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ITER : Signature de l’accord
Aujourd’huis, mardi 21 novembre 2006, L’Union Européenne a signé avec la Chine, La Corée du sud, les Etats-Unis, l’Inde, le Japon, et la Russie, un accord sur le projet du réacteur expérimental ITER.
ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) est une nouvelle génération de réacteur nucléaire à fusion thermonucléaire, qui selon les experts reproduit les réactions qui se produisent dans le soleil, et qui permettrait d’obtenir une énergie "propre" et "illimitée".
La somme, 10 Milliards d’euros.
La signature a eu lieu à l’Elysée, ce qui est normal puisque le choix chiraquien pour construire le réacteur expérimental s’est porté sur Cadarache (Bouches-du-Rhône , 13), en France donc, le pays le plus nucléaire du monde.
En 2008, les travaux commencent, et la mise en marche du bidule est prévue pour 2018.
Mais l’exploitation industrielle en série n’est prévue que pour dans un demi siècle environ.
Parmi les enthousiastes de cette décision , Chirac évidemment, mais aussi José Manuel Barroso (président de la Commission européenne), pour qui cette signature est un "très grand événement".
Selon lui, ITER est une réponse valable au problème de la pénurie du pétrole et du changement climatique.
Et Chirac, fidèle a lui même, fait dans l’emphase :
"C’est la main tendue aux générations futures, au nom de la solidarité et de la responsabilité"
"c’est la victoire de l’intérêt général de l’humanité"
Seuls de (très) mauvais esprits comme le mien emettront des réserves à ces réjouissantes auto-félicitations.
D’abord, qu’est-ce que c’est que cette Europe qui a signé cet accord ?
C’est les Italiens, les Espagnols, Les Portugais, les Polonais, Les belges, Les Allemands, etc., qui sont tous derrière Chirac et AREVA ?
J’aimerai l’avis d’un Ecologiste Suedois sur ce point, par exemple.
Ensuite, c’est vrai que la Chine plus l’Inde , c’est une bonne partie de l’humanité, 2,5 Milliards d’habitants sur 6 Milliards, c’est presque la moitié.
Mais ce n’est pas l’humanité entière.
Il y a comme un petit oubli (sans doute fortuit, du à une étourderie passagère des crânes d’oeufs pro-nucléaires)
Dans le monde, il y a aussi l’Afrique (vous savez, ce petit continent de 30 Millions de Km2 et 800 millions d’humains) , et puis l’Amérique elle même, 42 Millions de Km2 et 840 millions d’humains, duquel il faut retirer evidemment 9 Millions de Km2 des USA peuplés de 280 Millions de personnes dont la plupart sont des humains comme vous et moi.
C’est bizarre d’ailleurs, cet oubli, le pétrole est justement produit en Afrique et en Amérique du Sud. A mon avis c’est lié,
mais ne soyons pas maldisants sans preuves.
Mon autre gros problème, c’est l’affirmation quasi mystique que dans un litre d’eau de mer, on va tirer de l’énergie propre et sans limite.
Je ne sais pas vous, mais moi, le principe d’éternité et de puissance illimité, je m’en méfie, c’est un reflexe du genre paranoiaque.
Je suis simple, voyez-vous : je comprend le principe du moulin, j’arrive à admettre que le soleil frappant une cellule photo-electrique produise de l’énergie, mais avec un seau d’eau de mer, il faut être chercheur pour savoir comment en tirer des Watts. Or ce flou, ce doute, est selon moi normal, et ce qui ne l’est pas, c’est de faire comme pour la fission.
La fission nucléaire était également sans risque, jusqu’à Tchernobyl.
Et les conséquences d’un accident étaient certifiées locales, jusqu’à ce que le contraire soit prouvé.
Mon dernier problème, mais qui devrait être celui-ci un problème concernant même les non "anti-nucléaire", c’est que cette décision est prise donc, clairement, sans aucune consultation démocratique.
Bizarre si cela doit déboucher à terme sur une politique énergétique sur 50 ans ...
La fusion thermonucléaire, à l’instar de la globalisation économique, est présentée comme une évidence contre laquelle il serait vain de s’opposer, car le bonheur et la sauvegarde de l’humanité entière en dépendrait.
Ce n’est même pas la peine d’évoquer les éventuels mensonges et dissimulations qui se cachent derrières le concert de louanges qui accompagnent cette décision (à 10 Milliard d’Euro, c’est normal que certains soient joyeux).
Mais il est triste de constater qu’en France, en dehors du petrole et du nucléaire, il n’y a pas de salut.
Or, en regardant un peu à l’extérieur de nos petites frontieres (France = 550 Milles Km2, 60 Millions de mangeurs de camembert), des expérimentations ont lieux pour remplacer le pétrole.
En Espagne, par exemple, une tour utisant le vent produit par la différence de température entre le sol et le sommet permettra de faire tourner une turbine assez vite pour produire l’énergie necessaire à une petite ville.
Une expérimentation a faible echelle en Allemagne a été probante.
Il y a aussi bien sûr les technologies existantes (eoliennes, Cellules Electriques Solaires), qui sont autant de solutions dont on peut vraiment dire qu’elles sont propres et illimitées en temps.
Mais voilà, pas en terme de profits immédiats et de puissance énorme immédiate.
Ce qui déplait beaucoup aux financiers qui voient tout en grand tout de suite, et en milliards de dollards (d’Euro, pardon).
Mais en Attendant , pas de panique pour les pétroliers ; c’est 2500 Milliards de dollars d’investissements qui sont prévus pour l’exploitation de l’or noir.
On est bien peu de chose, avec nos P.E.L.
Messages
1. > ITER : Signature de l’accord, 21 novembre 2006, 18:03
de la cou...en barre(d’uranium bien sûr) Il existe d’ores et déjà d’autres techniques de fusion beaucoup plus interessantes,voir notamment ce qui a été expérimenté aux states chez sandia il y a deux ans,à des températures pharamineuses..à parier qu’elles ont été exploitées immédiatement par l’armée us qui a commencé à renouveler son stock de têtes nucléaires,va donc savoir pourquoi ! bien entendu,les britanniques ont aussitôt suivi.Avec le principe d’iter,il y a encore quantité de problèmes inconnus à ce jour..mais bien sûr,ça fait une belle vitrine,des emplois,et etc.
2. > ITER : Signature de l’accord, 23 novembre 2006, 09:20
A supposer qu’ITER soit LA solution, on ne le saura que dans une trentaine d’années. L’industrialisation à grande échelle ne pourra intervenir que dans cinquante ans au plus tôt.
D’ici là le prix du pétrole aura tué nos économies.
Si ITER nous permet de nous éclairer et faire tourner nos ordinateurs il ne propulsera pas nos véhicules, ni ne pourra nous fournir en matières plastiques, en engrais, ni alimenter les usines chimiques.
Travailler sur la fusion oui mais y consacrer toutes nos ressources est suicidaire. Le résultat si il est positif ne sera connu que lorsque nos sociétés auront été englouties. L’urgent aujourd’hui est de trouver des solutions techniques et organisationnelles aux questions de l’après pétrole. ces solutions on doit les mettre en oeuvre sans tarder et on doit utiliser toutes les compétences disponibles si on veut pouvoir réussir.
Espérons que d’autres seront plus lucides que nous.
Mobar
3. > ITER : Signature de l’accord, 23 novembre 2006, 15:28
Comment voulez-vous que les gens captent quoi que ce soit ? Un concept imbitable qui va sortir dans 50 ans, alors que la majorité des gens se demandent s’ils vont pouvoir payer leurs traites ou loyers jusqu’à la fin de l’année ou dans les 2-3 ans qui viennent, avec une hypothétique retraite et un hypothétique boulot pour leurs gamins ? Mais c’est de l’or en barre pour EDF et consort cette crise (que les politique gérent comme ils peuvent). Si on a 58 réacteurs aujourd’hui, c’est qu’on a pas réagit avant, même quand il y avait du boulot et du pognon ; pourquoi voudriez-vous que l’on bouge maintenant quand tout va mal ??? On a ce qu’on mérite, "les français sont des veaux" disait Charlie et il avait bien raison. On a pas fini de pleurer en avril 2007. On va se prendre des EPR dans le cul, et dans 30 ans ça va nous coûter un maximum, et seul les riches auront l’électricité en permanence. Et voilà comment on invente la bougie nucléaire : les emmerdes du retour en arrière avec les emmerdes du nucléaire vieillissant...
4. > ITER : Signature de l’accord, 26 novembre 2006, 23:42
Sauf erreur de ma part AREVA n’a rien à voir dans l’affaire. L’exploitation industrielle de la fusion thermo-nucléaire c’est pas pour demain.
10 Mds d’euros sur plusieurs décennies c’est pas grand chose par rapport aux dépenses mondiales d’armement : 1000 milliards de dollars en 2004.
anti-nucléaire : quelqu’un qui pense que le nucléaire civil est inconditionnellement mauvais.
pro-nucléaire : quelqu’un qui pense que le nucléaire civil est inconditionnellement bon.
Merci aux anti-nucléaires qui permettent aux gens du nucléaire civil d’améliorer la sûreté nucléaire.
Les pro-nucléaires sont rares.
Les armes nucléaires ne sont pas dangereuses parce qu’elles sont faites pour ne pas être utilisées.
Les réacteurs nucléaires sont dangereux car ils sont crées pour être utilisés.
5. > ITER : Signature de l’accord, 2 décembre 2006, 01:43
Trois réflexions :
Si vous aviez lu les articles du réseau "sortir du nucléaire" (http://www.sortirdunucleaire.org/) , vous sauriez que d’une part, les matériaux et réactions utilisés pour atteindre les températures nécessaires à la fusion produisent des déchets radioactifs, d’autre part que la fusion n’est pas cette énergie propre qu’on nous vante, car comme dans le soleil, elle produit des rayonnements nocifs (rayons gamma entre autres), dont nous sommes heureusement protégés par notre éloignement, mais qui traversent tout.
Par ailleurs, la part d’énergie électrique dans l’énergie totale dépensée par un pays comme la France est assez faible. Ce serait donc la panacée, mais seulement l’énergie électrique, et l’on sait le mal qu’on a à la stocker (les batteries c’est très polluant aussi).
Enfin, au vu des pannes récurrentes, et qui sont appelées à être de plus en plus nombreuses sur les réseaux, du fait de la préivatisation du secteur,et du manque d’investissement dans les lignes (dont la longeur occasionne des pertes de 50%), on peut se demander s’il est intéressant de continuer à centraliser la production d’électricité. En allemagne déjà des expériences de petites centrales ont été faites, toutes concluantes.
Martin Lucas