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Grève victorieuse à San Marina

Publie le dimanche 17 juillet 2005 par Open-Publishing
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Grève victorieuse à San Marina

de Fanny Doumayrou

Les dix vendeurs et vendeuses du magasin de chaussures San Marina du Forum des Halles, à Paris, ont repris le travail mercredi après dix jours de grève, tête haute car ils ont obtenu satisfaction sur toute la ligne. Le conflit avait éclaté le vendredi 1er juillet. Ce jour-là, Stéphane Rétif, directeur du magasin et directeur régional de la chaîne depuis le 1er janvier, avait exigé que les vendeurs en CDI restent cantonnés dans un coin du magasin d’une surface de 3 mètres carrés (voir l’Humanité du 7 juillet). Il s’agissait ainsi, en pleine période des soldes, de les empêcher de faire un bon chiffre d’affaires et d’accéder à la prime de productivité à laquelle ils ont droit s’ils dépassent les 29 000 euros de ventes dans le mois. Sans cette prime, ils touchent le SMIC. Avec, ils atteignent les 2 000 euros. Pendant ce temps, les salariés en CDD, eux, pouvaient circuler librement dans le magasin, puisque de toute façon ils n’avaient pas droit à la prime. Une vendeuse en CDI étant sortie du périmètre pour répondre à une question d’une cliente, le directeur l’avait fortement bousculée, ce qui avait déclenché la grève des dix vendeurs en CDI.

Négociations

Suite à la parution d’un article dans l’Humanité la semaine dernière (1), assorti de témoignages accablants sur les méthodes de Stéphane Rétif, la direction a accepté d’ouvrir des négociations. « Au début, la direction voulait nous rencontrer un par un pour nous proposer un départ négocié, en affirmant que ça ne serait jamais plus comme avant dans le magasin », explique Faïza, déléguée du personnel CGT. Nous avons repoussé ces intimidations et exigé d’être reçus collectivement, et d’être repris dans le magasin. La direction a finalement accepté. » Mardi soir, un accord de fin de conflit en six points a été signé, répondant à toutes les revendications des grévistes. D’une part, ils continueront à travailler dans ce magasin, sans mutation arbitraire. Les sanctions (mises à pied) prises contre huit d’entre eux pour fait de grève sont levées. Les jours de grève seront intégralement payés. Les congés payés demandés par les salariés seront accordés et affichés. Enfin, les vendeurs en CDI pourront faire leur travail dans l’ensemble du magasin, ce qui leur donne de nouveau accès à la prime. « En réalité, seules trois ou quatre vendeuses arrivent à la toucher chaque mois, car la barre est placée très haut », explique Faïza. Selon la déléguée, San Marina a de toute façon trouvé un autre moyen de réduire les primes : « Ils embauchent des vendeurs-magasiniers qui ne passent qu’une partie du temps à la vente, et ne pourront jamais toucher la prime. »

Reprise du travail

Hier, la reprise du travail s’est déroulée sans problème. « Le directeur Stéphane Rétif était tout gentil, il a complètement changé de comportement à cause de la grève », se félicite Faïza, qui s’attend pourtant à des représailles dans un avenir proche. « Ça va se calmer pendant sept à huit mois, puis ils vont tenter quelque chose contre nous. Ils ne veulent pas de gens comme nous, qui défendent leurs droits. Pour l’instant, nous sommes le seul magasin San Marina en France à avoir un syndicat. »

(1) Voir le reportage de Christelle Chabaud dans l’Humanité du jeudi 7 juillet 2005.

http://www.humanite.presse.fr/journ...

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