Accueil > Grèce, PRISONS – Les grèves de la faim se poursuivent et la pression monte
Grèce, PRISONS – Les grèves de la faim se poursuivent et la pression monte
Publie le mercredi 19 novembre 2008 par Open-Publishingde Adéa Guillot
Le mouvement, extrèmement organisé, dure depuis plus de 2 semaines et pourrait déboucher sur une insurrection générale des 21 prisons grecques. Les grévistes demandent toujours, entre autres 40 points, de meilleures conditions d’emprisonnement, une réduction des délais des préventives en l’attente des procès ou encore la régulation des trafics de stupéfiants au sein des établissements. La situation en Grèce est l’une des pire en Europe. Eclairage
Avec plus de 10.983 prisonniers pour 7.543 places, les prisons grecques sont parmi les plus surpeuplées en Europe. Et si l’on ajoute à ce taux d’occupation record, une faible application des objectifs de réinsertion ou d’éducation pourtant prévus par la loi, on obtient une situation explosive.
Une pétition en 40 points avec deadline
Il y a un an, pour la première fois dans l’histoire carcérale grecque, des prisonniers des 21 établisssements grecs ont commencé à s’organiser et ont remis au gouvernement une pétition en 40 points ( dont 16 principaux : voir encadré à la fin de l’article) visant à l’amélioration des conditions d’emprisonnement ( soins médicaux notamment), à la réduction des délais d’incarcération des détenus en attente de procès – sur ce point la moyenne grecque est d’environ 18 mois soit un délai 3 fois supérieur à la moyenne européenne- ou appelant encore à la maîtrise des trafics de stupéfiants. Pas plus tard que la semaine dernière, un détenu âgé de 32 ans aurait ainsi succombé à une overdose dans le vestibule d’entrée de la prison de Grévéna. Une pétition concertée, soutenue par de nombreuses associations d’aide aux détenus et à laquelle les signataires donnaient 1 an au gouvernement pour l’évaluer et entreprendre des réformes.
Vers l’insurréction ?
Un an plus tard, devant l’absence de réaction des pouvoirs publics, les détenus sont passés à la phase 2 de leur plan en entamant le 3 novembre dernier une grève de la faim qu’observent désormais près de 5.000 d’entre eux, soit la moitié de la population carcérale totale. 19 prisonniers sont même allés jusqu’à coudre leur lèvres pour protester contre ce qu’il considèrent comme "un mépris totale de leur condition d’existence". La phase 3 du plan est déjà prévue et annoncée : l’insurrection générale et concertée dans tous les établissements. Une menace que commence à prendre au sérieux le ministre de la Justice, Sotiris Hatzigakis. Ce dernier a pris l’engagement de porter au Parlement au cours des prochains jours, un amendement, qui comprendra la première série de mesures pour améliorer les conditions de détention dans les établissements carcéraux. Le ministre a estimé que, dans un premier temps, environ 1.500 prisonniers seraient relâchés. Il a demandé aux détenus de lui faire confiance et aux forces politiques de le soutenir. Mais sans une hausse significative du buget affecté à l’univers carcéral pour augmenter le nombre de places, financer les programmes de réinsertion et rénover les prisons existentes, difficile de croire que la crise va se calmer. Un arbitrage budgétaire qui s’annonce impossible en cette période de crise financière dans laquelle le gouvernement a déjà fort à faire.
"NOUS DEMANDONS" ( extraits…) :
1. L’abolition des charges disciplinaires.La modification des articles 68, 69, 70, 71 du code pénitenciaire..
2. La réduction des relaxes sous conditions qui sont passés ds 3/5 des peines à 3/7 des peines.
3. L’ abolition des prisons juveniles et l’adoption de structures ouvertes pour prendre soin et protéger les adolescents et jeunes.
4. La réduction à 25 années d’emprisonnement consécutives et, dans le cadre de ces longues peines, la possibilité d’être libéré sous conditions après 12 années au lieu des 16 actuelles. En accord avec la législation européenne.
5. L’application immediate du régime des jours de sortie prévu par la loi et augmention du nombre de ces sorties.
6. Arréter l’usage abusif des peines preventives en attente des process et réduire le délai maximum à 12 mois.
7. Le racket para-judiciaire est connu pour son augmentation ces 8 dernières années. Racket qui, s’il est refusé, débouche sur des peines de rechanve. Nous demandons donc des peines proportionnées aux actes commis.
8.La possibilité de traitements médicaux complets et 24h/24 et respect des patients. Création et amélioration des espaces d’hygiène (douches et toilettes). Intégration immédiate de la prison psychiatrique de Korydallos au système national de santé. Avec une aîle dédiée aufemmes et aux jeunes.
9. Le droit à l’éducation et à la reinsertion par le travail au sein des prisons. Augmentation des ateliers et des projets à cet effet.
10. L’abolition des « no-go »zones afin que les institutions sociales et politiques,ou les associations d’avocats ou humanitaires aient un libre accès partout. Libre circulation de toute presse.
11. La mise en place de formes alternatives de détention telles que les prisons agricoles ou les peines commuées en services pour la communauté.
12. La création d’espaces privés pour rencontrer nos compagnons.
13.L’accès à des activités créatives pour nous tous.
14. Le droit, pour les prisonniers étrangers (la moitié de la population carcérale en Grèce) de servir leur peine dans leur pays d’origine.
15. L’amélioration des conditions de transport : plus d’arrêts, améliorations des cellules dans le misérable fourgon "Metagogon" et arrivée plus rapide à destination.