Accueil > France Telecom Marine coupable de discrimination raciale ?

France Telecom Marine coupable de discrimination raciale ?

Publie le dimanche 17 avril 2005 par Open-Publishing
1 commentaire

Le Léon Thevenin

de Jo Le Guen

Le 22 mars dernier, jour de la grève des marins contre le RIF, pavillon bis français, un représentant d’un syndicat de marins et une équipe de télévision en caméra cachée, veulent monter à bord du Léon Thevenin, navire basé à Brest, appartenant à France Telecom Marine.

De garde, pour contrôler les entrées, se trouve un marin malgache, arrivé 3 semaines plus tôt de Madagascar. C’est son premier embarquement, la première fois qu’il vient en France.

On peut imaginer que 3 personnes françaises et déterminées sauront trouver les mots pour que le marin malgache les laissent passer.

Les journalistes tournent en caméra cachée.

France Telecom Marine découvre le reportage sur les écrans de télévision.

Sanction immédiate : le commandant français du Léon Thevenin est suspendu une journée, le marin malgache 60 jours.

Il est renvoyé à Madagascar où selon France Telecom Marine il doit suivre une formation appropriée avant de pouvoir revenir sur le Léon Thevenin.

Contacté à Madagascar, le marin a déclaré ne pas suivre la formation en question et être en attente d’un autre embarquement.

Il ne veut pas être défendu car il craint trop d’être placé sur liste rouge.

Alors que le smig malgache est d’environ 40 euros mensuels, on propose aux marins malgaches embarqués sur les navires de France Telecom Marine un contrat de travail où le salaire journalier pour un marin embarqué est de 4 euros par jour, soit 120 euros mensuels.

A ce contrat est ajouté un addendum qui spécifie que le marin recevra de la caisse bord une somme mensuelle de 491 euros auxquels sont retenus d’office 18 euros (chaque mois) de cotisation au syndicat international ITF représenté en France par la CFDT.

Si on estime à environ 7 000 les navires étant sous contrat ITF dans le monde, à 20 marins l’équipage moyen par navire, cela nous donne 140 000 marins venant de pays en voie de développement pour la plupart.

Si ITF prend d’office, ponctionnés à la source par les armateurs, 18 euros par marin et par mois, cela fait 2 520 000 euros qui rentrent chaque mois dans les caisses du syndicat. Juteux les exploités.

A ce tarif là, on pourrait penser que les marins sont défendus. A première vue ni ITF ni la CFDT n’ont bougé plus qu’un cil pour le marin malgache.

A Brest nous sommes habitués à voir des commandants de navire condamnés par le tribunal pour rejets illicites d’hydrocarbures.

Ce n’est jamais un matelot ou un mécanicien qui est condamné, mais le commandant.

Qu’est-ce qui justifie de débarquer un commandant durant une journée et un matelot durant 60 jours pour la même faute ?

Le salaire du commandant a-t-il été amputé d’une journée ?

Le marin malgache ne touche plus les 473 euros payés par la caisse bord, peut-être plus les 120 euros du contrat de base puisqu’ils correspondent à un salaire journalier bord et qu’il n’est plus embarqué.

Il est passé instantanément de 593 euros à 120 ? 40 ? 0 ?

On apprécierait que France Telecom Marine s’exprime sur le sujet.

Jo Le Guen
http://www.keepitblue.net

Messages

  • Gast ! c’est marrant Jo ce revirement de bord, car je me souviens t’avoir entendu plaider pour le RIF, la "politique du moins pire".
    Le fantôme Bolkestein plane en ce moment sur Marseille (guerre de tranchée),
    Assez de complaisance avec les esclavagistes et autres poluueurs
    Enfin un bon bol d’air marin t’a fait reprendre tes esprits...

    A tribord toute
    Traité Constitution Européenne NANN !

    ar wech all


    POURQUOI LES MARINS VOTERONT NANN

    J’ai eu l’occasion de m’exprimer lorsque les marées noires de l’ERIKA, puis du PRESTIGE, se sont répandues sur nos côtes.

    J’ai dit et redit que ces marées noires sont la conséquence du "toujours moins cher". C’est-à-dire d’une volonté politique, clairement affirmée en Europe, selon laquelle le transport doit coûter le moins cher possible, pour faciliter la concurrence "non-faussée".

    J’ai connu une époque où une loi française imposait aux pétroliers d’importer 60% du brut sous pavillon français, pour raison d’indépendance nationale. En conséquence, les navires Total ou Shell étaient en bon état, car participant de la publicité dela marque. Mais bien sûr, cela "faussait" la concurrence. Cette loi a donc été abrogée, et les tankers sont passés sous pavillon de complaisance. Je peux donnerune date pour la période charnière. 8 janvier 1979. Explosion du pétrolier Bételgeuse dans le port de Bantry Bay. 51 morts. Il devait être vendu et dépavillonné. Des témoins ont indiqué qu’il était entretenu au minimum en attendant.

    J’ai connu une époque où, par mesure de justice pour les Etats du Sud, et faciliter le développement de leur flotte de commerce, le principe du 40/40/20 avait été adopté sur les lignes régulières. Ce principe de partage du marché du transport entre 40% pour le pays importateur, 40% pour le pays exportateur, 20% pour les outsiders, avait commencé à être appliqué. Mais c’était contraire à la liberté de concurrence. Terminé. Il n’y a plus de flotte des pays du sud. Plus de flotte des pays du Nord nous plus d’ailleurs. C’est-à-dire que tous les navires ou presque sont sous pavillon de complaisance, avec des pays du sud qui louent l’utilisation de leur pavillon à des armateurs-financiers du Nord. C’est mieux. C’est la concurrence non-faussée. Et tant pis pour les dégâts collatéraux.

    J’ai connu l’époque où les Etats (et pas seulement les héritiers de Colbert) considéraient nécessaire pour leur indépendance nationale d’avoir des navires pour couvrir leurs importations et exportations. En foi de quoi ils subventionnaient les armateurs d’une manière ou d’une autre, en particulier, en France, par l’aide à la construction des navires. Mais il est apparu que ces aides "faussaient" la concurrence. Elles ont donc été interdites. En conséquence de quoi les armateurs ont commencé par faire construire leurs navires là où c’est moins cher (la Corée par exemple, Etat qui, soit dit en passant, ne se gène pas pour aider ses chantiers navals), ce qui a eu comme premier résultat de faire disparaître nos chantiers navals, à l’exception des Chantiers de l’Atlantique, qui construisent des paquebots de luxe. Mais comme tous les armateurs ont fait le choix du constructeur le moins cher, cela n’a pas été suffisant pour faire face à la concurrence.

    Certains ont donc passé leurs navires sous pavillon de complaisance. D’autres Etats Européens ont détourné le principe de "concurrence non faussée" en créant des registres bis avec des règles hors du commun : Impôts sur les bénéfices supprimés au profit d’une taxe unitaire, suppression des impôts directs pour les marins (au profit des armateurs qui les paient moins cher), possibilité d’embarquer des marins offshore sous-payés, effectifs en dessous des conditions nécessaires pour assurer la sécurité en toutes conditions.

    Ces choix n’ont pas été considérés comme contraire aux traités par la Commission. La France vient de suivre cette voie en créant le RIF (registre international français), pavillon de complaisance français qui remplace le registre TAAF.

    Le principe de la "concurrence non faussée", c’est donc, dans le transport maritime, la disparition des chantiers navals, la disparition de la flotte française, et son remplacement par une flotte de navires battant pavillon français, mais hors-la-loi commune, puisque la loi applicable aux marins sera celle du pays où est établie la société de main-d’ouvre qui va fournir ces marins, et qui sera officiellement l’employeur.

    Maintenant, cela n’étonnera personne si je vous dit que les marins à qui j’ai posé la question m’ont tous dit qu’ils voteront NON. Il est vrai qu’ils ne sont plus beaucoup. Mais ils sont nombreux, ceux qui ont été obligés de mettre sac à terre, comme les anciens des chantiers, et tous ceux à qui on veut faire croire que la société de marché, c’est l’idéal et l’avenir des peuples.

    Jean-Paul Declercq
    ancien capitaine, marine marchande, syndicaliste , conseiller municipal Verts à
    Guérande