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Foire du Livre de Turin : quand l’écrivain rencontre son "double"

Publie le lundi 15 mai 2006 par Open-Publishing

Traducteurs à Turin. La traduction, définie par Susan Sontag le "système circulatoire des littératures du monde", est au centre de plusieurs rendez-vous à la Foire du Livre 2006

de M. T. C. Traduit de l’italien par karl&rosa

La traduction, comme l’a écrit Susan Sontag, "est le système circulatoire des littératures du monde", le canal grâce auquel les lecteurs ont un accès à des ouvrages qu’ils ne pourraient pas connaître autrement : une donnée apparemment évidente et qui est toutefois souvent négligée même par ceux qui s’occupent des livres par profession.

C’est donc un grand mérite de la Foire de Turin que celui d’avoir inséré à l’intérieur de son programme, déjà dans le passé, une série de rendez-vous qui tournent justement autour du métier de la traduction et qui ont été significativement consacrés à l’ "Auteur invisible". Et ces rencontres, suivies passionnément - cela a plutôt surpris les organisateurs eux-mêmes - par un public de plus en plus nombreux, ont eu un tel succès que cet espace s’est élargi au fil des ans, jusqu’à donner la vie à un calendrier vraiment nourri en cette année 2006.

Soigné par Ilide Carmignani, traductrice de l’espagnol d’auteurs tels qu’Octavio Paz ou Carlos Fuentes, le cycle propose aux visiteurs du Lingotto (le siège de la Foire du Livre de Turin, NdT) d’entrer dans "l’usine du traducteur" (ainsi a été appelée l’une des initiatives sur lesquelles s’articule le programme) en mettant l’écrivain et son "double" l’un en face de l’autre. Et donc, après le succès des duos entre Amitav Ghosh et Anna Nadotti et entre Pedro Juan Gutierrez et Tiziana Gibilisco, dans l’après-midi le Brésilien Moacyr Scliar (qui sera demain l’hôte de "Lingua Madre" et qui est l’auteur de différents ouvrages publiés par Voland, du Centauro nel giardino jusqu’au récent I leopardi di Kafka) dialoguera avec sa traductrice italienne Guia Boni, en révélant peut-être devant ses lecteurs que - comme le dit Primo Levi - "être traduit comporte une condition de semi passivité semblable à celle du patient sur la table du chirurgien ou sur le divan du psychanalyste".

De ce rapport qui ne manque pas d’ambiguïté, qui ressemble parfois (mais pas toujours) au roman d’amour exalté par Valéry Larbaud, parleront aussi, pendant les deux rencontres prévues aujourd’hui et demain, quatre traducteurs italiens, l’américaniste Massimo Bacigalupo, Paolo Collo et Vittorio Martinetto (tous les deux traducteurs de l’espagnol) et Fabio Scotto, connu pour ses versions poétiques de grands auteurs français tels qu’Alfred de Vigny et Villiers de l’Isle-Adam.

Mais en dehors de l’exposition aussi, d’autres rencontres du Lingotto vont attirer l’attention des visiteurs autour du thème de la traduction : c’est le cas, entre autre, de la rencontre, prévue pour demain après-midi, où sera présentée l’anthologie poétique du Brésilien Haroldo de Campos L’educazione dei cinque sensi, publiée par Metauro. Fondateur de la Poésie Concrète, de Campos, décédé en 2003, a été aussi un grand traducteur (de Dante à Pound, de Joyce aux troubadours provençaux) et un théoricien de la traduction. Ou, pour utiliser un terme qu’il a lui-même adopté, de la trans-création.

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