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François Rebsamen, le commissaire politique du Parti socialiste
Publie le dimanche 27 août 2006 par Open-Publishing1 commentaire
François Rebsamen, le commissaire politique du Parti socialiste
LE MONDE | 26.08.06 | 12h43 • Mis à jour le 26.08.06 | 13h25
L’histoire secrète du référendum européen au Parti socialiste retiendra que, le 15 juillet 2004, la décision d’organiser un vote des militants fut prise par trois hommes venus tranquillement à Brest faire du bateau : François Hollande, le premier secrétaire du parti, Stéphane Le Foll, son directeur de cabinet, et François Rebsamen, secrétaire national chargé des fédérations. De cette initiative, contestée par beaucoup - y compris Lionel Jospin -, naîtra l’un des épisodes les plus tourmentés de l’histoire du PS, alors au bord de la scission.
Près d’un an plus tard, le 6 juin 2005, malgré la victoire du non au référendum national, François Rebsamen organisait l’exclusion du numéro deux du parti, Laurent Fabius, et de ses partisans de la direction. Ce jour-là, dans le hall d’un grand hôtel parisien du 13e arrondissement transformé en conseil national, tandis qu’une majorité de dirigeants regardaient le bout de leurs chaussures, "Rebs" comme on l’appelle entre socialistes, s’esclaffait : "Allez, il ne m’en reste plus qu’un !" Numéro trois dans la hiérarchie du PS, il accédait enfin à la place de numéro deux.
Elu maire de Dijon en 2001, l’homme, 55 ans, reste un inconnu. Il est discret et séducteur. Peu présent sur la scène politique nationale, il n’a jamais conquis de mandat de député. Il est pourtant le meilleur atout de François Hollande. Formé par Pierre Joxe, c’est un peu le ministre de la police, le Fouché du PS. Il connaît sur le bout des doigts sa géographie socialiste, ses barons, ses cadres intermédiaires, qu’il soigne tout particulièrement, et les rebelles minoritaires qu’il combat sans états d’âme quand la direction paraît menacée. Il a ses réseaux, ses informateurs, se trompe rarement dans ses pronostics.
C’est lui encore qui, au beau milieu de la guerre des nerfs à laquelle se livrent les candidats à l’investiture pour l’élection présidentielle de 2007, ose conseiller à Jack Lang et à Dominique Strauss-Kahn de se retirer de la course, dans Le Parisien du 21 août. "Je cherchais le rassemblement des socialistes, la démarche n’avait pas de caractère vexatoire, assure-t-il de sa belle voix grave. Bon, je n’aurais peut-être pas dû les citer..."
"Rebsamen est un fidèle, un loyal, estime François Hollande. Un homme de parti. Il y a beaucoup de considération péjorative autour de cette notion, mais pour moi c’est dans le meilleur sens du terme. Il est un inconnu de la politique alors qu’il est un acteur majeur, un élément extrêmement précieux pour la vie du PS." Son passage à la Ligue communiste révolutionnaire, sur lequel il ne s’étend guère - "je n’y suis pas resté longtemps, deux ans" -, lui a en tout cas laissé le goût des appareils.
Diplômé en sciences politiques et en sciences économiques, "Rebs" est un pur produit de l’administration de province. Il a commencé sa carrière en 1978 comme chargé de mission à la région Bourgogne. Sur place, la lutte est âpre entre giscardiens et socialistes. Pierre Joxe, qui finit par emporter la région en 1979, a repéré le militant de gauche, mais il lui faudra attendre deux ans pour le faire venir auprès de lui. Cela se passe le 10 mai 1981. "Il m’a appelé dans l’après-midi, c’est comme ça que j’ai appris avant les autres le résultat de l’élection", s’amuse François Rebsamen. Il deviendra alors l’un des trois fils spirituels de Joxe, avec Didier Mathus, puis plus tard Arnaud Montebourg, tous deux élus députés.
En 1984, devenu ministre de l’intérieur, Pierre Joxe en fait son chef de cabinet Place Beauvau. Là, il développe de solides amitiés parmi les hauts fonctionnaires, comme Patrice Bergougnoux, qui devint directeur général de la police. "La police, ça vous prend", reconnaît François Rebsamen, qui se verrait bien, en cas de victoire de la gauche en 2007, s’asseoir dans le fauteuil de Nicolas Sarkozy. Fasciné par ce ministère, il a approuvé la diatribe de Jean-Pierre Chevènement sur les "sauvageons", comme il a soutenu, en 2006, la position sur la sécurité de Ségolène Royal.
Franc-maçon, sur les pas de Pierre Joxe, François Rebsamen a bien failli commettre le faux pas en 2000 lorsque le Grand Orient organisa, au moment des accords de Matignon sur la Corse, une rencontre discrète entre hiérarques socialistes et nationalistes corses, dont l’un sera arrêté plus tard. Le bras droit de François Hollande nia avoir participé à la réunion mais put difficilement convaincre qu’il n’était pas au courant.
Aujourd’hui, il affirme avoir pris ses distances avec la loge maçonnique qu’il a assidûment fréquentée. "C’est comme les réunions de section du PS, on y va une fois par mois, ironise-t-il, mais depuis mon élection à la mairie de Dijon, en 2001, j’ai jugé que c’était incompatible avec mes fonctions." Selon la formule consacrée, il s’est donc "mis en sommeil".
Ce passionné de pêche à la mouche, marié à une psychologue, ne jure plus que par sa ville, qu’il a mis près de dix ans à conquérir contre l’inamovible RPR Pierre Poujade. C’est au début des années 1990 qu’il s’éloigne de Pierre Joxe, pas suffisamment européen à son goût. Mais il reste profondément marqué par le mitterrandien. "Joxe n’est pas mon maître à penser, mais c’est mon maître en politique." Il se rapproche alors quelque temps de... Laurent Fabius. Mais l’engagement monacal que cela suppose ne lui convient pas.
C’est avec François Hollande qu’il prend pleinement ses fonctions dans l’appareil. Depuis 2002, les deux hommes ont réformé le parti en diminuant la mainmise absolue des barons dans leurs fiefs. "Rebs" a recentralisé à Paris les fichiers des adhérents et créé à cette fin le système "Rosam", tout comme il a initié, dès 2003, le profil de nouveaux adhérents qui a abouti, avec Jack Lang en maître d’oeuvre, à la création des cartes à 20 euros.
Le vote des militants, ça le connaît. Le prochain, qu’il organisera le 16 novembre pour la désignation du candidat à la présidentielle, sera sans doute le plus risqué. François Rebsamen n’a jamais caché sa préférence pour son ami François Hollande, auquel il a toujours proposé d’organiser un courant. Persuadé que l’époque n’est plus aux écuries, le premier secrétaire s’y est opposé. Alors "Rebs" dit aujourd’hui "soutenir" Ségolène Royal. "Jusqu’au dépôt des candidatures et tant que le premier secrétaire ne s’est pas exprimé."
Isabelle Mandraud Photo : Tina Merandon pour "Le Monde"
Article paru dans l’édition du 27.08.06
Messages
1. > François Rebsamen, le commissaire politique du Parti socialiste, 27 août 2006, 14:53
Sincérement,les tribulations internes et magouilles internes du PS on en a rien à cirer !eh les anti libéraux arrêtons de nous préoccuper de ce qui se passe chez les sociaux faschos,et préocupons nous de des luttes et de ce que nous allons faire !
Jean Claude des Landes