Accueil > Hommage à François Lasquin

A Paris, le 15 février 2006 à 19 heures, Chouchou à 61 ans, le traducteur est mort - aussi : je pense à Olive de Lili Drop en Janvier - ton journal, Elli toi tous.
Rien à voir avec la musique tu te rappelles pas, peux-tu Lui dire — peut-être pas ?— trouver : barbitalcool en rien cool ce jour de banane jamais Lui n’aurait rendu les armes sans Chouchu, toi déjà loin nous aussi : il fallait partir. Le désespéré qui voulait rester l’arme à la main pour se flinguer, Chouchou l’a calmé.
François Lasquin
http://www.google.fr/search?q=Fran%...
http://www.google.fr/search?hs=31d&...
Toutes les couvertures...
http://images.google.fr/images?q=Fr...
Il sera inhumé au Père Lachaise, le jeudi 23 février, à 15 h.
Ce n’est pas un problème de scanner et de produire la lettre que m’avait écrite Jacques Derrida sauf que ça ne se fait pas, peut-être ? Il fallait une imposture dans une fable sur l’imposture mais ce n’était pas celle-ci. La lettre existe, ils l’ont vue - chez moi. L’imposture quand j’affuble Smith du prénom d’un troll pour marquer mon départ d’une liste - pas celle-ci - parce que ce n’est pas Adrian mais Adam, aussi j’ai dit Jean-Baptiste pour Jean-Jacques : Lequeu. Elle est là l’imposture pour qui ne les connaît pas. Suit que Duchamp n’a pas inventé Lequeu mais qu’ils s’est immiscé dans l’oeuvre par un bout faux plaisant de la sienne signé de l’autre et dûment répertorié à la Bibliothèque nationale - est-ce possible ? Elle était là l’imposture.
Alors Chouchou, c’était un imposteur - aussi : tu sais qu’il faut avaler un verre de vinaigre tous les matins au réveil pour péter de santé ? c’est lui, mais il n’en boit pas. Il ne boit pas d’alccol. Aucun alcool. Il envoie des cartes postales de San Franisco avec des taches d’angelots, et surtout il fume, il en mourra - de ne pas avoir rejetté la fumée tout assis à l’ouvrage, qu’il était. Travailleurs impénitents assis, gardez vous bien de fumer, en outre de la bicyclette polluée, ou nous en mourrons tous. Pour lui, la pédale comme il disait c’était d’abord le vélo pour l’exercice, intoxiquer et défi d’amant pourquoi pas, et le vélo pour se désintoxiquer un autre jour. Son paradoxe du féminin : l’une adorée le fuit, l’autre l’adore il la rejette. Pourquoi faut-il toujours passer rue Sainte-Anne lorsque nous le ramenons en voiture, le soir ? Puis rien que le travai forcené pour éponger une dette terrible et il oublie.. Travail passion traduction. Livres, films.. les sous-titres fulgurants de "Pulp fiction" avec Carasso en usine amicale, ou séparés rencontrant Ray Carver au Tchekov partagé, mais aussi Higgins, Farmer, ou Stephen King, c’est encore lui.
Do it -le gang yippie de Paris pour traduire l’ouvrage de Jerry Rubin ce fut après tout ce fut lui encore et surtout, parmi Jean-Jacques Lebel, Marisa Belle... Je comprends pas pourquoi Elizabeth Levy ne lui fait pas une homélie dans son émission sur France Culture.Tous se croisèrent dans la communauté d’Arcueil. Le tract de Huey Newton saluant les homos à sa sortie de prison, jeté sur la table de "Vive la révolution - ce que nous voulons : tout" , dont Guy Hocquenghem créant le Front homosexuel d’action révolutionnaire fit bon usage, c’était encore lui. Un sacré de la bande de Champs libre, première version. Mon initiateur d’avant gardes amériques, avec Julien Blaine, et Guy Peellaert. A Vincennes, c’était le FLAPI. Tu as besoin de cinquante casques anti-flics pour demain matin et le FLAPI te les ramène à l’aube - cherche pas où il les a trouvés. En Hongrie, c’étaient les Kende, famille juive résistante de la première heure contre les nazis, puis notables intellectuels et cinéaste communistes, vivant nombreux serrés entre les livres, à l’étage de l’ancienne maison de famille à o’buda. Contradiction inexpiable de l’insoumis. Chouchou-ou la stratégie des contradictions duales. A 19 ans, il a traduit Hölderlin du Hongrois pour l’ambassade de France à Budapest. Bin, y en avait pas d’autre pour le faire et à lire aussi l’allemand, c’était fort. Au reste, il était né en France et sa mère par mariage avait échappé aux raffles, Claire, une femme fantastique.
Elle, personne ne pourra davantage l’oublier (son père hongrois, riche importateur de cigarettes cultivé et mondain l’appelle un jour et lui dit : "Ma fille studieuse et belle, que veux-tu faire de ta vie d’adulte ? Il te faut un métier" "je veux être architecte". Une femme architecte ! Le voici qui part dans un éclat de rire inextinguible - elle me dit qu’elle en est blessée jusqu’au fond de son corps, alors qu’à cela ne tienne, elle s’engage comme danseuse nue dans le cabaret le plus chic de cette capitale festive des princes Esterházy, pour montrer à son père jusqu’où doit aller une femme sans conteste selon sa définition. Un homme s’éprend de ses avantages et intelligence. Passion. Mais les hommes, elle n’en veut plus. L’amant sans retour parvenu à entrer dans le domicile de son inaccessible bien aimée monte jusqu’à sa chambre. La porte est close. Il frappe. De l’autre côté, elle répond. Il supplie : "ouvrez-moi, où je me tue !" et ce n’est pas la Dietrich qui lance, derrière la porte, mais Claire :"Tuez-vous". Il se tue (coup de feu sur la tempe). L’amour quand on n’a pas pu faire l’architecture... Claire épousa un champion de waterpolo qui la ramena à la nage à Paris, le père de Chouchou... Egérie d’une fraction des féministes qui fondèrent le MLF, elle m’a fait un cadeau posthume, une bague qu’après sa mort François m’a remise de sa part... "Le capitalisme est fouttu !" ponctuait-elle toujours, à chaque nouvelle. En fait c’était, peu après qu’elle nous ait quitté ici-bas, le mur de Berlin qui allait s’effondrer.
Tu te souviens de ce jeu de passe passe effleuré de rideaux qui cherchait qui ? Lui cherchant le garçon ou le garçon la femme- mais alors lui ? Désarroi. Personne ne savait qu’il était homosexuel, en 1968 on n’était pas fier de ça comme activiste de choc. Anarcho-Maoïste contre Mao-Spontex. Pendant la critique radicale sur l’écriture faux prolo de La Cause du peuple, lui dans un coin, tapant à la machine, je m’approche et je lis "Chouchou est une incongruité vivante". Provocateur. Quelques mois plus tard, la libération des désirs sous l’influence des pièces à conviction qu’il a rapportées et la fougue diabolique de Guy Hocquenghem ont changé notre vision de la société. Avec un jeune architecte, aujourd’hui vieux célèbre "comme du camembert" à l’étranger et d’autres, en banlieue, attirant les loubards il se fourvoie. Procès : l’avocate commise d’office pour les loubes est tout cuir - ça ne s’invente pas, lui queue de cheveux et veston croisé en denim. Isabelle Aeberhard dans la valise en peau de Ferlinghetti, Barfly de Bukowski pour Barbet Shroeder, tout ça en douce ou en clair, aussi, on lui doit.. Elle l’entend : "Si tu vois un mec avec un certain sourire auquel tu ne résistes pas, cours vite, parce que j’irai plus vite que toi..." Une fois, elle va plus vite que lui.
Peu de militants parlaient de littérature d’art ou de poésie, c’était mal vu, Chouchou et moi on se racontait des histoires tout bas, pendant que les chefs parlaient, on chuchotait - mais bruyamment ! Chtttt...
Son dernier ouvrage de traducteur, sorti fin janvier chez Albin Michel : Le roi des juifs, Nick Tosches
Messages
1. > Hommage à François Lasquin/ rectificatif de la date de l’inhumation, 21 février 2006, 16:45
On me précise que ce n’est finalement pas jeudi mais demain mercredi 22 qu’aura lieu l’enterrement au père Lachaise, à l’heure dite de 15hs, rendez-vous pour qui le connaît, à l’entrée principale, en bas. Aujourd’hui étant l’inhumation -privée.
L.
1. France Culture "Mauvais genre" : suite de l’Hommage à François Lasquin, 27 février 2006, 17:44
Sur France Culture le 25 février la première partie de l’émission Mauvais genre lui est consacrée :
L’émission reste acccessible en ligne sur Internet à :
http://www.radiofrance.fr/chaines/f...
Il faut disposer du plugin free real player actif ou le télécharger :
http://www.real.com/freeplayer/?rpp...
2. Commentaire vis a vis François Lasquin, 28 mars 2007, 00:45
Chou Chou etait, si mon francais ne me manque pas, l’inspirateur, l’auteur et le sens d’humeur principal de cette jolie histoire d’antan — une histoire d’Abby et de Jerry ; de Caswell et la bande a Fleche ; de Dufandeou et sa maniere curieusement endolori ; du debut de la MLF francaise a la fac de Vincennes ; de meetings presque infinis a la Mutualite et du concert a l’ile de Wight ; de l’intervention au Lycee American ; de Chez Chartier et de la cuisine de Neil ; des Rolling Stones au Palais de Sports ; du passeport de Steven Stills ; de Claire Lasquin et chambre de francois, 41, rue Taitbout ; de LNS et du Groupe 76.
La derniere fois que je l’ai vu etait en 1984. On a dine ensemble avec Philippe le Blond. Comme toujours, sa maniere etait seche et sage mais accompagne d’eclats soudain d’un enthousiasme presque naif, une capacite a rire qui s’etendait bien a lui-meme et une douceur que l’age n’avait point durci.
Mes salutations a Marie Isabel, Marie Christine, Yolande, Phillipe le Blond, Phillipe G, Jean Yves, Michel Levi et le reste de la bande d’Arcueil. Je suis sans doute le dernier d’appprendre qu’on a perdu ce compagnon exceptionnel.
Dan Rosenheim
drosen7777@hotmail.com
3. Hommage à François Lasquin, 16 novembre 2010, 19:04, par laurence
bonjour,
j’ai l’impression que votre texte a évolué, je l’avais lu juste après la mort de françois, et il me semble différent aujourd’hui, j’étais, je suis une amie de François et il me manque toujours, j’ai perdu d’autres amis mais je crois que François est une des seules personnes qui me manquent ce cette manière, c’est très souvent que je me dis "tiens j’aimerais parler de cela avec lui" et je lui en veux de ne plus, pas être là.
J’aime beaucoup votre hommage, d’autant qu’il parle d’un temps que je n’ai pas connu avec lui.
Et sans vous connaitre, je ne peux que vous remercier de ces mots sur ce monsieur que je considérais comme un ami précieux.
Laurence
1. Hommage à François Lasquin, 16 novembre 2010, 19:51, par patrick
je te découvre absent en 2010... Je me rappelle du pavillon rue de Patay où Christiane rochefort m’envoya et où l’on accédait à travers champs depuis la rue du chateau des rentiers... J’avais 16 ans en 1978 et je plongeais dans le sillages de ces années de révolution qui déjà disparaissaient... Vinyles et freaks brothers, patchwork de couleurs qu’on ne retrouvera plus, mâle débordantes de fripes ramenées des puces de San Francisco
signe a toi qui a disparut et aux vivants qui l’on connu
2. Hommage à François Lasquin, 7 juillet 2014, 21:05, par Orphée
Ben non il n’a pas changé... j’en profite pour glisser ce lien
http://lettres.blogs.liberation.fr/sorin/2009/04/norman-spinrad.html
Ils ne se parlaient plus trop finalement mais restent liés à mes yeux.
3. Hommage à François Lasquin, 7 juillet 2014, 21:08, par Orphée
je répondais à Laurence.
Et remercie vivement les amis passés pour lui rendre à leur tour le don de leurs flamboyants souvenirs en hommage... Aujourd’hui tout cela fait monter aux yeux des larmes... s’il savait ce que le pays de Mai est devenu...
4. Hommage à François Lasquin, 8 octobre 2016, 14:18, par laurence
Je ne découvre que maintenant votre message, merci pour le lien vers l’article. 10 ans après il manque toujours... Amicalement