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Harcèlement moral à CARREFOUR

Publie le vendredi 24 septembre 2004 par Open-Publishing

Carrefour condamné pour harcèlement moral

CARREFOUR, le géant français de la distribution, a été condamné hier par le conseil des prud’hommes d’Evry pour harcèlement moral. Six anciens cadres du magasin d’Athis-Mons avaient attaqué l’enseigne, mais seulement deux d’entre eux, qui avaient été licenciés, ont obtenu gain de cause. L’employeur devra leur verser 50 000 € de dommages et intérêts chacun.

« Le conseil des prud’hommes estime que le comportement de l’employeur à l’égard des deux salariés est constitutif de harcèlement moral », a justifié la présidente du tribunal. Hier à l’énoncé du jugement aucun des employés n’était présent.

Vexations et remarques désobligeantes Le 10 juin dernier, les six plaignants sont venus raconter leur calvaire à la barre du tribunal. Les caissières et les chefs de rayon licenciés ou en arrêt maladie depuis leurs déboires ont dénoncé le comportement du responsable de l’époque de l’hypermarché d’Athis-Mons. Après des vexations et des remarques désobligeantes, les ex-salariés ont craqué sous la pression de leurs dirigeants. En dépit de ces déclarations unanimes, les prud’hommes ont établi des distinctions dans les situations de chacune des victimes.

La justice a fait suite aux demandes de deux salariés sur six. Pourquoi un tel distinguo ? « Dans l’un des deux dossiers, la présence d’un certificat éloquent de la médecine du travail a été déterminante, reconnaît une des avocates des plaignants. Dans l’autre dossier, l’employé avait connu une évolution rapide avant d’être licencié du jour au lendemain pour faute grave. Nous avons démontré que cette décision ne reposait sur aucune motivation sérieuse. » Les quatre autres plaignants ont été déboutés. « C’est une victoire et je suis extrêmement satisfait, a tout de même claironné M e Cyril Ravassard, l’avocat des six victimes. Nous étions dans une affaire de principe. Il est très difficile d’apporter les preuves dans les dossiers de harcèlement. Carrefour voulait éviter que la pratique du harcèlement soit attachée à son nom. C’est raté. »

Du côté de la direction de Carrefour, on se défend au contraire d’avoir « institué le harcèlement comme politique de management », tout en précisant que la condamnation concerne seulement un magasin et son dirigeant. « Le jugement démontre que la ligne d’attaque sur une prétendue politique de harcèlement généralisée ne tient pas, estime le porte-parole de Carrefour. La défense voulait ériger les six cas en exemple, et la justice ne l’a pas suivie dans cette voie. Nous nous interrogeons d’ailleurs sur le fait que les prud’hommes n’aient donné raison qu’à deux personnes seulement. » Les deux parties disposent désormais d’un délai d’un mois pour faire appel de la décision.

David Charpentier
Le Parisien , vendredi 24 septembre 2004