Accueil > INDIGNES, J’EN SUIS !

INDIGNES, J’EN SUIS !

Publie le lundi 27 juin 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

Le mouvement des indignés fera-t-il tache d’huile ou l’été mettra-t-il fin à sa
construction ? Ce mouvement plutôt sympathique et spontané rassemble tous ceux
et celles qui en ont marre de cette société injuste, génératrice de richesses
exorbitantes d’un côté et d’une pauvreté impitoyable de l’autre. Ce mouvement se
méfie des partis politiques et ne veut pas qu’ils s’affichent dans les rassemblements
par des signes ostentatoires. Il est évident que la méfiance à l’égard du monde
politique est grande, et que les indignés les mettent tous dans le même sac.

Le pouvoir d’un côté se méfie de ce genre de mouvement, car il ne sait pas vers
quelle forme il peut évoluer. Donc il le combat fermement en empêchant les
campements prolongés, mais pas trop violement pour qu’ils ne rallient pas la
sympathie de la population. D’un autre coté il n’est pas trop inquiet car, sans
véritable base politique, il parie que beaucoup d’indignés qui se mobilisent
spontanément disparaitront tout aussi spontanément à l’approche des vacances.

Une partie de la population désabusée a choisi la famille Le Pen sous le prétexte
de « on a tout essayé, alors pourquoi pas l’extrême droite ? ». Cette partie de la
population écoute le discours du FN qui lui permet de mettre un visage et un nom
sur ses frustrations et ses abdications : l’étranger, l’immigré ! Ce discours permet
aux actionnaires et aux plus riches de rester à l’écart de la vindicte populaire.
Lorsque le capital est en difficulté, le fascisme est son meilleur allié.

Mais l’autre partie de la population, tout aussi désabusée, ne dit pas « on a tout
essayé, alors pourquoi pas l’extrême gauche ? » Car si l’extrême droite n’inquiète
pas la classe dirigeante, l’extrême gauche affole tous les baromètres des milieux
politiques à gauche comme à droite. Ce sont des empêcheurs de tourner en rond,
nos cerveaux façonnés par 40 ans de doctrines libérales et anticommunistes
primaires se braquent. Le plus absurde est que les communistes eux-mêmes les
traitent de gauchistes ou trotskistes et leur gardent rancune pour des querelles
vieilles de 80 ans … comme dans les histoires corses ou siciliennes !

La droite et la gauche traditionnelle combattent avec la même violence l’extrême
gauche. La droite directement, la gauche plus sournoisement afin de récupérer ses
électeurs. Partage des richesses, annulation de la dette, autogestion, nationalisation
des banques et développement des services publics est un discourt de guerre vis-àvis
de la droite et du Medef. Partage des mandats et limitation de leur durée afin
que la politique ne soit pas un métier, élus révocables, transparence des alliances et
programme de rupture avec le capitalisme mettent la gauche traditionnelle face à
ses contradictions.

Si les indignés ont peur d’être récupérés et ne veulent pas politiser le
mouvement, ils prennent quand même le risque de servir de « faire valoir » aux
partis de gouvernement lors des élections : ils seront récupérés d’une manière ou
d’une autre. Ne pas vouloir politiser le mouvement est le plus sûr moyen de se faire
manipuler, le plus sûr moyen de crier et de ne pas faire entendre sa voix !

Beaucoup ne voient dans les propositions de la gauche dite « extrême » que de
l’utopie. Mais vouloir faire de la politique, parler politique sans faire de la politique
est aussi une utopie. Victor Hugo disait que « l’utopie est la réalité de demain »,
alors pourquoi pas …

sur http://2ccr.unblog.fr/

Messages

  • Pas un seul politique ? n’a manifesté son indignation en France quand a la repression systematique des rassemblements publics sur les places en France...

  • M.Hugo en serait aussi surement !

    "La conscience humaine est morte ; dans l’orgie,

    Sur elle il s’accroupit ; ce cadavre lui plaît ;

    Par moments, gai, vainqueur, la prunelle rougie,

    Il se retourne et donne à la morte un soufflet.

    La prostitution du juge est la ressource.

    Les prêtres font frémir l’honnête homme éperdu ;

    Dans le champ du potier ils déterrent la bourse ;

    Sibour revend le Dieu que Judas a vendu.

    Ils disent : - César règne, et le Dieu des armées

    L’a fait son élu. Peuple, obéis, tu le dois ! -

    Pendant qu’ils vont chantant, tenant leurs mains fermées,

    On voit le sequin d’or qui passe entre leurs doigts.

    Oh ! tant qu’on le verra trôner, ce gueux, ce prince,

    Par le pape béni, monarque malandrin,

    Dans une main le sceptre et dans l’autre la pince,

    Charlemagne taillé par Satan dans Mandrin ;

    Tant qu’il se vautrera, broyant dans ses mâchoires

    Le serment, la vertu, l’honneur religieux,

    Ivre, affreux, vomissant sa honte sur nos gloires ;

    Tant qu’on verra cela sous le soleil des cieux ;

    Quand même grandirait l’abjection publique

    À ce point d’adorer l’exécrable trompeur ;

    Quand même l’Angleterre et même l’Amérique

    Diraient à l’exilé : - Va-t’en ! nous avons peur !

    Quand même nous serions comme la feuille morte ;

    Quand, pour plaire à César, on nous renierait tous ;

    Quand le proscrit devrait s’enfuir de porte en porte,

    Aux hommes déchiré comme un haillon aux clous ;

    Quand le désert, où Dieu contre l’homme proteste,

    Bannirait les bannis, chasserait les chassés ;

    Quand même, infâme aussi, lâche comme le reste,

    Le tombeau jetterait dehors les trépassés ;

    Je ne fléchirai pas ! Sans plainte dans la bouche,

    Calme, le deuil au cœur, dédaignant le troupeau,

    Je vous embrasserai dans mon exil farouche,

    Patrie, ô mon autel ! Liberté, mon drapeau !

    Mes nobles compagnons, je garde votre culte ;

    Bannis, la République est là qui nous unit.

    J’attacherai la gloire à tout ce qu’on insulte ;

    Je jetterai l’opprobre à tout ce qu’on bénit !

    Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre,

    La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non !

    Tandis que tes valets te montreront ton Louvre,

    Moi, je te montrerai, César, ton cabanon.

    Devant les trahisons et les têtes courbées,

    Je croiserai les bras, indigné, mais serein.

    Sombre fidélité pour les choses tombées,

    Sois ma force et ma joie et mon pilier d’airain !

    Oui, tant qu’il sera là, qu’on cède ou qu’on persiste,

    Ô France ! France aimée et qu’on pleure toujours,

    Je ne reverrai pas ta terre douce et triste,

    Tombeau de mes aïeux et nid de mes amours !

    Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente,

    France ! hors le devoir, hélas ! j’oublierai tout.

    Parmi les éprouvés je planterai ma tente :

    Je resterai proscrit, voulant rester debout.

    J’accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin ni terme,

    Sans chercher à savoir et sans considérer

    Si quelqu’un a plié qu’on aurait cru plus ferme,

    Et si plusieurs s’en vont qui devraient demeurer.

    Si l’on n’est plus que mille, eh bien, j’en suis ! Si même

    Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ;

    S’il en demeure dix, je serai le dixième ;

    Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-là !"

    Victor Hugo, Ultima verba