Forte manifestation syndicale à Valence ce 30 avril

Il y a 2 jours, j’avais publié l’annonce de cette manifestation pour les libertés syndicales. Un correspondant de l’HUMA a fait le déplacement. Voici son article.

Victoire pour six syndicalistes poursuivis à Valence
ErDF. Le procureur de la République n’a requis, hier, qu’une « peine symbolique » à l’encontre des syndicalistes CGT pour lesquels 4000 manifestants venus de toute la France et protestant contre la criminalisation de l’action syndicale ont demandé la relaxe.

Valence (Drôme) Envoyé spécial.

Ce n’est pas sur Facebook mais dans le monde bien réel et solidaire du syndicalisme de lutte à ErDF que Letitia , s’est découvert , hier à Valence des milliers d’amis , de camarades et de soutiens parmi lesquels , en plus , des élus de gauche de la région , Pierre Laurent , dirigeant national du PCF et Marie Christine Vergiat , tête de liste du Front de Gauche pour le Sud-Est. Letitia Dujardin, 26 ans, en a écrasé une larme de joie mêlée de colère. La jeune femme qui attend pour le mois prochain un heureux évènement fait partie de cette « bande » comme dirait Sarkosy de six syndicalistes, tous responsables CGT, traînés en justice par ErDF ( ex-EDF), pour « violation de domicile à l’aide de manœuvres, menaces et voies de fait ».

Le 3 octobre 2006 cette technicienne clientèle du centre EDF de Saint Etienne avait participé dans les rues de Valence à une manifestation régionale d’environ 600 personnes « contre la privatisation de GDF ».Dans la petite foule qui, surprise en fin de parcours par un violent orage, avait investi le siège social d’EDF pour s’y abriter et s’y restaurer se trouvaient également Gilles Varenne, 50 ans de Lyon , Nicolas Cano, 27 ans et Frédéric Buech, 43 ans de la Drôme et les Savoyards Pascal Regallet, 50ans et Serge Tranchant , 52 ans. Ce dernier, secrétaire général adjoint de la CGT à Chambéry n’en revient toujours pas d’avoir d’abord été traduit en conseil de discipline d’EDF pour se retrouver ensuite sur le banc d’infamie d’un tribunal correctionnel, poursuivi , en outre , pour « violences ». « On me reproche d’avoir molesté un cadre alors qu’en fait je n’ai fait que le protéger et de le sortir d’un mauvais pas. Si je n’étais pas intervenu il lui serait arrivé sans doute quelque chose de grave ».En effet, ce cadre s’est retrouvé devoir faire face à plusieurs dizaines de manifestants qui avaient envahi le cinquième étage du bâtiment, celui de la direction, certains d’entre eux forçant des portes et renversant des bureaux. Leur colère avait été provoquée par le refus du directeur du centre de recevoir sur le champ une délégation. « A ce moment là j’étais dans le local syndical et j’ai été appelé à la rescousse par un des coordinateurs de la manifestation et c’est ainsi que je me suis retrouvé au cinquième d’où j’ai extrait le cadre pour le mettre en sécurité ».Alors qu’ils se trouvaient soit au rez de chaussée soit à la cantine les autres syndicalistes incriminés ont, de même, été alertés par téléphone et se sont rendus au cinquième. « Ca hurlait, çà poussait, on suffoquait » raconte Serge Tranchant qui a pu se frayer un chemin dans le couloir menant aux bureaux de la direction .Frédéric Puech a pu un moment parlementer avec des cadres : « c’est parce que je suis connu que j’ai été mis sur la liste des accusés mais en aucun cas je n’ai commis de dégradations , d’ailleurs condamnées fermement par la CGT qui depuis toujours préserve l’outil de travail pendant les conflits ».Les autres sont restés bloqués dans le couloir ou dans le hall d’accès. Le seul qui se distingue quelque peu, c’est Pascal Regallet accusé d’avoir « volé » le téléphone mobile d’un cadre. « Je l’ai trouvé par terre et c’est vrai qu’au lieu de le remettre j’ai pensé à ma compagne qui dans son école les collecte pour une œuvre humanitaire » se justifie-t-il. Quant à Létitia Dujardin qualifiée « d’hystérique » par le cadre qui l’a dénoncée et sanctionnée en interne d’un mois de mise à pied, ce n’est pas un hasard si elle se retrouve sur la liste des six : « c’est de la discrimination… négative, je pense qu’il leur manquait une jeune militante, une femme qui prend des responsabilités syndicales ».

Toute cela faisait dire au Procureur Nahon que les six prévenus « n’ont rien à voir avec les délinquants qui fréquentent habituellement le tribunal correctionnel, ce sont des gens honnêtes, des travailleurs qui aiment leur métier ».S’excusant presque , au nom de l’état , qu’une enquête judiciaire ait du être déclenchée « du fait de la plainte d’EDF » il requérait une « peine symbolique ». L’avocat de l’ex-EDF devenue entre temps l’ErDF affirmait se contenter pour sa part de « un euro de dommages et intérêts ». « L’enjeu de ce procès n’est pas financier mais par les temps qui courent de rappeler l’importance du dialogue social ».Les 4000 manifestants parmi lesquels les deux tiers venant en délégations des centres ErDF de toute la France et qui à l’instar de l’avocat des prévenus, réclamaient leur relaxe dans les rues de Valence, auraient pu dire pratiquement la même chose ! Sauf que le dialogue social dont se targue le patronat et les directions est souvent en panne tandis que la criminalisation de l’action syndicale, dans les paroles et , on le voit à Valence , dans les faits va bon train. C’est le cas , en ce moment à …ErDF où après cinq semaines de lutte pour l’emploi , les salaires et la qualité du service public les syndicats qui ne demandent qu’à négocier se heurtent toujours à un mur de mépris .

Philippe Jérôme