO VAT et y accueille une grande partie de cortège composée de féministes et lesbiennes soulignant que la lutte contre les violences qui leur sont faites est aussi l’oeuvre du vatican qui prône la “famille naturelle”, la femme-reproductrice et, en connivence avec les institutions italiennes, bloque toute avancée en matière de droits aux individu-e-s lgt.

11 février 2008

A la suite d’une dénonciation anonyme faisant état d’un avortement hors des délais légaux, des policiers débarquent dans le département d’obstétrique de l’hôpital Federico II de Naples pour interroger une femme à peine sortie de la salle d’accouchement où elle venait de subir une IVG. Il s’agissait d’un avortement thérapeutique pratiqué dans le respect des normes. Le retentissement médiatique refait émerger le discours patriarcal suivant : femme qui avorte = femme assassine.

14 février 2008

Dans plusieurs villes d’Italie, des milliers de femmes se rasssemblent dans la rue en solidarité avec la napolitaine agressée et pour réaffirmer l’autodétermination et la liberté de choisir des femmes.

23-24 février 2008

Environ 400 féministes et lesbiennes du mouvement des « sommosse » se retrouvent pour un weekend autogéré composé de 8 tables de discussion, d’élaboration politique de stratégies de résistance et de transformation du monde (thèmes : violence, autodétermination, communication, précarité, sexisme, pratiques communes des féministes et des lesbiennes, féminisme et espace publique, racisme) et conclu par une assemblée de synthèse des réflexions élaborées. On y parle aussi de l’instrumentalisation de la lutte des femmes de la part des trois syndicats italiens qui organisent pour le 8 mars une manifestation nationale à Rome sans prendre en compte le mouvement actif depuis le 24 novembre et appauvrissant la portée politique de la lutte des femmes. On se donne rendez-vous aux différentes initiatives auto-organisées dans plusieurs villes (rassemblements devant les tribunaux en solidarité aux femmes qui ont dénoncé des viols, campagne nationale contre l’objection de conscience généralisée des médecins en matière d’avortement, un 8 mars de lutte auto-organisé dans chaque ville, une autre manif contre toutes les formes de violences faites aux femmes dans une ville du sud de l’Italie, un autre weekend de rencontre nationale en juin).

8 mars 2008

Tract en français

Des dizaines de milliers de féministes et lesbiennes d’au moins 15 villes italiennes organisent des initiatives pour le 8 mars avec la banderole commune “Entre la fête, le rite et le silence, nous choisissons la lutte !” et soulignent l’importance de l’autonomie du mouvement des femmes.

À suivre… !!!

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La chronologie en A4 recto-verso