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Finkielkraut, un philosophe au tribunal

Publie le jeudi 25 mai 2006 par Open-Publishing
13 commentaires

Il était jugé pour diffamation envers un cinéaste israélien.

par Christophe AYAD
QUOTIDIEN : mercredi 24 mai 2006

http://www.liberation.fr/page.php?Article=384520

Il trépigne sur son banc, se mord la main, lève les yeux au ciel. Alain Finkielkraut est au tribunal comme dans la vie : agité, tourmenté. Il veut répondre, contredire. Mais ce n’est pas une émission. Le philosophe était poursuivi, hier devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, par le cinéaste israélien Eyal Sivan. L’affaire remonte au 30 novembre 2003. Après la diffusion sur Arte de Route 181, le documentaire dont Sivan est coauteur avec le Palestinien Michel Khleifi, Finkielkraut lui reproche, sur Radio Communauté juive (RCJ), d’être « l’un des acteurs[...] de l’antisémitisme juif ». « Il s’agit de les [les Juifs] tuer, de les liquider, de les faire disparaître », ajoute-t-il.

Sivan, qui a reçu à son domicile une balle accompagnée d’un bristol « la prochaine n’arrivera pas par la Poste », porte plainte. Hier, Finkielkraut, qui a provoqué l’hilarité générale en expliquant qu’il était « propalestinien », a développé son argumentation : le film, tellement « insoutenable » qu’il ne l’a pas vu jusqu’au bout, établit une « analogie » entre les Palestiniens en 1947 et les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette « nazification » d’Israël légitime les attentats suicides, la destruction d’Israël et donc des Juifs. CQFD. Il en veut pour preuve la scène où un barbier palestinien raconte le massacre de Lod en 1948, calquée sur celle du coiffeur de Treblinka dans Shoah de Claude Lanzmann. Lanzmann, cité comme témoin, dit tout le mal qu’il pense de Route 181. « Je ne vois pas pourquoi cet homme s’indigne d’être traité d’antisémite, il l’est ! » jette-t-il à la salle, médusée. L’ex-ambassadeur israélien à Paris, Elie Barnavi, témoigne aussi en faveur de Finkielkraut. Eyal Sivan, lui, voit en Finkielkraut un « pompier pyromane », cherchant « à l’assassiner politiquement et intellectuellement ». Il rappelle qu’Yitzhak Rabin a été tué après avoir été traité de « nazi » et d’« antisémite ». Le cinéaste fait citer François Maspero et deux professeurs israéliens. Il a été question de Hannah Arendt, Truffaut, Zola, Dickens, Buñuel, ou encore de Slobodan Milosevic... Pour le parquet, les propos de Finkielkraut se situent dans « le registre du débat intellectuel malgré leur caractère outrancier ». Délibéré le 27 juin.

Messages

  • attendu que.......

    attendu que.......

    attendu que.......

    Le tribunal condamne Finkielkraut à 5 ans d’interdiction d’antennes (radio et tv).

  • Il aurait du boulot, Uri Avnery n’est plus tout jeune.

    "Qui est coupable ? La victime, bien sûr" par Uri Avnery

    http://www.france-palestine.org/art...

    • En matière de diffamation et de procès en diffamaton je me fous de Finkelkraut. mais on voit parfois l’effet boomerang de ces jurisprudences de diffamation, qui permette tout et n’importe quoi. L’attaque de Alstom marine contre bellaciao en est un exemple mais il y en a d’autres. Qui font qu’on ne peut plus par exemple publier et diffuser en france, une biographie un peu sérieuse, sur tel ou tel homme d’affaires très puissants (Bolloré et un des membres du Conseil de Surveillance de son groupe ,Bernard henry Himself ; Arnault ; Pinault ; Dassault ; Bebear, l’opus dei etc.), sans que l’éditeur soit interdit ou préventivement frappé de foudre. Ces moeurs sont même tombés dans les milieux de la moyenne édition, où des auteurs gallimard tentent de faire taire des éditeurs de publications indépendantes (ED. No pasaran/Reflex - Coopérative co-errances de diffusion) pour la publication d’un livre initulé "le martyr imaginaire - oeuvre d’auto-fiction et de dérives théorico-politiques de guy Dardel, directeur de la radio associative et libre Fréquance Paris Plurielle. Ainsi M. daeninck leur réclame à tout trois solidairement 100 000 euros d’amendes en dommages et intérêts.
      cf. après communiqué

      En Juin 2005 les Editions « No Pasaran » publiait un essais de Guy Dardel,
      « Le martyr imaginaire » consacré à la critique des pratiques de
      dénonciations chères à l’écrivain Didier Daeninckxs et à ses amis et
      soutiens.

      S’estimant diffamé par ce texte, ce dernier déposait plainte en citation
      directe devant la 17^ème chambre correctionnelle du Tribunal de Paris à
      l’encontre de l’auteur, de l’éditeur et de l’un des distributeurs du
      livre, la coopérative /Co-errances/. Il demande pour réparation de
      préjudice subit 100.000 euros de dommage et intérêt.

      Une réunion d’information et de débat aura lieu le 22 Mai à « /La
      Passerelle/ » (3, Rue St. Hubert 75011 Paris, (Métro : St. Maur) à
      partir de 19h30. En présence de Guy Dardel, Maurice Rasjfus, Gérard
      Delteil, Christopher Yggdre(Co-errances) et Laurent Hervouet (No-Pasaran).

      Le procès se déroulera le 2 juin à 13h30 devant la 17^ème chambre
      correctionnelle du Tribunal de Paris.

  • (...)

    Plusieurs intellectuels israéliens sont venus témoigner en sa faveur, notamment Haim Bresheeth, professeur de sciences sociales, dont la famille a été exterminée dans les camps de concentration, qui a estimé que "le plus grand crime de ce film était d’appeler au dialogue entre les deux peuples".

    "Ce film est une immense contribution à la construction d’une contre-mémoire israélienne, à la reconnaissance de la souffrance du peuple palestinien, à la construction d’un public en Israël susceptible d’engager un dialogue sur la base de la reconnaissance de cette souffrance", a considéré de son côté un autre professeur, cité par l’avocat de M. Sivan, Me Antoine Comte.

    http://fr.news.yahoo.com/23052006/2...

    • en termes de jurisprudence on peut s’étonner que pour le parquet, les propos de l’infâme Finkielkraut se situent dans "le registre du débat intellectuel malgré leur caractère outrancier". Car enfin Edgar Morin-Naïr-Sallenave, même s’ils avaient commis une maladresse de plume (ils n’avaient pas à utiliser la formule "les juifs", pour désigner la politique du gouvernement israëlien), n’étaient pas allés jusqu’à utiliser le langage diffamatoire et en forme d’appel au meurtre, que s’est permis le grrrand philosophe, à l’égard d’Eyal Sivan.

    • Finkielkraut serait-il devenu révisionniste ? La question peut se poser au vu de son habituelle émission sur RCJ, dans laquelle hier 28/5 il a présenté Sholim Schwarzbard (qui le 25/5/1926 à Paris abattit le pogromiste ukrainien Petliura) comme un... "ancien combattant". Le website de la Licra ne fait guère mieux il est vrai, qui le mentionne comme un "jeune étudiant juif". Quoi qu’il en soit, les menteries n’y changeront rien : c’est à tout le prolétariat juif immigré que Schwarzbard redonna l’espoir, par son geste (le livre paru sous la signature de Simone Signoret et sous le titre Adieu Volodia a d’ailleurs rappelé cet épisode) ; et il y avait encore il y a quelques années à Paris des camarades qui avaient connu ce militant anarchiste, horloger à Ménilmontant, et qui par ailleurs écrivait dans le Libertaire, mon-dieu-quelle-horreur.

    • 10 juin. Le message ci-dessus, a été lu : le website de la Licra indique maintenant que Petliura fut abattu par "un dénommé Samuel Schwartzbard", "ancien combattant volontaire de l’armée française". Tout celà n’est pas formellement faux, bien sûr... Mais enfin ce mensonge par omission, est déplaisant. Et cette officine pasquaïo-chiraquienne pourrait se montrer au moins respectueuse de la mémoire de cet anarchiste, sans lequel la Ligue internationale contre les pogromes (dont elle se prétend continuatrice...) n’aurait pas vu le jour.

  • Finkielkraut a été relaxé, cf entrefilet dans libération du 28 juin.