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Giorgio Napolitano, le gentleman réformeur

Publie le mercredi 10 mai 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

Giorgio Napolitano, le gentleman réformeur
Président de l’ancien Parti communiste italien, il menait le courant des rénovateurs jusqu’à la scission du parti. Loué pour ses analyses, élégant et pudique, il accède à la plus haute charge de l’Etat.

par Marc SEMO
LIBERATION.FR : mercredi 10 mai 2006 - 16:40

Toujours vêtu impeccablement et toujours courtois. Giorgio Napolitano, 80 ans, antifasciste dès l’adolescence et aujourd’hui président de la République italienne, il est volontiers surnommé « le gentleman napolitain », voire « Il principe » ou « Umbertino » pour son étonnant ressemblance physique avec le dernier roi d’Italie. Et ce juriste napolitain très BCBG a toujours préféré l’humour anglais et l’« understatement » à la bruyante faconde méditerranéenne.
Mais cela ne l’a pas empêché de jouer en comédien amateur dans des mélodrames du répertoire napolitain et d’écrire de délicieuses poésies en dialecte qu’il traduisait lui-même ensuite en italien et en anglais. Toujours, pourtant, il est resté pudique sur de telles passions au risque d’être perçu comme un peu arrogant. « Il n’y a rien de plus facile que d’obtenir des applaudissements et gagner du consensus avec des positions démagogiques, mais cela se fait aux dépens de la rigueur et de la vérité », confiait-il récemment dans une interview.
Il fut le dirigeant de l’ancien Parti Communiste Italien qui fut le plus puissant du monde occidental. La chute du mur fut fatale au PCI. Le courant majoritaire se transforma en un parti réformiste - les Démocrates de gauche (DS) - devenu depuis membre de l’Internationale Socialiste. Une minorité, Rifondazione, continue de se proclamer communiste.

Régulièrement invité dans les université américaines
Communiste dès l’âge de 17 ans « par révolte morale dans un pays dévasté par le fascisme et la guerre », Giorgio Napolitano représenta pendant des décennies l’âme réformiste - « migliorista », ceux qui veulent améliorer les choses- du PCI, aux côtés de son mentor Giorgio Amendola, lui aussi napolitain, né dans une grande famille de la bourgeoisie libérale. « Réformiste n’est plus un gros mot au sein des DS, et il n’y a pas un seul de leurs dirigeants qui ne se présente comme tel. Mais il y a toujours des problèmes pour réellement accepter ce qu’être réformiste implique aujourd’hui », répète ce communiste atypique qui, même pendant la guerre froide, était régulièrement invité dans les université américaines. Toute sa vie politique, il l’a passé dans le Parti, d’abord militant de base s’activant dans les quartiers et les usines. Puis élu pendant quarante-trois ans député de Naples. Pendant cinq ans, il a été au Parlement européen. Dans cette longue carrière, Giorgio Napolitano a occupé des postes prestigieux dont la présidence de la chambre des députés en 1992. Lors de son premier gouvernement en 1996, Romano Prodi, le leader de l’Unione (la coalition de centre-gauche vainqueur des dernières élections), l’avait nommé ministre de l’Intérieur. C’était la première fois qu’un tel poste était occupé en Italie par un membre du défunt PCI. En 1998, il créa ainsi les premiers centres d’hébergement temporaires pour les immigrés clandestins qui affluaient sur les côtes italiennes. Maintenant, il est le premier homme politique issu des communistes à accéder à la plus haute charge de l’Etat.

« Il a vu, avant nous, de quel côté nous devions aller »
Reconnu pour sa modération, sa prudence et son sens de l’Etat, Giorgio Napolitano fut l’un des principaux maîtres d’oeuvre de la transformation du PCI, après 1989. Il était accusé, parmi ses camarades, d’être un « libéral ». Les partisans de l’ouverture au monde catholique comme les gauchistes critiquaient ses tentatives de dialogue avec les socialistes de Bettino Craxi. « Je regrette encore qu’après la chute du mur, nous n’ayions pas été capables de créer un parti socialiste démocratique de type européen à même d’incarner une alternance », dit encore aujourd’hui Giorgio Napolitano, à qui même ceux qui furent ses plus venimeux adversaires au sein du Parti, donnent aujourd’hui raison. « Il a vu, avant nous, de quel côté nous devions aller et il faut lui reconnaître le mérite d’avoir indiqué en premier cette voie nécessaire », admettait il y a quelques semaines Massimo d’Alema. L’actuel président des Démocrates de gauche qui, d’ailleurs, a renoncé à se porter candidat à la présidence... au profit de Napolitano.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=380977

Messages

  •  Le Président de la République Italienne a-t-il un rôle important ? Autrement dit : est-ce l’équivalent d’un de nos Présidents de la IIIème République, ou de la Vème ?

     Heureux de voir qu’il y a des pays où les communistes savent se moderniser pour pouvoir peser dans le bon sens sur l’évolution mondiale. J’espère que la gauche française saura imiter ces camarades.

    Konrad

    • Euh...c’est quoi dans ton esprit "se moderniser" ? Comme beaucoup de personnes, au PS ou à droite, tu considères qu’un communiste devient moderne quand il n’est plus communiste : en bref, un bon communiste est un ancien communiste. Bravo !

    • Le Président de la République en Italie est le garant de la Constitution,le chef de la magistrature et il peut dissoudre les chambres.Cette charge était visée par Berlusconi,s’il avait gagné les élections.Or,on peut imaginer Berlusconi chef de la magistrature,avec toutes ses magouilles judiciaires,ou avec la prérogative de dissoudre les Chambres alors qu’il n’a meme pas reconnu la victoire de Romano Prodi.Ce nouveau Président est agé,mais d’immense prestige historique,moral,culturel.
      L’ancien Président Ciampi a été encensé médiatiquement,mais à mon avis il porte la responsabilités d’avoir approuvé totes les lois ad personam de Berlusconi,le faux en bilan,la loi Gasparri qui donne le monopole de l’information à B,,la guerre en Irak,la Cirami,la Pecorella(qui a anulé le dernier procès de B),la Cirielli(qui a sauvé Previti de la prison,puisqu’il a 7o ans) etc.
      Je crois que Napolitano redonnera le prestige à l’Italie,il defendra vraiment la Costitution ;ce que Ciampi n’a pas fait.
      Il est appelé ancien communiste:mais M.Bertinotti,Président de la Chambre est actuel communiste.Cela veut dire simpliment que les valeurs sociales seront privilégiées

    • Communiste un jour , communiste toujours , les seuls bons communistes selon certains , sont les communistes morts .

    • Un ancien communiste à la tête de l’état italien,c’est une premiére historique.Pourtant,à l’exception notable de Berlusconi et des excités de la Ligue du Nord,personne n’y a trouvé à redire.Il faut dire que la personnalité de Giorgio Napolitano a tout pour rassurer les anticommunistes de tout bord,plus nombreux qu’il n’y paraît dans la Péninsule.
      Engagé dans la resistance durant la seconde Guerre Mondiale,cet homm du sud,qui aime parler et écrire le dialecte napolitain,gravit les échelons du PCI aprés sa premiére élection en tant que député en 1953.Représantant l’aile droite du parti,il devient responsable des questions économiques pour le parti dans les années 70 et se prononce pour le libre marché.Ilest un de ceux qui ,au tournant des années 90,transforment le PCI en Démocrates de Gauche réformistes et fédéralistes.Nommé ministre de l’intérieur en 1996 ;il est le COAUTEUR D’UNE LOI D’INSPIRATION REPRESSIVE SUR L’IMMIGRATION.Ce positionnement lui vaut d’être respecté par une droite qui a pu voir en lui l’un des seuls dirigeants de l’Unione à posseder l’image d’un "homme d’état".
      Le mois que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas ma tasse de thé,et je doute que la plupart des anti-libéraux de ce forum apprécient.
      Question:faut il devenir absolument réac pour être moderne ?
      La "pommade" venant de "libé"dois-je avoir un gros doute ?
      Quand on a trahi une fois on trahi toujour dit un proverbe,est-il d’actualité ?
      Jean Claude des Landes