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Globalisation de la crise, globalisation de son issue
Publie le mercredi 15 octobre 2008 par Open-Publishing2 commentaires
Crise financière, crise globale, crise systémique, crise du néolibéralisme ou du libéralisme...une chose est certaine, c’est que chacun s’accorde à dire que nous entrés dans une phase de crise qui n’est pas un soubresaut d’avion traversant un trou d’air, mais plutôt de turbulences dans une zone cyclonique dont le pilote de l’avion ne connaît pas l’issue...
Mon propos ne cherche pas à apporter une nouvelle contribution d’expert en économie, bien que ce travail doive être mené et surtout porté dans le débat public avec les citoyens, les partis, les associations, ou encore les syndicats, car la période qui s’ouvre est celle d’un changement radical des mécanismes et logiques qui structurent actuellement le système capitalisme.
Dans cette perspective, mon propos vise simplement à poursuivre un travail de vulgarisation pour que chacun comprenne que ce qui se passe est trop sérieux pour être laissé aux économistes et aux élites.
« Le capitalisme se porte bien pourvu qu’on le sauve »
Si les thèses développées par les économistes néomarxistes, notamment sous l’impulsion de Paul BOCCARA qui avait dénoncé dès le début des années 80 le « cancer financier », se trouvent validées par le cataclysme actuel, nombre des penseurs et acteurs majeurs du système capitalisme ont analysé depuis de nombreuses années « la grande désillusion » qui explose au grand jour, tels Joseph STIGLIETZ, ancien vice président de la Banque Mondiale.
Alors que depuis plus de deux décennies, la doxia libérale fait son oeuvre à tous les échelons de la société pour réduire la dette publique, limiter les prélèvements sociaux considérés comme des poisons pour la croissance et la création de richesses et expliquer à l’unisson qu’il faudrait être fou pour engager les finances publiques dans de nouveaux prélèvements...les élites internationales, les libres penseurs de l’ordre dominant, ont d’un seul coup trouvé absolument normal que les finances publiques soient mises à contribution pour venir au secours des marchés financiers à hauteur de X 000 000 000 000 de dollars (eh oui,ça fait des milliers de milliards de dollars ; pour situer, la super cagnotte du loto, au mieux ça fait ça : X 000 000 euros)...
Etonnant retournement dans un monde où l’idée émise il y a 25 ans par James TOBIN, prix Nobel d’économie, et reprise il y a 10 ans par ATTAC, de prélever une partie infime des flux financiers spéculatifs, était dénoncée comme une idée stérile et « irréaliste »...Etonnant, sauf si on considère que « le capitalisme se porte bien pourvu qu’on le sauve ».
Il faut à ce sujet engager une formidable bataille idéologique, ancré dans le réel, ancré dans les faits, et qui se situe à deux niveaux clé :
s’il est « nécessaire » de faire de la création monétaire pour sauver le système financier, et l’ensemble de l’économie de la faillite, alors il est assurément possible de faire de la création monétaire pour construire un autre monde, basé sur la réponse aux besoins des populations et au développement humain, dont il faut rappeler qu’il ne s’agit pas de coûts sociaux, mais des plus formidables gisements de création de richesses économiques réelles ;
seconde idée, il n’y a pas d’un côté, l’argent public sur lequel nous aurions un droit de regard parce que c’est le nôtre, et de l’autre l’argent privé pour lequel nous ne pourrions avoir que des considérations morales, parce que ce n’est pas le nôtre...
D’où vient ce fameux argent privé qui nourrit les marchés spéculatifs, les revenus faramineux des « traders » et autres « head managers » (chacun d’entre eux gagne la cagnotte du loto chaque année) ? D’où vient cet argent qui fabrique des milliardaires à tour de bras...Et si précisément cet argent privé, était le même que celui qui ne rentre plus dans vos poches, ni dans celles des populations affamées en Afrique et ailleurs ?
Et si, effectivement cet argent, c’était fondamentalement le vôtre aussi, et que seul son regroupement final était « privé » ? Et si cet argent était tout simplement le vôtre parce qu’étant d’abord prélevé sur votre travail, vos comptes de dépôt et d’épargne, et votre consommation ?
Imaginez si demain votre fiche de paie comportait une colonne supplémentaire faisant apparaître le prélèvement effectué pour la rémunération des actionnaires, au même titre que les prélèvements de la sécurité sociale.
Imaginez un ticket de caisse comportant la part prélevée sur vos achats pour rémunération du haut management et des actionnaires...
Et si sur votre livret A, ou simplement sur votre compte courant, apparaissaient l’ensemble des mouvements financiers spéculatifs auxquels ont contribué vos dépôts, dans une seule journée, sans votre assentiment ?
Quel bond extraordinaire ce serait pour la « transparence » si chère aux élites du système financier...
Souvenez-vous : le capitalisme se porte bien, parce que nous le sauvons !
« Crise globale, enjeux locaux »
Lorsqu’on sait que le niveau du SMIC tourne péniblement autour des 1000 Euros, que la cagnotte du loto, celle qui fait tourner la tête, dépasse rarement les 10 millions d’euros, alors entendre parler de milliers de milliards de dollars devient forcément à la fois irréel et très lointain. Pourtant, les enjeux sont vraiment concrets et locaux.
Lorsque les pouvoirs publics injectent 3 milliards en une nuit dans la banque DEXIA, la banque qui finance l’investissement des mairies et des départements (entre autres), il faut savoir que cette somme correspond à près de trois années de dépenses du Conseil Général de Seine Saint-Denis, 15 fois le budget annuel de la ville de Saint-Denis, et 60 années de dépenses de la ville de Stains.
Disant cela, il faut savoir que l’argent public injecté dans la banque (dont le montant est ou sera largement révisé à la hausse), vise simplement à tenir celle-ci hors de la faillite...rien n’est donc dit à ce jour sur les possibilités d’emprunts futurs des collectivités, et surtout les conditions d’accès à celui-ci, quand il convient de rappeler que l’emprunt des collectivités, représente 60% des investissements en équipements publics, et sert à financer des écoles, des crèches, des routes, des transports, des logements, en soutenant directement l’emploi dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, et indirectement dans certaines industries d’équipement (mobilier, infrastructures...).
Dans la ville où je vis, que va devenir La Plaine Saint-Denis, dont les élus, les salariés, les militants, et plus généralement les habitants ont tant oeuvré pour que celle-ci trouve un nouveau visage après le chaos urbain et social issu du crime de « guerre économique » commis par les industries capitalistes : plusieurs dizaines de milliers d’emplois supprimés en trente ans !
Qui va aider les collectivités et les populations de ce territoire quand l’affaissement de l’immobilier aidant, des immeubles d’activité seront vides derrière leurs vitres sans tain, et quand l’engagement très prochain de plans énormes de restructurations dans la banque assurance, avec leurs lots de chômeurs et de fermeture de sites, n’épargnera pas les nombreux groupes présents sur le territoire, parmi lesquels se trouve l’assureur « Générali », entreprise exemplaire en terme de croissance externe et financière.
Et puis cette « financiarisation » aujourd’hui en crise, c’est la même qui a fait sortir des immeubles à tour de bras sur notre territoire, à des prix qui ont été multiplié par deux voire trois en cinq ans à Saint-Denis, avec des plans de financement ahurissants...mais sans risque puisque la fortune était assurée : « c’est le moment d’acheter, ça va encore grimper ! ».
Et maintenant que ça baisse ? Qui va éponger les dettes bien « privées » celles-là, des ménages qui à Saint-Denis comme ailleurs, vont surfer aux limites du surendettement ?
La crise issue de cette financiarisation démesurée de l’économie, c’est encore la grande distribution, qui ose encore nous parler de « la vie moins chère », à coup de baisses permanentes en rayon, pour des caddies toujours plus chers en étant toujours moins remplis !
C’est ça aussi concrètement, ce qui se casse la gueule actuellement, et qui tient en une phrase : la consommation ne sert plus à permettre aux consommateurs de s’approvisionner, mais elle sert à rémunérer l’actionnaire.
C’est ça, et rien d’autre qui fait que les prix n’ont cessé d’augmenter ces deux dernières années, quand les produits n’ont pas connu d’amélioration de leur qualité, quand les agriculteurs n’ont pas été mieux rémunérés, ou encore quand la précarité des salariés de ce secteur s’est poursuivie et même accrue.
« Précaires de tous pays et citoyens du monde, unissez-vous »
J’ai un engagement personnel dont je suis fier en ce moment, ayant participé à la création du collectif ATTAC 93 Ouest, et continuant de militer au Parti Communiste, dont chacun connaît les menaces de disparition qui pèsent sur cette organisation.
Pour autant, je considère qu’au moment où le capitalisme s’apprête à engager une nouvelle ère de réformes structurelles liées à la crise hors norme qui s’est déclenchée, il ne faudrait pas que les progressistes, se retrouvent d’une part divisés, et d’autre part coincés dans un combat de retard.
Il semble bel et bien que cette crise hors normes, se nourrisse à la fois de la financiarisation de l’économie, mais également de mutations gigantesques dont nous sommes aujourd’hui les spectateurs incrédules : multipolarisation du monde avec la montée en puissance de la Chine, de l’Inde, ou encore le retour de la Russie comme puissance internationale.
Mutations également, avec les défis de l’écologie et du développement durable, à l’image de l’industrie automobile, puissance emblématique du système capitaliste, qui montre la plus grande peine à se sortir de la crise de suraccumulation financière, mais également à ouvrir la voie des modes de transport de demain.
Idem dans l’habitat, secteur emblématique du soutien public au capitalisme, où les gigantesques opérations de promotion immobilière dopées par la croissance financière de ce secteur, n’ont pas produit autre chose que des modèles d’habitat dépassés dans leur immense majorité par rapport aux enjeux de consommation d’énergie.
Aussi, je suis convaincu qu’il convient de se battre pour des idées et des propositions justes à l’image de la (re)création d’un pôle public financier, bancaire ou du crédit, ou de la nécessité de construire de nouvelles règles financières internationales, mais que cela ne suffit pas.
Certes, la période dans laquelle nous entrons, va être chaotique. Mais elle va être, et elle est déjà marquée par des réponses d’un nouveau type des autorités publiques nationales et internationales, dans un laps de temps record. Ainsi, il n’a pas fallu beaucoup de conciles ou de G8 pour décréter l’injection massive de liquidités et de capitaux publics dans les marchés et les institutions financiers en difficulté.
Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que 6 banques centrales agissent de manière coordonnée en terme de régulation des taux d’intérêt directeurs.
Et il faudra encore moins de temps pour aller plus loin dans un interventionnisme public si le système n’allait pas mieux.
Que croyez-vous donc qu’il se produira ? Des gouvernements de droite, et socio-libéraux cherchant à sauver ce qui pourra l’être, n’auront aucun état d’âme à se coaliser à l’échelle internationale, et à reprendre les cordons de la bourse(au sens propre et figuré), avec l’assentiment de tout le gotha international de la finance et du grand capital.
Ainsi, les propositions qui paraissaient à la fois audacieuses et irréalistes, il y a encore quelques mois, seront dans ce contexte presque politiquement correct.
Le dépassement du capitalisme est à nouveau historiquement posé...20 ans après la chute du mur...Ne nous trompons pas de rassemblement.
Et il nous faut agir partout à l’échelle de la planète, du local au global, pour précisément le rendre possible, sans renoncer à nos engagements, mais sans nous enfermer dans des querelles qui ne pourraient que nous affaiblir.
Les capitalistes font cause commune. Et ils vont certainement ressortir encore plus globalisés, concentrés et unis qu’ils ne l’étaient jusqu’à présent.
Exigeons dans les faits des réformes immédiates, pour changer la donne dans la finance et le crédit, dans la gestion des entreprises, ou encore dans les pouvoirs économiques.
Exigeons dans les faits, et à tous les échelons de pouvoir élargir l’intervention et le contrôle public , social et citoyen de la gestion des entreprises.
Exigeons dans les faits que les espaces de décisions des institutions du crédit soient partagés à parité avec les élus de la République, les associations d’usagers et de consommateurs et les représentants des salariés.
Exigeons dans les faits un encadrement renforcé à l’échelle internationale de la rémunération de l’actionnariat (avec fixation d’un plafond), ainsi qu’une refonte des échelles de rémunération avec la fixation d’un écart maximal ramené à des proportions raisonnables, entre les plus bas et les plus hauts revenus.
Par delà l’énumération d’un catalogue de mesures, prenons le temps dès maintenant de nous atteler à l’écriture et à la lutte pour un nouveau système économique et social, pour un autre monde plus que jamais nécessaire.
Inventons concrètement le dépassement du salariat, la socialisation des financements et des rémunérations. Rêvons les nouvelles utopies qui ne nous enferment pas dans les carcans d’un système fondé sur la domination marchande, financière, et l’exacerbation d’une société de la consommation.
Entrons pleinement dans une ère de la mise en commun et du partage à l’échelle de la planète. Une civilisation du communisme.
St-Denis, le 13 octobre 2008
Messages
1. Globalisation de la crise, globalisation de son issue, 15 octobre 2008, 10:05
Cela fait des mois qu’a quelqu’uns on avance ces quelques propositions :
salaire minimum garanti europeen 1500 € pour 30H/semaine
revenu garanti europeen inconditionnel de 1000 € pour toutes et tous
droits sociaux garantis gratuits : santé education justice et transports collectifs
echelle mobile des salaires et des revenus
logement loyer 10% du revenu
moratoire sur tous les interets des dettes privées et publiques ;
50 Milliards d’interet de la dette publique a payer aux banques dans le budget de l’etat français pour 2009 !!!
souveraineté populaire a tous les niveaux de pouvoir y compris BCE,a commencer par la monnaie et le credit ;
controle populaire permanent partout
medias publics
etc
En Islande ,chute de 80% de la bourse hier, comme ailleurs se pose la question vitale du pouvoir des travailleurs et du passage direct au communisme,comme seul moyen de sortir de la crise par le haut, l’avantage et l’inconvenient etant qu’elle est une ile......
1000 euros par mois pour tous (revenu garanti inconditionnel pour tous les humains)
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article8372
je suis heureux qu’enfin cela fasse l’objet d’un debut de debat,
ma grande question etat qu’en virant cette somme mensuelle sur un compte bancaire on contribue a sauver les banques, alors je precise une monnaie solidaire :
1000 EUROS SOLIDAIRE NON EPARGNABLE A consommer immediatement comme monnaie fondante a durée de vie limitée.....
Vladimir 83
1. Globalisation de la crise, globalisation de son issue, 15 octobre 2008, 15:45
Pour supprimer le capitalisme,il faut supprimer l’actionnariat et donner les clés des entreprises grandes et moyennes au salariés,et encourager la mutualisation et coopération des petites entreprises de 1 à 100 salariés .Suprimer aussi la sous-traitance ,reconnaitre le fait syndical partout .
Pas de demi-mesure pour abattre le capitalisme,lui il n’en fait pas et nous le voyons très bien aujourd’hui .......
bernard SARTON,section d’Aubagne