Accueil > Grèce : à Athènes, des manifestants crient : "FMI go home"

Grèce : à Athènes, des manifestants crient : "FMI go home"

Publie le samedi 24 avril 2010 par Open-Publishing

"FMI go home" : vendredi soir 23 avril dans le centre d’Athènes, une banderole brandie par des militants de gauche proclamait tout haut ce que la majorité des Grecs pensent tout bas. Y compris, peut-être, le premier ministre Georges Papandréou, dont le père, fondateur du socialisme à la grecque, a dû se retourner dans sa tombe.

Le ministre des finances, Georges Papaconstantinou, avouait encore en début de semaine son "peu d’enthousiasme" envers la participation du Fonds monétaire international (FMI) à un mécanisme d’aide qu’Athènes aurait souhaité exclusivement européen.

Seul le patronat a applaudi, voyant dans le renfort UE-FMI l’occasion d’"une cure nécessaire" pour que la Grèce "devienne un véritable pays européen".

Le chef de l’opposition de droite, Antonis Samaras a pour sa part pesté contre une mise du pays "sous dépendance", tandis que la gauche communiste dénonçait un triomphe de la "ploutocratie".

Conscient du risque politique, même s’il jouit d’une confortable majorité restée pour le moment soudée, le gouvernement préparait depuis plusieurs jours l’opinion au fait que tous devinaient accompli.

M. Papandréou l’a répété vendredi : sans recours au plan de sauvetage, "l’économie du pays et les sacrifices des Grecs" risquaient d’être réduits à néant par les pressions des marchés ; en un mot, la faillite guettait.

"NOUVELLE ODYSSÉE"

Le vice-premier ministre, Théodore Pangalos, a ensuite exclu, sur la télé Méga, que le FMI, qui "cette fois n’agira pas seul", puisse infliger au pays les recettes-chocs qui ont été appliquées à la Hongrie ou à la Lettonie. "On peut mettre des lignes jaunes quand on est en position de force, là nous sommes des demandeurs", a-t-il toutefois ajouté, alors que la question n’est finalement pas de savoir qui imposera les conditions, mais de quelle nature elles seront.

Le pays, qui, selon son premier ministre, a entamé une "nouvelle odyssée", va devoir ainsi naviguer entre la "déflation", impliquant une baisse générale des salaires prônée par le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et le "plan d’économies crédibles" exigé par la chancelière allemande, Angela Merkel.

Athènes a réaffirmé en début de semaine avoir fait sa part pour 2010, avec des mesures d’économies budgétaires censées réduire le déficit de plus de quatre points. Mais le mécanisme européen doit courir sur trois ans, et d’ici là le pays s’est engagé à des réformes structurelles douloureuses, particulièrement celles du système des retraites et du droit du travail.

Contrôlées par des directions socialistes, les deux principales centrales syndicales du pays ont mis en garde contre une nouvelle offensive contre "les droits des salariés". L’Adedy, qui représente les fonctionnaires, premières cibles de la rigueur, s’est ému d’une "attaque barbare", et tentera de faire gronder la rue mardi, lors d’un rassemblement dans le centre d’Athènes.

Suspectée de trahison par les employés du public et la gauche radicale, la Confédération du privé, GSEE, a appelé le gouvernement à conjurer "une aggravation de la récession et une explosion sociale".

http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/04/24/a-athenes-des-manifestants-crient-fmi-go-home_1342010_3214.html